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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Abu Mazen : ne touchez pas au droit au retour

Par

> amayreh@p-ol.com

Ces jours-ci, le Président de l'Autorité Palestinienne (AP) Mahmoud Abbas a fait deux annonces extrêmement inquiétantes au sujet de la question primordiale du Droit au Retour.

Abu Mazen : ne touchez pas au droit au retour


La semaine dernière, il a dit à la chaîne de télévision Al-Arabiya qu'il ne demanderait pas que tous les réfugiés palestiniens soient autorisés à revenir dans leurs maisons et leurs villes, d'où ils ont été déracinés lorsqu'Israël a été créé, en Palestine, il y a plus de soixante ans.

Cette semaine, le Président de l'AP a proféré des remarques encore plus provocantes lors d'un entretien avec le journal israélien, Ha'aretz, publiées ce dimanche 14 septembre.

Il a suggéré qu'Israël était justifié à refuser d'autoriser le rapatriement de tous les réfugiés.

"Nous comprenons que si nous exigions de vous que tous les cinq millions de réfugiés soient autorisés à revenir en Israël, l'Etat d'Israël serait détruit. Mais nous devons discuter de compromis et voir quel nombre vous pouvez accepter", a dit Abbas.

Il a ajouté : "Nous devons discuter avec Israël du nombre de réfugiés qui reviendront en Israël. On me critique pour ne pas demander le retour de tous les cinq millions de réfugiés, mais je dis que j'exigerai le retour d'un nombre raisonnable de réfugiés en Israël."

Il va sans dire que le ton vague des paroles d'Abbas semble refléter une certaine propension de sa part à sacrifier de fait et à banaliser le droit au retour, qui représente plus ou moins le cœur et l'âme du problème palestinien.

Eh bien, j'ai quelques conseils pour Abbas et ses conseillers : Ne touchez pas au droit au retour. Ne jouez pas avec le feu !

Il est vrai que vous avez été élu Président de l'AP en 2005. Cependant, cela ne vous donne pas le droit de compromettre le noyau de la cause palestinienne, le droit inaliénable des réfugiés palestiniens à revenir chez eux, dans les villages dont ils ont été ethniquement nettoyés et par la suite dispersés aux quatre coins du globe par des terroristes juifs organisés.

Vous-même, Monsieur le Président, pendant votre campagne électorale il y a quatre ans, avait souligné à maintes reprises que la seule solution acceptable pour les Palestiniens, au sujet de la situation désastreuse des réfugiés, devrait être basée sur la Résolution 194 des Nations Unies.

Je ne vous demande pas d'imiter Saladin ou Omar Ibnul al-Khattab. Cela est visiblement au-delà de vos compétences.

Mais les masses palestiniennes attendent que vous honoriez vos engagements et soyez fidèles à vos paroles. Ceci n'est certainement pas au-delà de vos capacités.

Permettez-moi de vous rappeler, Monsieur le Président, le paragraphe 11 de la Résolution 194, au cas où vous l'auriez oublié.

"11. Décide qu’il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent, de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé lorsque, en vertu des principes du droit international ou en équité, cette perte ou ce dommage doit être réparé par les Gouvernements ou autorités responsables."

Certains de vos amis et conseillers vous ont peut-être conseillé de "montrer de la souplesse" à ce sujet, et vous avez peut-être entretenu une certaine tendance à voir le droit des réfugiés comme quelque chose d'anachronique, étant données les rudes réalités politiques existantes.

Cependant, il est également valide d'arguer que toute résolution au conflit palestino-israélien qui exclurait l'application authentique du droit au retour serait peu sincère, fragile et de courte durée.

Je ne suis pas en train de me livrer à de la divination ou à un pronostic farfelu. Demandez aux réfugiés eux-mêmes, à Nahr al-Bared au Liban, à al-Wihdat en Jordanie, à Jabalya dans la Bande de Gaza et à al-Amaari, près de Ramallah, pas très loin de votre bureau. Demandez-leur s'ils sont prêts à céder leurs droits au retour dans leurs maisons et villages originels en échange d'un Etat palestinien, ou d'un presque-Etat, et ils vous diront ce qu'ils en pensent. N'écoutez pas les parasites qui vous entourent, dont la principale préoccupation est de faire de l'argent et d'apparaître sur les écrans TV tous les soirs.

En tant que Palestinien, je suis particulièrement troublé par vos remarques, selon lesquelles "le retour de cinq millions de Palestiniens conduirait à la destruction d'Israël".

Eh bien, Monsieur Abbas, depuis quand la survie d'Israël comme Etat exclusivement juif est-elle devenue une préoccupation palestinienne urgente ?

Comme dirigeant palestinien, votre préoccupation principale devrait être, avant tout, de protéger et de rendre effectif le droit au retour de ces Palestiniens mis à rude épreuve, et qui souffrent l'agonie d'être sans-abri depuis plus de soixante ans.

Oui, soixante ans sans foyer, dans la douleur et la dispersion, cela suffit pour ces pauvres gens qui ont hérité de la misère et de la souffrance génération après génération après génération.

Mettre fin à ce scandale on ne peut plus obscène et sinistre ne serait pas un geste de charité envers les Palestiniens, mais plutôt l'application tardive de la Résolution des Nations Unies, qui demande le rapatriement et l'indemnisation de ces réfugiés.

Le déracinement de ces victimes innocentes du sionisme diabolique, qui représentent maintenant cinq millions d'êtres humains, fut un viol et un nettoyage ethnique collectifs qui a peu de parallèles dans l'histoire. Et cela restera un viol durable aussi longtemps que les torts faits à ces victimes ne seront pas redressés et corrigés.

Evidemment, l'ensemble de l'establishment sioniste ne reconnaît même pas la véracité de ces crimes, et si jamais un professeur israélien de conscience s'insurge contre ces méfaits, il ou elle est habituellement diabolisé et menacé par une société dominée par le racisme et la haine.

C'est la raison pour laquelle le Droit au Retour, du moins pour ce qui concerne les Palestiniens, ne devrait être soumis à aucune querelle ni controverse, tout comme le droit des propriétaires légaux à récupérer leurs propriétés volées n'est pas un sujet de dispute et de propriété.

Au sujet des arguments sionistes sur la nécessité de maintenir Israël comme Etat juif, il est évident que de tels arguments constituent une insulte morale flagrante pour tout être humain qui croit en la justice et l'intégrité.

D'abord, il est bien connu que le terme "caractère juif d'Israël" n'est qu'un euphémisme pour la poursuite des politiques racistes d'Israël contre les non Juifs. L'apartheid et le racisme ne peuvent être légitimés, même si ceux qui les pratiquent sont Juifs. Le racisme juif n'est pas moins virulent que le racisme allemand.

Ensuite, il devrait être évident pour tous que la conscience mondiale n'a aucune obligation morale à maintenir le sionisme en Palestine, pas plus qu'elle ne l'a eu à maintenir l'apartheid en Afrique du Sud.

De plus, on est en droit, à ce sujet, de se poser la question suivante : le prétendu droit d'Israël à la pureté religieuse et ethnique l'emporte-t-il sur le droit des réfugiés palestiniens à revenir dans leurs maisons et dans leur pays ?

Enfin, il est clair que nier aux réfugiés palestiniens leur droit inaliénable au retour en Palestine/Israël va au-delà de la simple rectitude.

La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, adoptée par les Nations Unies en 1948, déclare dans son article 13 que :

"1. Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat.
2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays.
Je le redis, le droit au retour est le coeur et l'âme du problème palestinien. Il est en réalité plus primordial que la question d'un Etat palestinien et même de Jérusalem, en dépit de l'importance nationale et religieuse immense de cette dernière
."

En conséquence, il doit être très clair que tout accord ou compréhension entre Israël et l'AP qui ignorerait ou passerait sur ce point central du droit au retour sera considéré comme nul et non avenu par le peuple palestinien.

Ceci n'est pas seulement un message à la direction de l'OLP. C'est aussi un message à l'Etat israélien insolent, qui pourrait être tenté de penser que la faiblesse actuelle de la position palestinienne vis-à-vis d'Israël inciterait les Palestiniens à renoncer à leurs constantes nationales.



Si vous êtes, vous aussi, scandalisés par cette attitude d'Abbas concernant le Droit au Retour, alors participez à la campagne lancée par Al Awda, la Coalition pour le Droit au Retour en Palestine




Source : Exposing Israel

Traduction : MR pour ISM

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