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ISM France - Archives 2001-2021

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France -

Elections palestiniennes : poursuite de l’illusion de l’“Etat” sur fond de poursuite du projet colonialiste sioniste

Par

Aujourd’hui, après qu’Abou Mazen ait été désigné comme chef du comité exécutif de l’OLP, sans aucune objection, puis après qu’il ait été choisi en un temps record comme candidat à la présidence de l’Autorité palestinienne, ou, comme on l’a dit, comme “président attendu”, maintenant qu’il est devenu le président élu avec une majorité qualifiée par les commentateurs de “planche de salut”, grâce à ses promesses sans lendemain, des promesses dont tout le monde savait qu’elles étaient totalement fallacieuses, dès lors que celui qui les tenait n’était autre que l’ingénieur d’Oslo en personne, nous sommes confrontés à une unique vérité : à savoir que l’OLP s’est transformée en projet d’Etat illusoire et soumis à l’occupation.

Vu de l’extérieur de la Palestine et au-delà de l’écran d’un téléviseur, le tableau semble surchargé d’un surréalisme qui rend la compréhension de la vérité d’une situation particulièrement ambiguë bien proche de la question qui tue.


Guevara Al-Budaïri, la correspondante de la chaîne Al-Jazeerah, présentait un reportage, ce jour-là, sur les élections municipales palestiniennes.

Il faut dire qu’il fait froid, ces jours-ci en Palestine ; aussi nous a-t-on montré “Abou Alâ”, Monsieur Ahmad Quraï, déposant son bulletin dans l’urne, emmitouflé dans son chaud par-dessus de bonne coupe et coiffé de sa chapka de fourrure.
Abou Alâ votait comme quelqu’un qui aurait été en train d’inaugurer une nouvelle entreprise de construction…

Puis la caméra ne tarda pas à changer de champ, nous montrant une des candidates à ces élections. Guevara al-Budaïri nous dit : “Voilà : regardez comme la démocratie palestinienne est magnifique : la femme palestinienne y joue un rôle de premier plan.”

Et la candidate de commenter : “ En effet, de même que nous avons tenu notre rôle dans la résistance à l’occupation, nous devons maintenant participer à la reconstruction ! ! ! ”

Puis on passa à Khan Younès, aux ruines et à la désolation qu’y a laissées la dernière incursion éclair israélienne, provoquant de nouveaux sans abri, de nouveaux réfugiés : sempiternelle histoire.

De nombreuses familles se retrouvent dehors, avec leurs enfants, n’ayant plus pour seul toit qu’un froid intense. Là, ces gens ne portent pas de vêtements qui puissent les protéger du froid ni de somptueuses chapkas de vison.

Le correspondant d’Al-Jazeerah n’a pas osé leur demander ce qu’ils pensaient des élections municipales, ni de quelconques élections, d’ailleurs. Il ne leur a pas demandé leur avis sur la reconstruction.
Ainsi se termina le reportage, son surréalisme exposant des contradictions effrayantes et stupéfiantes, invitant à former un jugement sur ce qui est en train de se passer : qu’est-ce qui, dans tout ça, relevait du mirage destiné à égarer le téléspectateur ?
Qu’est-ce qui ressortissait à une vérité n’osant pas s’exprimer carrément ?


Quiconque ne connaîtrait pas la situation réelle sur le terrain pourrait retirer de ces séquences qui envahissent les écrans de télévision vingt-quatre heures sur vingt-quatre, dès lors qu’il est question de la Palestine, l’impression qu’il existerait deux Etats, dont l’un serait la Palestine et l’autre, Israël.


La Palestine, qui aurait été occupée par les Israéliens en 1967, serait retournée à son peuple, grâce aux accords d’Oslo, signés en 1993… Seulement voilà : tout a commencé à clocher quand a débuté l’Intifada (d’Al-Aqçâ), et encore plus après les attentats du 11 septembre 2001.

Sont venus s’ajouter au tableau d’autres signifiants dont on comprend qu’il s’agit du terrorisme, et en particulier d’un terrorisme du fait de groupes terroristes palestiniens, en particulier musulmans fondamentalistes.

Ce que l’on comprend, dans le meilleur des cas, c’est qu’Israël exercerait tout au plus un excès de violence en répliquant à un terrorisme palestinien qu’il faut absolument stopper.


Et ce coup d’arrêt au terrorisme, ainsi qu’à la violence mutuelle (toujours dans le meilleur des cas), ne peut être porté que grâce à des négociations entre les deux parties, dont on suggère implicitement qu’il s’agit de deux Etats : mettez-vous bien cette idée dans la tête !


Ces négociations ne parviendraient jamais à une solution sans un rôle effectif de la communauté internationale et le respect des décisions du droit international, et au premier chef des Etats-Unis d’Amérique (qui occupent aujourd’hui pourtant l’Irak et l’Afghanistan !) et bla-bla-bla… les Etats-Unis devant contribuer à faciliter les négociations en vue du rétablissement de la paix au Moyen-Orient.


Quand je vois à la télévision ce qui se passe en Irak, je ne sais plus trop si ce pays fait partie du Moyen-Orient.
Ou bien se trouve-t-il dans quelque autre région du monde ?

Je pose à nouveau la question : la compréhension attendue de nous, de ce qui nous est ainsi montré, est-elle la compréhension de la réalité ou celle d’un mirage ?


Tout ce qui est dit, sur les petits écrans et sur tous les médias, est destiné au monde entier.

En effet, tous les problèmes sont devenus des problèmes mondiaux et la question palestinienne en constitue le pivot.

Nous avons affaire à un monde dont le pivot est la question de Palestine, alors même qu’il est gouverné par le pôle (américain) unique, selon sa loi capitaliste qui ignore les latitudes et les longitudes, sauf lorsqu’il est question de ses profits ou de ses éventuelles pertes.

Cette puissance unipolaire transforme tout ce qui se passe dans le monde en fait d’événements ou de répercussions, en une sorte de film cinématographique dont il distribue les rôles en fonction du seul scénario susceptible de servir ses intérêts.

Il n’y a nulle place pour un quelconque désintéressement des médias : ils doivent projeter ces séquences cinématographiques artificielles sur la vraie réalité, qui sert seulement de décor au scénario prévu, afin que son message soit reçu et que tous les symboles en soient analysés conformément à ce que lui – le capital – a décidé.


Les élections de la direction palestinienne reconnue par le pôle unique dirigé par l’Amérique et adoubée par Israël, ces élections, dis-je, ne sont qu’un acte de la pièce de théâtre qui se déroule sur les écrans ou dans les coulisses, entre les deux camps. Cette fois-ci, la pièce a pour titre : “ Qui sont les nouveaux dirigeants du peuple palestinien ? ” Question posée en gros caractères, alors même que la réponse (connue d’avance) est écrite en toutes petites lettres : “ Mais oui, bien sûr, c’est la direction reconnue et adoubée par le pôle unique… ”


Les objectifs de la pièce sont diamétralement opposés à ceux qui apporteraient une réponse à la question posée dans le titre ; la réponse directe n’est en aucun cas la réponse désirée. La réponse attendue, en effet, dépend d’un contexte préexistant, déterminé par de nombreux facteurs dont le principal est l’objectif primordial du projet impérialiste pour cette région que l’on appelle le Moyen-Orient, et en particulier en ce qui concerne la Palestine.

Cette réponse sollicitée vise également à limiter (sinon à prévenir) le déclenchement de développements dramatiques qui risqueraient d’accompagner une requalification de la cause palestinienne par ses protagonistes premiers ou par ceux qui les soutiennent, dans un sens favorable à la véritable finalité de cette cause : la libération d’un peuple victime d’un projet colonialiste visant l’ensemble de la région.



Ainsi, cette direction désignée par les élections et baptisée, bien entendu, la “ nouvelle direction ” du peuple palestinien se divise entre deux catégories de dirigeants reconnus, comme il en va pour les Etats souverains où la question de la souveraineté n’est pas posée, ni celle de l’effacement de l’identité nationale résultant de la colonisation et de l’occupation.

Aux yeux du monde entier, le peuple palestinien dispose désormais d’une direction qui a reçu l’onction de la majorité des suffrages et qui, par conséquent, reçoit les rênes du pouvoir et détient la légitimité qui la rendra apte à diriger le peuple palestinien et le projet de son Etat théoriquement existant et concrètement inexistant.

Elle est investie d’un mandat pour toutes les négociations dans lesquelles son rôle politique se limitera strictement à ce que lui dicteront les conditions israéliennes qui s’imposeront.

Une fois de plus, on a ainsi substitué au droit à l’autodétermination de nouvelles élections visant à désigner “ l’Autorité palestinienne ”.


Quant à la deuxième catégorie de dirigeants, ce sont ceux de l’opposition, qui vont spéculer sur la marge de succès – ou d’échec – du gouvernement, et parieront sur son rôle central dans la lutte contre la corruption, considérée comme la priorité des priorités dans l’obtention d’une solution globale et permanente. Sa position et son rôle politiques ne peuvent être découverts que parmi des rumeurs, allant de l’allusion à la déclaration.

Par exemple quant aux choix en matière de négociations dont il conviendrait d’améliorer les conditions, ou par rapport à la résistance, à laquelle il faudrait fixer certaines limites, comme par exemple la destruction du mur d’apartheid mais sans aller jusqu’à l’exigence d’un droit au retour pour les réfugiés palestiniens. Le discours de cette opposition s’adresse à la communauté internationale, et en particulier à la société civile occidentale donatrice.

Le discours qu’elle adresse au peuple palestinien n’a pas d’autres fondements ; le plus souvent, il est extérieur au contexte de l’affrontement direct avec l’ensemble du projet visant à écraser le peuple palestinien où qu’il se trouve.


C’est pourquoi ces élections nous ont confrontés à un nouveau concept trompeur consistant à abandonner le choix de la résistance en vue de l’autodétermination au profit du retour dans les rangs de ce qu’il est convenu d’appeler " l’opposition à la corruption du gouvernement."


C’est de cette manière que ces élections présidentielles envoient au monde entier un message selon lequel le peuple palestinien aurait choisi la direction qui bradera ses droits.

Mais ce n’est pas grave, car tel est le genre de démocratie qui est bonne pour les vaincus et les droits qui seront bradés devront représenter le prix à payer pour liquider ce combat qui a rebattu les oreilles de l’opinion publique mondiale, en particulier avec tout le bruit fait autour des négociations qu’il faudra conclure au plus vite après cette longue période de circonlocutions et de temporisation.


Le combat national palestinien s’est transformé en une comédie de boulevard qu’il est convenu d’appeler “ négociations ” et la victime – le peuple opprimé – n’a plus qu’à accepter encore plus d’oppression, afin de satisfaire à la demande des spectateurs qui commencent à s’ennuyer et qui veulent dormir sur leurs deux oreilles quelque temps, pensant que le crime n’est maintenant plus le leur, voire qu’il n’est plus le crime de quiconque, sauf bien entendu de la victime elle-même !


Dans ces élections présidentielles, peu importait que l’électeur soit présent ou non. En particulier lorsqu’on voit les choix qui lui étaient laissés.
D’ailleurs, peu importe qu’il ait même un choix : que pourrait-il choisir ?
Pouvait-il en quoi que ce soit influer sur le résultat ?
Non : le résultat était déjà là.


C’est le point qu’a atteint le peuple palestinien, c’est-à-dire le fond du tunnel bouché dont on dit pourtant qu’il déboucherait sur l’indépendance. Et le résultat est bien là aussi, puisque l’occupation l’a obtenu, en imposant comme elle l’a fait, sur le terrain, les faits accomplis et les réalités de la répression et de la terreur, mobilisant pour ce faire tous les instruments et les méthodes de domination qui se sont intensifiées depuis le début de l’acte désastreux d’Oslo comme jamais durant les actes précédents de la tragédie palestinienne.


Sous le poids de cette situation, l’électeur n’aura eu d’autre choix que celui du très court terme. Ce fut un peu comme si on l’invitait à sortir de la tente des condoléances pour assister à une noce, quelques courts instants, afin d’y assister à la présentation des félicitations et des bénédictions aux familles des jeunes époux qui convoleront, quoi qu’on fasse et quoi qu’on dise, après quoi on le ramènerait à la tente des condoléances éternelles, ces condoléances que d’aucuns prétendent susceptibles d’être entrecoupées de réjouissances, ces condoléances qui sont le seul horizon offert aux Palestiniens de Gaza ou de Cisjordanie (les “ Palestiniens de 67 ”)

C’est accepter le pire des choix produits par la capitulation. Mais cette situation va-t-elle s’imposer et conditionner encore pendant longtemps la période actuelle aux conditions impérialistes et sionistes ?


Bien sûr que non !

Aujourd’hui, après qu’Abou Mazen ait été désigné comme chef du comité exécutif de l’OLP, sans aucune objection, puis après qu’il ait été choisi en un temps record comme candidat à la présidence de l’Autorité palestinienne, ou, comme on l’a dit, comme “président attendu”, maintenant qu’il est devenu le président élu avec une majorité qualifiée par les commentateurs de “planche de salut”, grâce à ses promesses sans lendemain, des promesses dont tout le monde savait qu’elles étaient totalement fallacieuses, dès lors que celui qui les tenait n’était autre que l’ingénieur d’Oslo en personne, nous sommes confrontés à une unique vérité : à savoir que l’OLP s’est transformée en projet d’Etat illusoire et soumis à l’occupation.

Elle n’incarne plus le projet de libération du peuple palestinien.

Quant à l’invitation à en renouveler l’activité ou à la reconstruire sur ses ruines, afin de tenter de sortir de l’impasse du piège des négociations et de la tractation, il ne reste plus qu’à soumettre ce concept à l’épreuve du test qui lui est aujourd’hui proposé.

Dans le pire des cas, le peuple palestinien risque d’avoir besoin d’attendre au moins une génération avant de pouvoir s’extraire de cette tromperie programmée, et se débarrasser, par la même occasion, d’une génération dont la majorité des dirigeants s’est donné pour objectif de rester au pouvoir pour un temps, en contrepartie des miettes que lui offrent des projets visant à liquider le peuple palestinien. Ce dont le peuple palestinien a le plus urgent besoin aujourd’hui, c’est d’une alternative apte à diriger la résistance et la lutte, car ce peuple n’a pas d’autre choix…

Mais quand cette direction alternative et ce moment historique viendront-ils ?
Devrons-nous attendre pendant toute une génération ?

La réponse requiert effort, difficulté et grande responsabilité, mais elle requiert également que quelqu’un accroche la clochette au cou du chat afin d’instituer ce que fera la future génération.

Afin qu’elle ne trouve pas derrière elle un vide dont paieront le prix tous ceux qui restent spectateurs ou observent cette situation où la tromperie règne et dicte sa loi en l’absence d’une position qui définisse la réalité de la bataille et persiste à l’affirmer comme le combat d’un peuple doté du droit d’affronter, d’une manière directe et avec une grande pugnacité, un projet colonialiste et raciste perpétré à son encontre et à l’encontre de tous les peuples arabes, car c’est chez eux que se trouvent le pétrole et autres richesses.

En sachant qu’aucun droit n’est fait, dans ce projet, au peuple palestinien, même pas dans un Etat faible dirigé par un Abou Mazen ou par qui que ce soit, élu, ou non élu.

Leur projet, c’est de liquider l’existence du peuple palestinien, d’une manière programmée. Ils ne permettront jamais que la terre de la Palestine historique ne soit pas (peuplée par une) majorité juive et raciste.

Quant à tous les autres, ils n’auront d’autre possibilité que celle d’accepter de vivre dans les conditions édictées par le racisme.


Il n’y a donc aucune raison de persister dans ce jeu absurde.

Je lance un appel à tous, en vue de l’édification d’un choix fondé sur la compréhension du fait que le problème est un problème d’autodétermination, un problème de recouvrement des droits du peuple palestinien, de ses droits usurpés, car tel est le problème créé par le projet sioniste, fondé qu’il est sur l’oppression et le racisme.

Et le tout premier de ces droits et le droit au retour des réfugiés, lequel signifie tout simplement ceci : les réfugiés palestiniens ont le droit de rentrer chez eux.

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