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Naplouse - 7 janvier 2004
Par Gerry
Gerry qui est l'auteur du rapport ci-joint est membre de l’AUPHR et habite Portland dans l’Oregon. Il est en Palestine-Israël depuis seulement un mois et travaille avec l'ISM.
Un couvre-feu avait pris effet sur une partie de la ville, si bien que les gens du checkpoint se sont vu intimer l'ordre de repartir pour un endroit dangereux.
A un moment, parce qu'ils ne voulaient pas bouger, un soldat dans une jeep a foncé sur eux pour les faire partir vers la ville.
Les grossièretés et les humiliations qu'ils ont subies étaient épouvantables.
J'ai parlé avec les gens pendant les quatre heures où nous avons été là, ils n'arrêtaient pas de dire : "Pourquoi, pourquoi ? Les Israéliens ne veulent pas la paix. Pourquoi nous traitent-ils comme ça ?".
Chers Amis,
Gerry qui est l'auteur du rapport ci-joint est membre de l’AUPHR et habite Portland dans l’Oregon. C’est celui qui a un gros accent irlandais. Il est en Palestine-Israël depuis seulement un mois et travaille avec l'ISM. Voici son dernier témoignage.
J'ai envoyé d'autres articles sur le raid prolongé de Naplouse à nos médias. Seul, le New York Times a récemment fait un article là-dessus
Les habitants de l'Oregon n'ont pas été informés de ce raid et n'ont bénéficié d’aucun reportage sur cette région au cours des derniers 4 ou 5 jours, excepté un article sur Sharon.
C'est plus que décevant.
On ne doute pas que les médias nationaux braqueront les projecteurs sur la région dès que les Palestiniens répliqueront.
Dans ce cas, ils reprocheront aux Palestiniens d’ avoir rompu "le calme relatif" comme disent habituellement les médias.
Dough Willbanks, Beaverton, Oregon.
Témoignage de Naplouse, mercredi 7 janvier 2004
Les soldats sont de nouveau entrés dans le camp de Balata vendredi dans la nuit.
Deux jeeps et deux véhicules APC se sont arrêtés devant la maison de l'autre côté de la rue, maison destinée à la démolition.
Les ingénieurs de l'IDF étaient entrés, quelques jours plus tôt, pour le repérage des endroits où ils placeront les explosifs.
Les soldats ne sont pas restés longtemps et ont fait mouvement vers la sortie du camp. Ils terrorisent cette famille depuis des semaines.
Un peu après minuit, nous avons entendu deux grosses explosions suivies d'un bref coup de feu. Nous avons appris dimanche que la résistance avait posé une bombe en bordure de route.
Dimanche a été un jour sanglant. Le premier jeune a été tué le matin.
Pendant la procession funéraire, l'IDF a ouvert le feu sans distinction sur la foule, tuant le cousin qui portait son corps.
Un autre jeune a été tué sur le coup, un autre est mort plus tard à l'hôpital. On ne connaît pas le nombre des blessés. Les quatre victimes étaient des adolescents qui n’avaient pas vingt ans.
Il n'y a pas eu de présence militaire au camp de Balata dimanche.
L'ISM avait organisé une rencontre dans un hôtel de la vieille ville pour préparer la journée. Deux d'entre nous sont allés à l'Université pour accompagner deux filles jusqu'au checkpoint d'Hawara.
Elles avaient peur de voyager seules et de devoir traverser le checkpoint. Heureusement, nous n'avons pas eu besoin d'intervenir et elles ont pu traverser. Leur père nous a téléphoné un peu plus tard pour nous faire savoir qu'elles étaient bien arrivées.
Il y a eu une autre procession funéraire plus tard ce jour-là. Il n'y a pas eu de trouble de l'IDF. Ils étaient présents dans la ville mais n'ont pas renforcé le couvre feu trop durement. Les boutiques étaient fermées, mais dehors il y avait des gens qui conduisaient ou qui marchaient.
Nous avons fait le tour de la ville pour accompagner une intervention médicale, quand nous avons remarqué deux soldats à pied, se cachant dans une ruelle, expérimentant une sorte de méthode d'embuscade.
C'est tout à fait inhabituel de voir des soldats à pied, ils sont généralement dans leurs jeeps blindées (excepté dans un secteur de la vieille ville qu’ils ont isolés, et où nous avons livré nourriture et médicaments, il y a quelques jours).
C'était une situation très dangereuse en raison de la présence d’un grand nombre de jeunes.. Nous sommes restés et les avons informés de la situation, un plus grand nombre de toubibs et de membres de l'ISM se sont montrés. Les soldats sont retournés à leur jeep 7 ou 8 minutes plus tard sans incident ;.
Comme je l'ai déjà dit, les volontaires médicaux et les internationaux bénéficient d'une immunité importante depuis le couvre-feu et nous pouvons faire un tour sans être trop embêtés.
Le lundi a été calme pour moi, je suis resté au camp de Balata avec d’autres membres de l'ISM pour maintenir une présence pendant que les autres sont allés en ville pour voir ce qu'ils pouvaient faire.
L'armée a quitté la ville au cours de la nuit et hier, la ville explosait de vie.
Des milliers de gens sont retournés dans les boutiques, les échoppes et les boutiques réouvertes, les souks étaient animés, les femmes et les enfants étaient dehors et les camions de livraisons et les taxis travaillaient, etc.
C'était la première fois que je voyais Naplouse vivre à peu près normalement. Quand vous constatez cet énorme contraste, ce qui vous frappe, c'est la dimension que prend l'étranglement de ce peuple par les Israéliens.
Et pourquoi, pourquoi cette incursion continue-t-elle depuis le 15 décembre ?
La résistance armée ne s'est pratiquement pas manifestée durant ce temps (exception faite de la bombe posée en bordure de route) et il y a eu, cependant, 18 tués et 264 blessés en deux semaines, 40 à 50% de ces blessures entraînant des handicaps permanents.
Beaucoup de gens, y compris nous, sont venus constater les dommages causés par l'IDF.
Un bâtiment qui abritait neuf familles a été détruit ainsi qu'une école, dans la zone d'Arion (la vieille ville), trois autres maisons ont été incendiées. Nous avons rencontré une vieille femme qui vivait là. Sa résolution reste intacte, mais ce doit être dur pour elle.
Trois d'entre nous, deux Américaines et moi, sommes allés observer le check point de Hawara à 13 h.
Nous sommes intervenus pendant deux heures et nous nous sommes organisés pour que des gens puissent traverser alors qu'ils étaient retenus depuis une heure ou plus, juste pour les humilier et rien d'autre.
Les soldats se conduisent plus humainement quand il y a une présence, et ils étaient conscients que nous étions là.
Une heure plus tard, un groupe de juifs israéliens, des femmes militantes des droits de l'homme sont aussi venues observer le checkpoint. Elles sont restées une heure et demi. Elles ont été aussi efficaces. Elles ont réussi à le faire ouvrir deux fois dans la journée, une le matin et une dans l'après-midi, mais elles ne peuvent pas être là à tous les checkpoints.
Il y a eu un sérieux changement vers 15 h et un nouveau groupe de soldats a décidé que les hommes en-dessous de 35 ans ne pourraient pas quitter Naplouse.
Vers 4h, ils ont déclaré qu'il y avait menace sécuritaire,ont fait asseoir tout le monde par terre pendant presque trois quarts d'heure.
Ce n'était qu'une farce, à mon avis.
Un groupe des forces spéciales est arrivé et a commencé a devenir très injurieux.
Ils ont fermé totalement le checkpoint jusqu'à 17 h, et ont crié aux gens de retourner à Naplouse.
A ce moment là l'IDF était à nouveau rentrée dans la ville, ainsi, un répit de 15 heures se terminait.
Un couvre-feu avait pris effet dans une partie de la ville, si bien que les gens du checkpoint se sont vu intimer l'ordre de repartir pour un endroit dangereux.
A un moment, parce qu'ils ne voulaient pas partir, un soldat dans une jeep a foncé sur eux pour les faire partir vers la ville.
Les grossièretés et les humiliations qu'ils ont subies étaient épouvantables.
J'ai parlé avec les gens pendant les quatre heures où nous avons été là, ils n'arrêtaient pas de dire : "Pourquoi, pourquoi ? Les Israéliens ne veulent pas la paix. Pourquoi nous traitent-ils comme ça ?".
La vie est réellement pénible pour eux. Un vieil homme qui vit à seulement 2 kms du checkpoint était là depuis 4 heures. Juste avant de partir, nous avons vu un couple qu'on a séparé, la femme et les deux enfants ont été renvoyés à Naplouse et l'homme a été arrêté.
Les soldats de la force spéciale menaçaient de nous arrêter, aussi était-il temps de partir.
Ce matin, les soldats sont retournés à l'entrée du camp de Balata et ont tiré des gaz lacrymogènes. Pourquoi ? Je ne sais pas.
Ils sont revenus, de nouveau, durant la dernière demi-heure, mais n'ont pas pénétré aussi loin. Ils n'avaient que deux véhicules.
Trois d'entre nous ont assisté aux funérailles en ville ce matin sous une pluie battante. Des centaines de gens était sortis pour enterrer un jeune qui a été tué hier.
Et pourquoi ? Parce qu'il lançait des pierres contre une jeep.
Nous avons suivi la procession jusqu'au cimetière.
Nous sommes allées à l'hôpital après avoir pris connaissance des chiffres des morts et des blessés depuis le 15 décembre.
Deux médecins nous ont emmenés voir 4 jeunes blessés.
Un a été visé dans les fesses, et la balle est sortie par l'abdomen. On lui a aussi tiré dans la cuisse e le poignet. Il est en soins intensifs mais pourra se lever un peu aujourd'hui et a bu un peu d'eau.
Deux autres ont été blessés aux jambes et le quatrième a été blessé dans le dos, à l'épaule.
Les gens de Naplouse sont mis en cage par le couvre-feu depuis quinze jours, avec juste un bref intermède hier.
Et pourquoi l'IDF est-elle ici depuis si longtemps alors qu'il n'y a aucune résistance armée ?
Elle a débuté en avril 2001 et a tué 83 personnes en 22 jours.
Le calvaire continue depuis.
Gerry
Source : ISM
Traduction : CS
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