Palestine - 16 juillet 2007

La chute d'Hawatmeh

Par Khaled Amayreh

Dans le cadre de la campagne enragée de "renforcement" de Mahmoud Abbas, chef de l'Autorité Palestinienne basée à Ramallah, Israël semble avoir décidé d'autoriser le fondateur et président du Front Démocratique pour la Libération de la Palestine (FDLP), Nayef Hawatmeh, à "visiter" la Cisjordanie.

Pour expliquer leur décision, les dirigeants israéliens, dont le Premier Ministre Ehud Olmert, disent qu'Israël autorise Hawatmeh à visiter Ramallah pour aider "le Président Abbas à isoler et à défaire le Hamas."

En d'autres termes, la décision d'autoriser le dirigeant vétéran du FDLP à venir à Ramallah n'a rien à voir avec une quelconque "magnanimité" ou "bonne volonté" israélienne, mais a tout à voir avec la réalisation active du but israélien intemporel de "diviser pour mieux régner".

De toutes façons, le seul et unique objectif d'Israël, c'est la liquidation de la cause palestinienne. Et le moyen de l'atteindre, c'est de créer et de manœuvrer une direction palestinienne collaborationniste qui transigera sur les droits palestiniens inaliénables.

Il est très triste de voir Hawatmeh terminer sa vie politique de cette manière, en joignant les rangs du chœur de Ramallah soutenu par les Israéliens et financé par les Américains.

Bien entendu, on peut toujours arguer que quarante années d'expérience politique auraient dû suffire à Hawatmeh (et à d'autres dirigeants palestiniens) pour réaliser que rien de bon ni de positif ne peut sortir de ces "compromis" israéliens. Après tout, Israël est l'occupant de notre patrie et le bourreau de notre peuple, et compter sur la bonne volonté israélienne équivaut à mettre sa confiance entre les mains de voleurs, de criminels et de menteurs.

En tant que Palestinien ordinaire, j'aimerais demander à Hawatmeh ce qui lui arrive. Est-il tellement rompu et épuisé par la lutte qu'il est maintenant prêt à rejoindre les rangs de ceux qui conspirent contre Jérusalem et le droit au retour ?

Lorsqu'Hawatmeh posera le pied à Ramallah, après un voyage humiliant par Allenbey Bridge, il ne sera reçu comme le fils prodige ni par les Israéliens ni par Abbas, maintenant l'homme de l'Amérique en Palestine.

On lui dira qu'il a le choix entre être aux ordres d'Abbas ou repartir à Damas.

Et s'il lui venait à l'idée de faire pression sur un Abbas de plus en plus lunatique pour qu'il freine la servilité de son gouvernement illégal envers les Américains et les Israéliens, on lui dira de la fermer, "parce que ce n'est pas le bon moyen d'exprimer sa gratitude envers des gens qui ont remué ciel et terre pour convaincre les Israéliens de le laisser revenir en Cisjordanie ."

Il est évident que les choix d'Hawatmeh sont très limités, puisqu'il devra choisir entre se maintenir aux côtés de son peuple et soutenir sa juste cause, ou rejoindre le chœur d'Abbas, Dahlan, Yasser Abed Rabbo et leur cohorte.

Il ne pourra pas se joindre à Abbas contre le Hamas tout en prétendant rester fidèle aux constantes et aux buts nationaux palestiniens.

Car si Hawatmeh choisit le camp d'Abbas, qui a le soutien enthousiaste des Américains et d'Israël, il trahira 40 ans de lutte et des dizaines de milliers de combattants pour la liberté qui ont sacrifié leurs vies pour la libération de la Palestine.

D'un autre côté, si Hawatmeh choisit de demeurer fidèle à Jérusalem et au droit au retour, ce qui est très douteux, il perdra toute marge de manoeuvre avec les Israéliens, qui vont le désapprouver, l'arrêter ou le déporter, ou même l'assassiner, comme ils ont assassiné le chef du FPLP Abu Ali Mustafa, qui avait lui aussi reçu la garantie et l'assurance qu'il ne serait pas pourchasser et qu'il ne lui serait fait aucun mal.

En bref, Hawatmeh ne peut pas servir deux maîtres, et on ne peut pas enjôler le peuple palestinien, en Palestine et en diaspora, pour lui faire croire qu'un véritable leader palestinien peut être adoubé en même temps par Israël et par le peuple palestinien. C'est absolument impossible. Arafat avait essayé et cela lui a coûté la vie. Et maintenant Abbas le fait, et il est vraisemblable qu'il va échouer.

Israël, comme nous le savons tous, a assassiné des centaines de chefs politiques et résistants palestiniens, dont Yasser Arafat, Ahmed Yasin, Abu Ali Mustafa, Abu Jihad, Fathi al Shekaki, Abdul Aziz al Rantisi et beaucoup beaucoup d'autres. Ces phares de la lutte palestinienne ont été assassinés parce qu'ils avaient fait le choix de se tenir aux côtés de leur peuple et qu'ils avaient refusé d'agir comme agents de l'ennemi et collaborateurs.

Il va sans dire que la morale ultime de ceci est que tout leader palestinien qui est accepté et chouchouté par Israël et dont les dirigeants israéliens disent ouvertement qu'ils le soutiennent et souhaitent le renforcer contre un autre segment de notre peuple ne peut pas être en harmonie avec les masses.

En fait, il est plus vraisemblablement en harmonie avec l'ennemi.
Le vendredi 13 juillet, Matan Vilai, le vice-ministre israélien de la défense, a été cité disant que "même s'il (Hawatmeh) a été impliqué dans la terreur par le passé, il semble actuellement être capable de faire pencher le pouvoir palestinien dans une direction sensée."

Hawatmeh peut rétorquer en disant que "ce qui est important, ce n'est pas ce que disent les Israéliens, mais ce que je fais et ce que les Palestiniens font."

Mais alors qu'une telle assurance désespérée pourrait donner la lueur d'espoir qu'Hawatmeh ne vendra pas son âme au diable, il est très clair que sa capacité à maintenir un semblant de dignité nationale en face du fascisme israélien, et en particulier en face des orphelins d'Oslo, sera très limitée.

En définitive, on ne peut réellement donner le bénéfice du doute à une personne qui se permet de faire le jeu de ces mêmes gens qui ont violé la volonté des masses palestiniennes en utilisant l'argent de l'Amérique et son soutien politique pour défaire le résultat d'élections libres et démocratiques qui ont eu lieu il y a à peine un an et demi.

Source : Palestine Info

Traduction : MR pour ISM