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Israël -

"Selon des sources des services de sécurité…" - Les médias israéliens

Par

in Yediot Aharonot, 24.05.2005 [Traduit de l’hébreu en anglais par Mark Marshall]

Dans les années soixante, en Israël circulaient beaucoup de plaisanteries au sujet de la "Voix de la République Arabe Unie, depuis Le Caire", une radio qui diffusait des informations écrites par les porte-parole du régime égyptien dans un hébreu laborieux. L’absurdité de ces émissions ne faisait qu’accroître, à nos oreilles, la crédibilité des porte-parole de l’armée israélienne.
Aujourd’hui, nous ne sommes pas, nous-mêmes, très loin de la "Voix de la République Arabe Unie". Seule différence : l’hébreu est impeccable…

Ainsi, le 9 mai dernier, nous avons entendu que l’armée israélienne avait tiré « accidentellement » un missile sur le territoire libanais. Le Hizbullah répliqua d’une seule roquette Katusha, pointée avec précision sur la zone industrielle de la ville de Shlomi, au nord d’Israël, déserte en cette veille de Jour de l’Indépendance.

A la fin de la même semaine, le 13, l’armée israélienne a annoncé qu’elle avait été contrainte à tirer sur des bergers libanais. Le Hizbullah prétendit que les tirs visaient des maisons dans le village de Shuba, après quoi il répliqua, sans faire de victimes.

L’armée israélienne répliqua à son tour avec tanks et aviation, et annonça avoir détruit quatre positions, avec des victimes du côté Hizbullah. Des "sources sécuritaires" expliquèrent que le Hizbullah cherchait à provoquer une confrontation avec Israël, et se fendit même d’une analyse : le Hizbullah aurait cherché à consolider sa position à l’approche des élections régionales, au Liban.

On nous a assuré qu’Israël faisait le maximum afin d’éviter d’être entraîné dans une escalade. Les quotidiens publièrent cette info et cette analyse, qui furent recyclées à l’unisson par les éditorialistes.



Ce n’est que plus tard (une semaine après) qu’émergea, dans la tribune de Fishman, dans le supplément du samedi du Yediot Ahronot, qu’en réalité, "on avait décidé, en Israël… de tester jusqu’où le Hizbullah était prêt à pousser l’escalade, cette fois-ci.."

C’est pour cette raison, d’ailleurs, que deux des positions détruites se trouvaient à l’extérieur du secteur de Har Dov, à l’intérieur duquel les conventions signées après le retrait israélien du Liban permettent aux deux camps d’opérer.

Mais "le Hizbullah n’a pas mordu à l’hameçon, et il s’est contenté de tirer douze obus, qui ont atterri à l’extérieur des postes de l’armée israélienne, sans causer de dégâts" [1]. L’armée israélienne n’a pas laissé tomber. A la fin de la semaine, elle s’est retrouvée dans "l’obligation" de tirer sur des bergers anonymes, et d’opérer à l’intérieur du Liban.

Une fois encore, les médias n’ont fait état que de la seule version israélienne. Aucun analyste ne s’est posé la question de savoir si ce n’était pas plutôt Israël qui essayait de réchauffer le front nord, et peut-être même de faire barrage au Hizbullah, dans les élections libanaises…



Mercredi dernier (18 mai), plusieurs attaques au mortier se sont produites sur le Gush Katif. Les "sources sécuritaires", suivies par les médias, ont expliqué qu’il s’agissait d’une tentative du Hamas d’améliorer sa position dans les élections palestiniennes prochaines, mais que l’armée israélienne, de son côté, s’efforçait de maintenir le calme.

Il sembla naturel, à tous les analystes et à tous les commentateurs, que le Hamas (palestinien), à l’instar du Hizbullah (libanais) soit convaincu que la meilleure manière pour lui de consolider sa position et de faire un carton dans les élections toutes proches consistait à créer une confrontation militaire avec Israël, et par conséquent de s’attirer la vindicte de leur propre peuple, des Etats-Unis et du reste du monde ?…

Aucun commentateur ne s’est donné la peine de mentionner l’explication que le Hamas a pourtant lui-même apportée.

Une version totalement différente (des faits) a été publiée, par exemple, par le quotidien britannique The Guardian.

Le Hamas affirme répliquer aux violations constantes par Israël des accords de Sharm al-Sheikh. Ce qui a déclenché l’irruption actuelle fut un incident qui, à leurs yeux, était l’assassinat par l’armée israélienne d’un militant du Hamas, dans la soirée de mercredi – un incident que l’armée nie et qualifie d’"accident du travail" (c’est-à-dire que l’homme se serait fait sauter, accidentellement, en préparant des explosifs) [2].

Même si les médias sont incapables de choisir entre des versions contradictoires d’un même incident, reste le fait que les accords de Sharm al-Sheikh stipulent qu’Israël doit mettre un terme à toute action militaire à l’encontre des Palestiniens. Rien de ceci n’a été mis en application.

L’armée israélienne continue à procéder à des arrestations, pire : à des assassinats, à faire des incursions dans des villages et à tuer jusqu’à des enfants.



L’échelon politique, au-dessus de l’armée, c’est-à-dire le Premier ministre, veille, en ce qui le concerne, à ce que nous ne pensions plus à autre chose qu’au Désengagement [de la bande de Gaza, ndt].

Le mardi 17 mai, les informations télévisées nous ont montré Sharon faisant une tournée d’inspection dans la région de Nitzanim, rabrouant les responsables de la préparation de l’évacuation, et les exhortant à œuvrer sans attendre de fonds, ni même une autorisation

. Ce n’est qu’à la fin de la semaine que fut annoncé subrepticement, dans une tribune de Barnea et de Schiffer publiée par le supplément hebdomadaire du Yediot Ahronot, que "les journalistes n’étaient pas conviés à suivre le Premier ministre lors de cette visite.
En lieu et place, une équipe de cameramen du bureau de presse du gouvernement avait été assignée pour couvrir cette visite. L’énervement de Sharon n’était rien d’autre qu’une mise en scène. Au sens propre du terme : du cinéma !" [3]



Comme nous le savons, le désengagement a d’ores et déjà été ajourné de juillet à la mi-août.

Quand la première date fut arrêtée, la raison était que l’évacuation devait avoir été menée à bien avant le début septembre, date à laquelle les enfants du Gush Katif devaient retourner en classe. Il est vraisemblable que d’aucuns ont déjà commencé à se demander si ce Désengagement aura véritablement lieu.

Le Premier ministre a jugé nécessaire de produire un document de propagande afin de renforcer la foi de ceux qui doutent, et il semble totalement naturel à tout un chacun que la télévision diffuse ce film de communication gouvernementale comme s’il s’agissait d’une information indépendante.



Comme c’était le cas avec la "Voix de la République Arabe Unie, depuis le Caire", le porte-parole du régime israélien écrit les nouvelles, le média les imprime et les diffuse, et les analystes en font leurs choux gras. Ceux qui insistent à savoir ce qui s’est réellement passé feront bien de lire aussi The Guardian, et de regarder la chaîne Al-Jazeera, tous les jours !



NOTES :

(1) Alex Fishman, Yediot Aharonot Saturday Supplement, May 20, 2005
(2) Agencies in Gaza, Guardian, May 19, 2005.
(3) Nahun Barnea and Shimon Schiffer, Yediot Aharonot

Source : http://www.scoop.co.nz/stories/WO0505/S00427.htm

Traduction : par Marcel Charbonnier

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