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Palestine - 17 mars 2004
Par Ghazi Hamad
Cet article a été publié sur Palestine Report Online le 7 mars 2004
Les dernières propositions du premier ministre israélien Ariel Sharon sur un retrait unilatéral de la Bande de Gaza ont entrainé plus de débats dans les cercles tant palestiniens qu'israéliens.
Le côté israélien est divisé entre ceux pour ou contre un retrait, et la dispute concerne l'affaiblissement éventuel d'Israël dans un futur accord politique.
Les Palestiniens aussi ne sont pas sûrs de quoi faire du problème. Ils ne sont pas sûrs des intentions de Sharon et suspectent qu'il pourrait juste s'agir d'un jeu politique pour distraire l'attention du monde de la construction de la barrière de séparation.
En même temps, il y a une forte possibilité pour que Israël soit forcé de se retirer de la Bande de Gaza pour différentes raisons, incluant celles économiques et sécuritaires. Les Palestiniens se sont donc retrouvés à faire face à un certain nombre de questions cruciales :
Est-il possible pour les Palestiniens de réussir dans l'administration de la Bande de Gaza si Israël se retire?
Quel est le futur de la résistance palestinienne et des factions armées?
Quel est le futur des zones évacuées par l'armée israélienne?
Ces questions, en même temps que d'autres, restent sans réponse.
Certaines factions ont, quand même, commencé des discussions sur le sujet avec comme objectif : atteindre une position unifiée qui pourrait prévenir un vide politique qui créerait le chaos.
Les factions palestiniennes : unité ou chaos.
Les Palestiniens ont été jusqu'ici suspicieux du retrait proposé par Sharon, et un peu choqués par sa soudaineté. L'Autorité Palestinienne n'a pas encore résumé le plan.
Des sources disent que le président Arafat a exprimé son opposition au plan parce qu'il pourrait peut-être constituer une solution politique finale derrière laquelle les buts de Sharon seraient de convaincre les Palestiniens que leur Etat est dans Gaza seulement et qu'ils devraient simplement oublier la Cisjordanie .
Le Hamas considère le plan pour un retrait israélien comme "un fruit de la résistance palestinienne". Mais ces dernières semaines, la presse israélienne a tenter de dépeindre le Hamas comme voulant prendre le contrôle de la Bande et considérant un retrait comme une victoire pour le mouvement et pas pour l'approche politique de l'Autorité Palestinienne.
Un leader du Hamas, Abdel Aziz Rantisi, a pris ombrage de cet vision israélienne. "Il est très clair que ceci est adressé à l'Autorité Palestinienne pour inciter celle-ci contre le Hamas, comme si le Hamas se préparait lui-même à porter un coup contre l'Autorité Palestinienne et à saisir les rênes du pouvoir. C'est un appel clair à l'Autorité palestinienne (AP) pour prendre des mesures sévères à l'encontre du Hamas, comme s'ils voulaient dire que le refus de l'AP à se confronter au Hamas conduira à la prise de contrôle du Hamas sur Gaza alors que l'AP restera sur la touche."
Dans un article daté du 14 février, par exemple, Haaretz écrit : "le Hamas est en train de décrire un retrait israélien de Gaza comme une victoire militaire et politique pour lui-même et non pour l'AP ou d'autres factions affilées au Fatah . Il a même poussé le Jihad islamique dans un corner. Donc, l'AP, pour s'assurer du contrôle de Gaza, aura à se confronter au Hamas".
"Quelles terribles pensées enveniment les coeurs des démons sionistes pas seulement contre le Hamas mais contre tous les Palestiniens," répond Rantisi.
"Ils veulent une confrontation majeure et ils veulent inciter les autres factions palestiniennes à entrer en confrontation avec le Hamas avant qu'il ne soit trop tard et que le Hamas prenne tout le pouvoir pour lui. Ceci en dépit du fait que le Hamas continue à faire l'éloge de la résistance palestinienne et de toutes ses composantes. C'est cette résistance qui pousse l'ennemi sioniste à fuir l'enfer de la Bande de Gaza."
Selon un des leaders du Hamas, Mahmoud Zahhar, des combats pourraient se produire entre certains services de sécurité palestiniens.
Il explique que la rue palestinienne, incluant son propre mouvement, est concernée par l'étape qui arrive, qu'il décrit comme "non claire", spécialement depuis que la proposition de Sharon de démanteler les colonies a été reçue "n'importe comment" par le côté palestinien.
Zahhar argumente que, si Israël se retire, le Hamas jouerait un rôle dans la distribution de terres sur lesquelles les colonies sont construites à ceux dans le besoin, incluant les familles de martyrs et de palestiniens emprisonnés, et sur lesquelles ils pourront établir de futurs projets.
Toutefois, ce leader du Hamas dit que même Sharon et son gouvernement ne connaissent pas chaque détail de leur plan de retrait et que si des colons ou des soldats devaient être laissés à Gaza, la résistance serait à nouveau la seule manière de mettre fin à l’Occupation.
Préparation du retrait
Des sources disent que des contacts ont déjà eu lieu entre un certain nombre de partis, les factions palestiniennes entre elles et l’AP avec les factions, pour discuter de la situation à Gaza si le retrait devait arriver prochainement.
L’une des figures principales du Fatah à Gaza, Sameer Mashlarawi, pense que la situation à Gaza est potentiellement très dangereuse si les forces politiques ne coopèrent pas.
Il dit aussi que l’armée israélienne pourrait encourager le chaos dans la rue, pour pousser les Palestiniens dans la guerre civile, bien qu’ « il y ait un niveau de conscience au sein des factions qui rejettent toute sorte de confrontation. »
Il avance que la nouvelle situation nécessite une nouvelle vision des questions d’administration basée sur la participation collective, en isolant ceux qui se cachent derrière des intérêts de factions.
"Ce sera un test difficile pour les factions et l’AP de convaincre les citoyens qu’il y a une possibilité de créer une société civile palestinienne."
Mashharawi dit aussi que le chaos actuel qui prévaut et l’absence de règles de loi va seulement compliquer les problèmes si cela continue parce que ceci empêchera la possibilité d’une stabilité et d’une construction d’une société palestinienne saine.
Le mouvement du Jihad islamique, au même moment, alerte aussi sur les manoeuvres israéliennes pour inciter à commencer une guerre civile contre les mouvements Islamiques dans le cas d’un retrait israélien de la Bande de Gaza.
Tout retrait unilatéral, selon un porte parole du Jihad, ne devrait pas créer un vide de sécurité.
"Il y a une tentative de créer une mutinerie au sein des Palestiniens en dressant un groupe contre un autre," selon Seikh Nafeth Azzam, un leader du Jihad islamique. "Israël évoque le danger que les mouvements islamiques posent à l’Autorité. Laissez-nous, une bonne fois pour toutes affirmer que ceci est complètement faux."
Azzam insiste sur le fait que le Jihad islamique ne veut pas le contrôle sur Gaza ou tout autre territoire tant qu’il y aura une occupation.
"Atteindre une position d’autorité n’est pas une de nos priorités.
De toute façon, qu’est ce qu’il y a là pour se battre ?
La situation désespérée à Gaza ?
Les infrastructures détruites dans tous les aspects de la vie, santé, agriculture, industrie et services ?
Vous pensez vraiment qu’il va y avoir une guerre civile dans 370 km de prison ?"
Jamil Majdalawi, membre du bureau du PFLP, pense que la situation dans la Bande de Gaza appelle à une coordination entre toutes les forces parce que "toutes les possibilités doivent être considérées et assumées avec une position nationale capable de gérer les changements."
Majdalawi exprime aussi ses craintes pour la phase qui arrive, spécialement si l’AP continue dans son actuelle direction.
"Il y a des contradictions et des incohérences dans la politique de l’AP qui pourraient se refléter négativement dans la nouvelle réalité. Je pense que notre situation sera plus difficile si les choses ne changent pas."
Il dit de plus qu’il n’est pas effrayé à la pensée que les choses se finissent en guerre civile. " Nous sommes tous parfaitement conscients des dangers."
Source : www.palestinereport.org
Traduction : VL pour ISM-France
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