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Palestine - 27 mai 2005
Par Ghazi Hamad
Paru dans Palestine Report On line le 25 mai 2005
Ces derniers jours ont vu un niveau de tension sans précédent monter entre le Fatah et le Hamas, qui sont parfois allés parfois jusqu’à s’accuser mutuellement sur les chaines de télévisions satellitaires ou à publier chacun des tracts incendiaires.
La tension est tellement montée que les médiateurs ont essayé de mettre fin au conflit entre les deux mouvements, et qu’une délégation égyptienne est arrivée le 23 mai pour “discuter des derniers développements”.
La principale raison de cette tension, c’est la controverse sur les résultats des élections municipales et l’attente de la décision des tribunaux concernant un retour aux urnes dans certains districts.
En bref, le Hamas acucse le Fatah de vouloir “noyer ses manifestations” quand le mouvement a eu gagné d’évidence dans les trois municipalités les plus importantes de Gazah : Rafah, Breij et Beit Lahiya.
Le Fatah, d’un autre côté, insiste et dit qu’il y a eu des irrégularités dans les élections et acccuse aussi le Hamas de refuser d’accepter la décison des tribunaux.
Mais les choses ne se sont pas arrêtées aux élections. Elles se sont envenimées quand un membre du comité central du Fatah, Abdullah Ifrani, a accusé le Hamas de vouloir assurer son pouvoir non démocratiquement et par la force.
A son tour, Mahmoud Zahhar du Hamas, a décrit Ifranji comme “un général qui cherche à s’emparer du pouvoir”.
Les observateurs disent que la crise entre les deux partis reflète l’opposition entre les deux plus importants mouvements des territoires palestiniens, et la compétition féroce qu’ils se livrent dans la course aux élection du Conseil Législatif prévues pour le 17 juillet.
Pour cette raison, les résultats des élections municpales ont été soigneusement étudiés et avec le plus grand intérêt. Pendant que le Fatah gagnait la direction d’autres conseils, le Hamas tenait à mettre l’accent sur le fait que gagner les centres les plus largements peuplés a donné au mouvement, dans les faits, une part plus importante de vote populaire.
Le porte-parole du Hamas, Sami Abu Zurhi dit que la Fatah a été choqué des résultats et il accuse le Fatah d’essayer de bloquer jusqu’à la moindre hypothèse de pouvoir du Hamas dans certaines régions.
Ainsi, dit Abu Zuhri, ils ont eu recours aux tribunaux et ont “fabriqué un jeu” entre eux-mêmes et le Haute Commission des élections.
“Pourquoi le Hamas a-t-il concédé la victoire au Fatah dans certaines régions alors que le Fatah refusait de le concèder au Hamas dans d’autres régions ?” a demandé Abu Zuhri.
Selon le Fatah, comme l’a exposé Ifraji, le mouvement a des documents probants de la manipulation des scrutins au cours des élections. C’est en raison de ces preuves que le Fatah s’est tourné vers le Comité des élections en tant que référence juridique.
“Nous ne comprenons pas pourquoi le Hamas serait furieux contre nous de recourir à l’autorité judiciaire puisqu’il dit qu’il est respectueux de la loi et de son application ?” a demandé Ifranji.
Ifranji est allé plus loin. Il a demandé que Mahmoud Zahhar s’excuse au nom du Hamas auprès du pouvoir judiciaire avant de participer au nouveau scrutin, prévu pour le 2 juin.
Sur la radio “La voix de Palestine”, Ifranji a lancé un avertissement en disant que “quand nos frères du Hamas ont gagné les élections de janvier, surtout à Gaza, de cette manière, ils ont commencé à se dire que le pouvoir était à portée de main et que s’en emparer était une simple formalité”.
Au cours de la semaine dernière, les loyalistes du Hamas ont pris les rues avec d’énormes manifestations dans tout Gaza pour montrer leur opposition aux décisions du tribunal.
Ca a conduit à l’accusation selon laquelle le Hamas cherchait l’escalade sur le terrain, mais Abu Zuhri a dit que les membres du Hamas voulaient simplement exprimer leurs sentiments et décharger leur colère pacifiquement.
Le Fatah a vu les choses sous un angle différent, en disant que les manifestations étaient “une démonstration de force”. “Nous ne voulons pas que nos frères du Hamas s’emparent de la rue” à dit Ifranji. “Le dialogue doit continuer et dans des cercles plus restreints”.
Certains analystes ont vu aussi les tirs de mortier contre des colonies israéliennes de Gaza comme un moyen pour le Hamas de détourner l’attention de la controverse interne et de réduire la pression que fait peser l’Autorité Palestinienne.
Dans ce contexte, Sameeh Shbeib a critiqué le comportement du Hamas dans cette crise dans son article du “Al Ayyam” en date du 22 mai.
“Peut-être qu’une sérieuse lecture de la position du Hamas révélera clairement que le Hamas se voit tout à la fois comme une faction politique et militaire” a écrit Shbeib. “C’est une faction et un parti politique quand il veut négocier avec l’Autorité Palestinienne et qu’il veut participer aux élections municipales ou législatives. Et c’est une force militaire quand il veut envoyer des roquettes”.
Shbeib continuait : “Le Hamas mélange le politique et le militaire. Il se sert des armes pour appuyer ses objectifs politiques et il utilise une approche politique pour servir ses actions militaires. A la fin, tout est politique”.
D’autres analystes disent que le Hamas use de “la carte du calme” pour faire pression sur l’Autorité Palestinienne.
L’écrivain et analyste Ahraf Ajrami a dit au “Palestine Report” :
“qu’il apparait que le leadership du Hamas n’a pas bien joué ses cartes quand il a profité du calme pour créer des disputes internes ou pour obtenir des concessions de l’Autorité Palestinienne et du Fatah, ou pour peut-être montrer sa force et démontrer qu’il est une autorité équivalente, avec un pouvoir de veto tant sur le calme que sur les affrontements”.
Zahhar, néanmoins, maintient que le Hamas n’a fait que répondre aux violations israéliennes et a prouvé plus d’une fois son engagement pour le calme. Le tir de mortier n’est intervenu qu’après qu’un membre du Hamas ait été tué près de la frontière égyptienne. Le Hamas a dénoncé l’armée israélenne pour cet assassinat.
D’autres craignent qu’Israël ne tire avantage du conflit entre le Hamas et le Fatah pour affaiblir l’Autorité Palestinienne et ne bloque l’exécution de ses propres obligations.
L’analyste politique Talal Okal a dit “qu’Israël pense que les conflits entre le Hamas et le Fatah valent le coup de chercher à pousser la confrontation entre les deux”.
Résultat, a poursuivi Okal, “ Le tir de roquette du Hamas devrait embarrasser l’Autorité Palestinienne, ce sur quoi compte Israël pour pousser la situation plus loin dans la crise”
Il y a des signes, pourtant qui montrent que des éléments à l’intérieur des deux mouvements tentent de faire retomber la tension.
Abu Zuhri a souligné au “Palestine Report” que le Hamas n’est pas intéressé par une profonde déchirure des relations internes, surtout depuis, a-t-il dit, qu’une part du leadership du Fatah veut obtenir une entente avec le Hamas. “Nous voulons empêcher tout ce qui tend à troubler les relations internes”.
Sameer Mashharawi, membre du Haut comité du Fatah, s’est montré lui aussi conciliant. Le Fatah et le Hamas s’étaient antérieurement entendus pour que les élections se fassent dans l’intérêt du peuple palestinien, dans sa totalité, a-t-il dit, et cela suppose une atmosphère convenable et calme. Ainsi, selon Mashharawi, les deux mouvements sont d’accord pour arrêter l’escalade médiatique entre eux.
En même temps, les analystes sont inquiets : Même si la crise est maintenant désamorcée, elle pourrait s’embraser à nouveau.
“La vérité c’est que le conflit Hamas-Fatah n’aurait jamais du atteindre le niveau qu’il a atteint et qui l’a conduit à cet échange d’accusations et voile les menaces comme les tensions de la rue” à dit Okal
Source : Palestine Report
Traduction : CS pour ISM
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Ghazi Hamad
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