Envoyer cet article
Gaza - 19 janvier 2005
Par Ghazi Hamad
Seulement quelques heures après que Mahmoud Abbas ait prêté serment comme président de l'Autorité Palestinienne, il s'est retrouvé au milieu d'une crise.
Le gouvernement israélien a annoncé qu’il gèlerait tous les contacts avec lui, incitant le Ministre des Négociations, Saeb Erekat, à accuser Israel de vouloir faire à Abu Mazen ce qu'il avait fait au défunt Président Yasser Arafat, qui a terminé assiégé dans son quartier général et presque totalement coupé de la diplomatie.
Les événements ont fait boule de neige pour le nouveau président quand, le 14 janvier, une opération commune de trois factions armées au passage Mintar (Karni) a revendiqué les vies de six Israéliens. Israël a considéré l'attaque comme un défi au gouvernement d'Abu Mazen et l'ambassadeur israélien à Washington Daniel Ayalon a déclaré que son gouvernement n'accorderait pas de période de grâce à Abu Mazen et qu’Abbas devait immédiatement combattre le “terrorisme.”
Pour sa partie, Abu Mazen a condamné l'opération et les raids aériens israéliens qui ont suivi, en disant que ni l'un ni l'autre ne servait la Paix.
Les factions qui ont effectué l'attaque - les branches armées du Hamas et du Fateh ainsi que les brigades Nasser Salah Eddin du Comité populaire de la Résistance – ont nié que leur opération avait pour but de provoquer Abu Mazen, en disant que c'était une réponse aux crimes israéliens dans la bande de Gaza.
Selon le porte-parole du Hamas, Mushir Al Masri : "Le Hamas n'a aucune intention de placer des obstacles devant Abu Mazen. Le but des opérations militaires est de défendre les palestiniens et de répondre aux crimes de l’occupation." Al Masri a dit que le dialogue entre le Hamas et Abu Mazen continuait et que le Hamas voulait maintenir des bons rapports réguliers avec l’Autorité Palestinienne.
Abu Musaab, un activiste des Martyrs Aqsa, a indiqué que l'opération n'avait rien à voir avec la situation politique, mais que c’était une réponse aux crimes de l’occupation. Les brigades Izzedin Qassam, la branche armée du Hamas, étaient de la même opinion, en disant l'opération n'était pas dirigée contre une personne en particulier ou contre le gouvernement palestinien mais que c’était plutôt une réponse aux opérations de l’armée israélienne dans la Bande de Gaza.
Des sources bien informées au Hamas ont également indiqué à Palestine Report que le groupe n’avait l’intention de créer de tension avec Abu Mazen. La preuve, disent-ils, est qu’ils ont cessé de tirer des roquettes Qassam le jour précédent et le jour des élections présidentielles, le 9 janvier. Ces sources ont également indiqué que le Hamas et le Fateh avaient accepté, en début de semaine, de calmer toute rhétorique incendiaire dans les médias.
Néanmoins, beaucoup d'observateurs et d’analystes dans la bande de Gaza estiment que même si ce n'était pas l’opération du 14 janvier n’avait pas pour intention d’embarrasser Abu Mazen, cela l’a mis dans une position embarassante et l’a rendu vulnérable à la pression israélienne. Un certain nombre de critiques ont été formulées dans les journaux non seulement parce que les groupes armés n’ont pas pris en considération le changement de circonstances dans la région et la pression politique pour donner du temps à Abu Mazen, mais également en raison du choix de la cible.
Le passage de Mintar est le seul passage pour les besoins en nourriture, en médicaments et en aide aux Gazéens, mais il n'est pas le seul passage à avoir été visé. Mi-décembre, la cible était le passage de Rafah, le seul passage par lequel la population de la bande de Gaza à accès au monde extérieur. Le passage de Beit Hanoun (Erez) entre la bande de Gaza et Israël a également la cible d’attaques à plusieurs reprises. Invariablement, Israël ferme les passages à la suite d’une opération avec les conséquences négatives inévitables sur les vies et les moyens d’existence de la population.
Saleem Abu Safiyeh, directeur du côté palestinien du passage de Mintar, a dit qu’il avait demandé au commandant de l’armée israélienne du district sud de permettre une présence des forces de sécurité armées palestiniennes au passage au croisement, il y a une semaine. Les Israéliens ont refusé, dit-il, en disant que le moment n'était pas encore venu pour une telle action.
Abu Safiyeh, qui est l'officier de liaison entre l’Autorité Palestinienne et les services de sécurité israéliens, dit que si un tel personnel de sécurité avait été présent, l'opération, nommée "Faire trembler les fondations" par les groupes qui l'ont portée, n'aurait pas été possible.
"l'opération était en premier lieu néfaste aux Palestiniens de la bande de Gaza," dit Abu Safiyeh. "Ce passage est essentiel pour la vie des citoyens parce que, par ce viais, ils sont fournis en produits de base tels que les produits laitiers, les médicaments et la nourriture de base sans lesquels les gens ne peuvent pas vivre."
Cependant, un certain nombre d'analystes ont argué du fait que l'opération était légitime parce qu'elle avait été effectuée sur la terre occupée et qu’elle était dirigée contre des soldats israéliens. L'écrivain et journaliste, Hani Habib, par exemple, dit, "Israël proteste contre l'opération bien qu’elle ait été effectué dans un secteur qui est sous occupation israélienne depuis 1967. L'opération visait également du personnel militaire israélien, ce qui indique que la résistance palestinienne est bien consciente de ce qu’elle fait."
Habib concède que de telles opérations pourraient apparaître comme si elles avaient pour but de miner tout le mandat populaire qu’Abu Mazen pourrait avoir "en organisant la maison palestinienne et en renforçant l’Autorité Palestinienne pour honorer les engagements de la Feuille de Route."
Abu Mazen pourrait focaliser la majorité de ses efforts dans les jours à venir sur soutirer la promesse d'une trêve aux factions de la résistance afin de faire son travail dans des circonstances appropriées. Il est peu susceptible d’arriver à désarmer les groupes, une action que rejètent le Hamas et et le Jihad Islamique. Selon des sources au Hamas, la trêve est toujours à l'étude, ajoutant que le mouvement n'est pas radical dans sa position mais veut des fortes garanties que toutes les formes d'agression israélienne contre les Palestiniens soient stoppées.
Ces garanties sont ce que semble chercher Abu Mazen auprès d'Israël à juger par son discours précédent une session spéciale du Conseil législatif à Ramallah le 15 janvier après qu'il ait prêté serment. Aucun partenariat avec Israël, a-t’il dit, "n'a pu être réalisé sous la contrainte." Un tel partenariat pourrait seulement apparaître "si les assassinats, les incursions, le siège, des colonies, les démolitions de maison et le mur de séparation sont stoppés."
Ce n'est pas la première fois qu'une trêve est proposée aux deux parties. Il y a un an, le Hamas s’est engagé dans une trêve demandée par Abu Mazen qui était alors Pemier Ministre. Israël a brisé la trêve en assassinant le leader du Hames, Ismail Abu Shanab en août 2003. -
Source : http://www.palestinereport.org
Traduction : MG pour ISM-France
Afin d'assurer sa mission d'information, ISM-France fait appel à votre soutien.
L'ISM a pour vocation la diffusion d'informations relatives aux événements du Proche Orient. Les auteurs du site travaillent à la plus grande objectivité et au respect des opinions de chacun, soucieux de corriger les erreurs qui leur seraient signalées.
Les opinions exprimées dans les articles n'engagent que la responsabilité de leur auteur et/ou de leur traducteur. En aucun cas l'ISM ne saurait être tenu responsable des propos tenus dans les analyses, témoignages et messages postés par des tierces personnes.
D'autre part, beaucoup d'informations émanant de sources externes, ou faisant lien vers des sites dont il n'a pas la gestion, l'ISM n'assume aucunement la responsabilité quant à l'information contenue dans ces sites.
9 novembre 2021
Le fait d'être désigné comme "terroristes" par Israël illustre le bon travail des ONG en Palestine9 novembre 2021
L’Art de la guerre - Les nouvelles armes financières de l’Occident5 novembre 2021
Israa Jaabis : De victime à criminelle, du jour au lendemain3 novembre 2021
La normalisation est le dernier projet pour éradiquer la cause palestinienne1 novembre 2021
Kafr Qasem reste une plaie béante tandis que les Palestiniens continuent de résister à l'occupation30 octobre 2021
Voler et tuer en toute impunité ne suffit plus, il faut aussi le silence14 octobre 2021
Tsunami géopolitique à venir : fin de la colonie d’apartheid nommée ’’Israël’’12 octobre 2021
La présentation high-tech d'Israël à l'exposition de Dubaï cache la brutalité de l'occupation9 octobre 2021
Pourquoi le discours d'Abbas fait pâle figure en comparaison du fusil d'Arafat à l'ONU6 octobre 2021
Comment la propagande israélienne s'insinue dans votre divertissement quotidien sur Netflix : La déshumanisation et la désinformation de FaudaGaza
Résistances
Ghazi Hamad
19 janvier 2005