Gaza - 13 février 2008

Une de mes journées sous blocus

Par Mona El-Farra

J'ai fait la queue pendant 3 heures pour pouvoir mettre 2 bidons d'essence dans ma voiture. C'est tellement stressant de ne pas pouvoir conduire parce que tout le monde à Gaza dépend du pétrole qui arrive par Israël.

Je me suis précipitée à l'un des quelques postes qui avaient de l'essence aujourd'hui, et à ma grande surprise, j'ai dû attendre 3 heures avant de réussir à acheter 2 bidons, assez pour me permettre de tenir 2 jours, si j'utilise ma voiture rationnellement, ce qui veut dire prendre ma voiture jusqu'à Gaza ville, ou la garer et marcher, je suis donc à nouveau prisonnière à Gaza.

Je ne peux pas aller voir ma sœur à Khan Younis, je peux aller à la clinique du Croissant Rouge mais pas à l'hôpital.

Beaucoup de gens garent leurs voitures et marchent, ou ils prennent les voitures publiques s'ils peuvent en trouver une… facilement… la vie de tous les jours est devenue si difficile et toute cette perte de temps, sans parler des conséquences de la pénurie de fuel dans nos hôpitaux et dans les services publics en général, l'électricité est toujours le problème majeur, avec le courant par intermittence…

Etre plongée dans l'obscurité continuellement me déprime et, en plein hiver très froid, c'est une calamité.

La vie continue jour après jour, en dépit de mon pessimisme de l'âme, j'ai toujours l'optimisme de la détermination (Gramsci) et dans ce contexte, beaucoup d'activités positives continuent à Gaza pour donner plus de pouvoir à la communauté et pour soutenir les pauvres et les marginalisés, comme un signe de résistance et de refus de l'injustice, et de recherche d'une paix basée sur la justice.

Fatiguée, épuisée, à bout de forces et pensant au silence du monde, je vous envoie mon amour, à vous tous qui nous considérez comme des combattants pour la liberté et pour une cause noble, et non comme des victimes.

Mona, le 12 février 2008.

Source : From Gaza with Love

Traduction : MR pour ISM