Hébron - 2 avril 2007

Tel Rumeida, checkpoint 56 : des professeurs détenus au checkpoint, les colons attaquent les militants des droits de l'homme et leur volent une caméra

Par ISM

Les enseignants ont un accord avec le Bureau de Coordination de District (DCO) : ils peuvent passer la grille du côté du checkpoint au lieu de passer aux détecteurs de métal.
Les soldats en poste à ce checkpoint sont supposés avoir la liste de leurs noms et leurs numéros d'identification pour les laisser passer rapidement tous les jours.
Cependant, les soldats refusent souvent ce passage et les obligent à passer aux détecteurs de métal.

Les enseignantes refusent ceci parce qu'elles disent que des passages aussi fréquents aux détecteurs de métal sont un risque pour leur santé et également parce qu'elles sont enseignantes, elles apportent l'éducation aux Palestiniens et qu'elles ne sont pas des terroristes.

Lorsqu'il a été interrogé par deux militants des droits de l'homme (HRW) et deux membres du Programme d'accompagnement œcuménique pour la Palestine et Israël (EAPPI) sur la raison pour laquelle il empêchait les enseignantes de passer par la grille, un soldat a d'abord déclaré qu'il n'était pas "le portier des Arabes". Plus tard, il a prétendu que c'était trop dangereux pour lui parce que des tireurs pouvaient l'atteindre lorsqu'il quittait le checkpoint pour ouvrir la grille. Une militante a proposé d'ouvrir la grille elle-même et de se tenir en face du soldat pendant qu'il ouvrait la grille, mais il a refusé. Le même soldat avait été vu la veille se tenant au soleil, en dehors du checkpoint, et n'avait pas semblé alors très préoccupé par les tireurs.

Les militants de HRW et d'EAPPI ont appelé plusieurs fois par téléphone le DCO pour tenter de résoudre la situation. La réponse, comme toujours, fut qu'ils "allaient s'en occuper". Au cours du dernier appel d'un militant de HRW, l'employé du DCO riait tellement qu'il a dû passer le téléphone à un collègue qui a raccroché lorsque le militant lui a demandé son nom.

Finalement, une heure après, la grille a été ouverte aux enseignants.

Après la fin des cours, les mêmes enseignants ont été retenus pendant 45 minutes lorsqu'ils ont voulu repasser le checkpoint.
Plus tard, vers 13h30, les soldats du checkpoint ne laissaient passer les Palestiniens qu'un par un, créant une longue file d'attente. Lorsque les militants de HRW les ont interpellés à ce sujet, les soldats ont répondu qu'ils faisaient leur boulot "consciencieusement".

Vers 17h30, six enfants colons israéliens ont encerclé deux militants des droits de l'homme. Ils ont commencé à molester les deux femmes, leur donnant des coups de pied et essayant d'attraper leurs caméras vidéo. Une colon adulte était également présente, et n'a rien fait pour empêcher les enfants d'harceler les militants d'HRW.

Un des colons a alors volé la caméra vidéo d'une des militantes et ils sont partis en courant vers la colonie de Tel Rumeida. Les militantes sont allées dire à un groupe de soldats ce qui venait de se passer et ils sont partis en direction des colons.

Quatre autres militants de HRW sont arrivés. Les soldats ont commencé à leur dire que c'était une zone militaire fermée et qu'ils devaient partir. Les militants de HRW sont restés car les soldats ne pouvaient leur présenter aucun document officiel.

Après une vingtaine de minutes, la police israélienne de Kyriat Arba s'est montrée. Ils surveillaient la scène mais n'ont pas cherché à retrouver les colons qui avaient volé la caméra. Les deux militantes qui avaient été attaquées se sont alors rendues au poste de police de Kiryat Arba pour déposer une plainte. L'officier a promis qu'après ça, avec d'autres policiers, ils chercheraient les colons voleurs.

Samedi 31 mars

Vers 17h15, deux militants d'HRW étaient assis dans l'oliveraie, au-dessus de l'école Qurtuba, lorsqu'ils ont vu deux colons adultes, les deux portant un fusil à l'épaule, et un jeune colon, marcher dans la direction du Puits d'Abraham. Quelques minutes après, trois enfants palestiniens, deux garçons et une fille, tous les trois d'une famille palestinienne locale, rentraient chez eux à pied. Les militants HRW sont allés voir les enfants palestiniens qui leur ont raconté que les colons leur avaient dit qu'ils n'étaient pas autorisés à rentrer chez eux par ce chemin. Les militants ont donc accompagné les enfants jusqu'à leur maison.

Alors que les HRW se tenaient devant la maison, un groupe de soldats et quatre jeunes colons d'environ 10 – 12 ans, sont descendus de l'oliveraie vers les HRW et ont crié à l'un des militants qu'un soldat l'avait vu entrer dans une "maison juive" et qu'il n'avait pas le droit d'être là. La maison en question appartient en fait à un Palestinien qui la loue en ce moment à un Palestinien local. Le militant HRW était passé devant un peu plus tôt, sur le porche, et l'a dit au soldat. Un des soldats a alors déclaré qu'il vérifierait sur les caméras militaires et que si le militant était entré dans la maison, il serait mis en prison.

Les soldats et les jeunes colons se sont montrés agressifs envers les militants HRW et ont essayé d'empêcher l'un d'entre eux de filmer en se tenant de dos devant la caméra. Toutefois, dix minutes après, les soldats et les jeunes colons sont partis vers le Puits d'Abraham, sans bloquer plus longtemps les militants.

Source : ISM

Traduction : MR pour ISM