Israël - 22 décembre 2004

Dire la vérité au Pouvoir

Par Joe Carr

Coupable ou non, je suis préoccupé par l'idée de poursuivre un homme qui suit une politique militaire dont l’origine se trouve auprès de Sharon et des Etats-Unis.
Vers la fin, le juge a tenté de me convaincre de leur fournir des noms d'autres témoins et j'ai refusé. Il a demandé : "Vous ne voulez pas aider à trouver la vérité au sujet d'un événement dans lequel votre ami a été tué ?"
Je lui ai presque dit ce que je pensais du système de "justice" israélien.

John (ma personne de soutien du CPT) et moi étions en retard au tribunal parce que nous avons manqué l'arrêt d'autobus. J'ai demandé à environ quatre Israéliens si c’était le bon et aucun ne m’a répondu.
Finalement, quelqu'un nous a dit que nous venions juste de dépasser l'arrêt, nous sommes donc descendus et nous avons dû marcher pendant environ deux kilomètres.

Le procès du soldat accusé du meurtre de Tom Hurndall avait lieu à l'intérieur d'un établissement militaire, où tout le monde était en uniforme. Le symbole du tribunal est indiqué par son emblème: une étoile de David au milieu d'une épée, de laquelle dépassent les balances de la Justice.
"La justice peut-elle être combinée avec la religion et la violence?" ai-je pensé.

Quand j'ai pris ma place dans le siège des témoins, j'ai regardé dans les yeux trois vieux, juges militaires sceptiques, probablement des officiers qui ont tué leur part équitable des civils. La défense (des avocats professionnels civils) était assise à une table sur ma droite, et l’accusation (des soldats avec des visages de bébés sans diplômes de Droit) était assise à ma gauche. Les deux parties se faisaient face, et cela ressemblait à un tournoi controversé de lycée.

Les procureurs n'étaient pas beaucoup plus âgés que moi, ils avaient des visages jeunes et semblaient plus avoir l’air de jouer à des jeux vidéos. Le jeune procureur blond s’est assis et n’a rien dit, alors qu'une jeune femme fougueuse s'opposait avec indignation et discutait avec le juge.

La grande majorité de mon témoignage de trois heures n'a pas été énoncé par moi, mais il était traduit et argumenté en Hébreu. L’accusation s'opposait aux questions de la Défense avant qu'elles m’aient été traduites, j'ai fini par ne même pas savoir ce qu'étaient certaines des questions.

Ils m'ont principalement posé des questions sur le lieu. D’après ce que j’ai pu comprendre, il y a quelques anomalies géographiques dans les confessions que l’accusé a signées.
J'ai évité de sembler totalement positif, en particulier avec les photographies aériennes qui semblaient peu claires. L’accusation s'est assurée qu'il y avait clairement un ligne d’emplacement entre la tour et l'endroit où Tom a été abattu.

J'étais sûr de cela et j’ai réitéré le fait que le soldat avait tiré sur les enfants avant que Tom soit même entré dans la zone. Je suis sûr que je n'ai pas aidé beaucoup la Défense, mais je pense avoir fourni des faits importants (et même cruciaux) à l'histoire.

Coupable ou non, je suis préoccupé par l'idée de poursuivre un homme qui suit une politique militaire dont l’origine se trouve auprès de Sharon et des Etats-Unis.

Vers la fin, le juge a tenté de me convaincre de leur fournir des noms d'autres témoins et j'ai refusé.
Il a demandé : "Vous ne voulez pas aider à trouver la vérité au sujet d'un événement dans lequel votre ami a été tué ?"
Je lui ai presque dit ce que je pensais du système de "justice" israélien.

J'ai vu que les Israéliens faisaient beaucoup de choses mauvaises et qu’ils n’étaient jamais poursuivis, et je pense que ce soldat serait également librement sans la pression diplomatique britannique et le fait qu'il soit bédouin israélien.

"S'il était Juif, il n’aurait jamais été inculpé" a remarqué mon ami palestinien.

Le soldat poursuivi pour avoir vidé son arme sur la fillette à Rafah est un Druze; il semble qu'Israël essaye de faire remarquer que seule sa population arabe est violente.

En fin de compte, c'était une bonne expérience. Ce fut émotionnellement difficile de revivre l'événement aussi en détail et particulièrement dur de regarder les images. Mais j'ai continué à respirer et j’ai essayé de ne pas me laisser abattre par les images; Je ne devrais pas avoir à refaire ma thérapie pour traumatisme.

J'ai tenu et je ne me suis pas laissé intimider ou malmener par eux.

Face au pouvoir, j'ai dit la vérité, et je n'avais pas peur.

Source : www.palsolidarity.org/

Traduction : MG pour ISM-France