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ISM France - Archives 2001-2021

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Salfit -

Salle d'attente

Par

Une militante anglaise arrêtée dimanche à Kufr Thulth, la région de Salfit reste en détention ; rapport du centre de détention. Témoignage pris par téléphone portable depuis le centre de détention de Hadera, au nord d’Israël

Je suis dans la salle d’attente. Je n’ai fait qu’attendre ces deux derniers jours :
attendre d’être questionnée,
attendre d’être accusée,
attendre d’être relâchée,
et maintenant, j’attends d’être expulsée.
Mais ces quelques heures ne pourront jamais se comparer à l’interminable attente que cette nation dépossédée de Palestine endure depuis 1948.

Tous les jours que dieu fait, ils attendent : aux checkpoints, en prison, derrière les murs et les barrières, ils attendent de pouvoir moissonner leurs récoltes, d’aller à l’école, de consulter un médecin… et l’attente continue.

Comment se fait-il que la gentillesse et la compassion d’un peuple opprimé me serre la gorge et me mouille les yeux ?

Une gaufrette au chocolat m’a été douce dans la salle d’expulsion ; des femmes en pleurs des états post-soviétiques qui doivent quitter cette terre inhospitalière d’Israël.

Chaque histoire individuelle a beau être différente, j’imagine que toutes pleurent pour la même raison – les mêmes rêves brisés de financer les études de leurs enfants grâce à l’argent gagné en nettoyant les toilettes des gens riches.

Pour les femmes les plus jeunes, la pensée de revenir chez elles à une vie sans horizon ni ambition ; et je pense aux raisons pour lesquelles elles sont quand même là pour faire les boulots laissés vacants par d’anciens travailleurs sous payés, les Palestiniens.


Je me sens submergée de colère, de désespoir avec un immense, immense sentiment d’impuissance. Dans mes moments de courage, je crois, j’ai la certitude que nous pouvons combattre l’injustice et nous le devons.

Mais, ici, aujourd’hui, je n’ai pas envie d’être motivée ni encouragée. Je veux seulement m’asseoir et être triste.

Les conversations au hasard avec des Israéliens me dépriment. Mon chauffeur de taxi m’a dit la nuit dernière que quand il était enfant il allait avec son père dans les villes palestiniennes faire des courses et manger au restaurant.
Maintenant il pense que le mur doit être construit, afin que l’armée israélienne puisse contrôler le peuple palestinien.

Je lui ai expliqué que le mur annexera approximativement 50% de la Cisjordanie . Il dit que c’est le prix à payer pour la sécurité des israéliens.


Une conversation sur une comédie anglaise de la télé avec les gardes de la sécurité ici dans la salle de détention, se transforme en prétexte pour faire passer l’opinion que les Etats-Unis veulent bombarder l’Iran, parce que les gens qui y vivent sont des animaux et pas des humains.

Je crois que je vais arrêter de parler aux gens maintenant. Je vais plutôt m’intéresser aux vedettes sans relief d’un vieux spectacle américain sous titré en hébreu

XX Big Red


Déclaration d’Hanna avant le témoignage :

Bon, hier j’ai été arrêtée..

J’étais à une manifestation dans le village palestinien de Kfur Thulth avec un grand nombre de militants internationaux et israéliens qui soutenaient les villageois dans leur protestation contre le vol continu de leur terre par l’armée israélienne et l’expansion illégale des colonies.

Deux policiers en civil se sont dirigés vers moi pour me poser des questions et m’ont demandé mon passeport.

Je n’avais pas mon passeport dans mon sac – il était resté au village.

D’autres militants ont essayé de les empêcher de m’emmener dans leur jeep, mais il était clair qu’ils en avaient après moi particulièrement, aussi il était difficile de résister.

Ils ont dit que j’avais semé la « confusion » quant à mon nom et plus tard au poste de police on m’a dit que j’étais accusée :

1° - de ne pas avoir mon passeport sur moi (bien que d’autres militants soient immédiatement repartis au village et m’aient rapporté mon passeport pour que je leur donne) et

2° - pour avoir créé la confusion sur mon nom (accusation intéressante !)


J’ai été questionnée par le Shabak, le service israélien du Renseignement, qui m’a demandé à quelle organisation j’appartenais.
J’ai été de bonne volonté.
On m’a dit que je n’avais pas le droit d’être assistée par un avocat, aussi j’ai expliqué que dans ce cas j’étais inquiète de répondre à d’autres questions.

J’ai été relâchée du poste de police a 11h du soir à condition de me présenter au poste de Police d’Ariel ce matin à 10h. Ils ont gardé mon passeport.

Je ne sais pas à quoi m’attendre. Ils peuvent vouloir m’expulser, ou ils peuvent décider de me relâcher à certaines conditions. Je reste optimiste à ce stade !

Ce qui est clair c’est que l’Etat d’Israël poursuit sa politique de criminalisation des militants des droits de l‘homme opposants à l’occupation.

Des centaines de travailleurs des droits de l’homme se voient interdire d’entrer en Israël chaque année. En tant qu’occupant, Israël est obligé par la loi internationale de faciliter le passage dans les territoires qu’il occupe.

En tant que témoins internationaux des crimes de l’occupation, les travailleurs des droits de l’homme sont considérés comme des ennemis d’Israël.

Source : www.palsolidarity.org/

Traduction : CS pour ISM-France

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