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Egypte - 31 janvier 2009
Par MG, ISM-France
Au Caire, les militants égyptiens m’emmènent rendre visite à des blessés palestiniens à l’hôpital Nasser : on y trouve des femmes, des enfants, des hommes : tous des civils.
Parmi eux, il y a Oussama Jobin Marmoud Sushnieh qui porte d’étranges blessures : de multiples fractures à la jambe gauche et d’horribles brûlures au pied. Il a été blessé lors de l’attaque du 27 décembre contre son commissariat de police à Gaza City
Photo : Etranges brûlures d'Oussama Jobin Marmoud Sushnieh
Jeudi, après 6 jours passés dans la Bande de Gaza, période maximum tolérée par les autorités égyptiennes aux journalistes, je prépare mon sac pour rentrer au Caire.
Un coup de fil et nous apprenons qu’un jeune fermier de 26 ans, Arwan Al Ibrahim, a été tué par l’armée israélienne dans le village d’Al Farahin, à l’est de Khan Younes, et que la résistance a fait exploser un engin explosif sous une jeep israélienne qui effectuait une incursion dans le secteur, tuant un soldat israélien et blessant trois autres.
Il s’agit de la 7ème violation du cessez-le-feu par les Israéliens depuis le 18 janvier.
Craignant, à juste titre, la fermeture de la frontière ou un nouveau bombardement, les Palestiniens me pressent et appellent le maire de Rafah ainsi que les responsables palestiniens et égyptiens du poste frontière pour les prévenir de mon arrivée et sécuriser mon passage.
Je prends quand même le temps de dire au revoir à tous mes amis qui m’ont accueillie et aidée pendant ces 6 jours. J’embrasse ces enfants au regard si triste. Quelques dernières photos et je me retrouve seule, au bord des larmes, dans le terminal où j’effectue les formalités de sortie.
Du côté égyptien de la frontière, une centaine de personnes et de camions d’aide humanitaire sont bloqués derrière les grilles. Oui, la frontière est bel et bien fermée.
C’est une scène que je connais bien pour avoir passé 3 jours entiers devant ces grilles à attendre que les Egyptiens outrepassent les ordres des Israéliens et ouvrent cette frontière.
En passant par Al Arish, une cinquantaine de camions d’aide humanitaire sont prêts à partir pour Gaza.
Les dons envoyés par le monde entier arrivent dans d’immenses entrepôts gérés par le bureau de logistique du Gouvernorat d’Al Arish et sont envoyés dans la Bande de Gaza par le passage d’Ouda sous contrôle des Israéliens.
Pas besoin de vous dire à quel point l’entrée de l’aide est lente et sélectionnée. Israël n’autorise que l’entrée des médicaments ou du matériel médical, des couvertures et matelas mais actuellement ce n’est pas ce dont les Palestiniens ont le plus besoin.
Ils ont besoin d’argent liquide pour acheter des légumes, de la viande, des œufs, payer le bus pour envoyer leurs enfants à l’école ou à l’université, s’acheter des chaussures, des vêtements, des lunettes, etc.
Ils ont besoin de matériel leur permettant de vivre en autonomie, sans dépendre du bon vouloir des Israéliens pour l’ouverture des frontières, l’entrée du gaz de cuisine et par-dessus tout, ils ont besoin d’avoir une vie normale : pouvoir entrer et sortir librement dans la Bande de Gaza, et ne plus être attaqués par l’armée israélienne.
Mais ils savent pertinemment qu’Israël les attaquera à nouveau car pour eux, Israël cherche à les exterminer et à pousser les survivants à partir afin de s’emparer de la terre et réaliser son objectif : la création du Grand Israël. Ils le savent mais ils sont déterminés à rester sur leur terre et récupérer la terre dont ils ont été expulsés par la création d’Israël en 1948.
Entre Al Arish et Le Caire, nous franchissons plus facilement qu’à l’aller les 6 checkpoints de l’armée égyptienne mais au checkpoint du pont du Canal de Suez, nous avons dû tous descendre du bus et ouvrir nos sacs de voyages. Les étrangers comme moi ont été tout particulièrement visés par cette fouille.
Comme disent les Egyptiens : «A Gaza, ils sont libres et c’est notre pays qui est occupé. » C’est vrai dans une certaine mesure puisque à l’intérieur de Gaza, on peut circuler librement alors que ce n’est pas du tout le cas dans le Sinai.
Au Caire, les militants égyptiens m’emmènent rendre visite à des blessés palestiniens à l’hôpital Nasser ; on y trouve des femmes, des enfants, des hommes : tous des civils.
En effet, même si l’on y trouve des policiers palestiniens, ils occupaient tous leur fonction de policiers lorsqu’ils ont été attaqués dans les bombardements du 27 décembre. Par exemple, l’un d’eux enregistrait une demande de passeport, l’autre entretenait un véhicule.
Aucun d’entre eux n’était au combat. Ils ont été bombardés lâchement alors qu’ils effectuaient leur travail de routine. C’est la raison pour laquelle nous devons les considérer comme des civils.
Ce 27 décembre, tous les commissariats de la Bande de Gaza ont été bombardés simultanément, causant la mort de 117 personnes et faisant de nombreux blessés. Et nous retrouvons ces nombreux blessés dans les différents hôpitaux du Caire.
Parmi eux, il y a Oussama Jobin Marmoud Sushnieh qui porte d’étranges blessures : de multiples fractures à la jambe gauche et d’horribles brûlures au pied. Il a été blessé lors de l’attaque du 27 décembre contre son commissariat de police à Gaza City
Il y a aussi le jeune Mohamed Zaki Jaber Totta, 16 ans, qui a dû subir une amputation de la jambe droite. Il se trouvait dans son école à Al Zaitoun lorsque les F16 israéliens l’ont bombardée. Cinq de ses amis sont morts lors de cette attaque et 15 autres ont été gravement blessés. Pour sa part, il restera handicapé à vie.
Oussama et lui sont prêts à se porter partie civile devant la Cour Internationale de Justice contre les dirigeants israéliens dans tout procès pour crimes de guerre.
Ils sont nombreux les témoins de ces crimes dans l’ensemble des hôpitaux du Caire et de Gaza.
Ils espèrent vraiment que des actions en justice contre les responsables israéliens auront aussi lieu en France car ces crimes de guerre ne peuvent rester impunis.
Pour eux, la France est un exemple de résistance à l’occupation nazie et ils attendent, de notre part, un soutien exemplaire.
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MG, ISM-France
31 janvier 2009