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ISM France - Archives 2001-2021

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Israël -

Ariel Sharon et l’Option Jordanienne

Par

Gary Sussman est basé à l'Université de Tel Aviv

Un ardent supporter d’Ariel Sharon et de son plan unilatéral de Désengagement a consenti récemment que le plan avait "un défaut inné : il n'a aucune vision, n'a aucun horizon diplomatique et est exempt de toute dimension idéologique."(1)
Cette évocation du premier ministre israélien -- tactiquement brillant mais manquant d’esprit stratégique -- est commune mais erronée. Sharon appartient clairement au Pantheon des maitres tacticiens en politique moderne, et il a en, effet, une stratégie à long terme -- et le désengagement s'y adapte bien.

Sa vision n'est plus la création d’un état palestinien limité sur environ 50 % de la Cisjordanie , comme beaucoup l’ont longtemps supposé.
Au lieu de cela, Sharon envisage un état palestinien sur une partie significative de la Cisjordanie , probablement pas moins de 80 %.

Sharon se rend aussi trop bien compte qu'une telle entité n’est pas "viable." Il suppose, en fait, qu'une solution de deux-états ne peut pas être poursuivie et qu’elle n'engendrera pas de fin aux différends Palestino-Israéliens.

A long terme, le premier ministre israélien espère que l’Etat palestinien se rattachera à la Jordanie.
Son hypothèse est que le retrait unilatéral de Gaza et des parties de la Cisjordanie , son plan pour une transition soigneusement amenée pour éloigner Israël de toute gestion directe sur la majorité des Palestiniens, placera ce processus dans cette direction.

Avec le temps, calcule Sharon, la contiguité entre la "Palestine" et son voisin à l'est, tout comme le commerce accru, les liens culturels et la "démocratisation" soutenue par l'administration Bush, inciteront les Palestiniens des rives Ouest et Est du Jourdain à se bouger pour créer une fédération Palestino-Jordanienne.

Si on suppose que Sharon est tranquillement resté sur sa croyance exprimée ouvertement que la "Jordanie est la Palestine," il devient plus facile de comprendre sa rupture avec ses anciens supporters parmi les mouvements des colons et la Droite.



Les Intentions de Sharon

Les politiciens sont bien plus directs que nous croyons. Ils veulent très souvent dire ce qu'ils disent.

Si, par exemple, on lit les anciens discours du Président sud-africain F. W. de Klerk de 1989 jusque bien après le début des négociations qui ont par la suite mis fin à l’Apartheid, on est frappé par la façon dont il a clairement organisé son agenda.
De Klerk a cherché à imposer une démocratie limitée, en émoussant la démocratie universelle avec des garanties significatives pour la minorité blanche. Il a espéré faire ainsi en contrôlant le rythme et la portée de la transition.

Il a également cru qu'il pourrait prendre le dessus sur le Congrès National Africain, qu'il supposait être sensiblement affaibli par l'effondrement de son patron, l’Union soviétique.

De la même manière, Mikhail Gorbachev a cherché à créér un processus qui assurerait la persistance du Communisme de type Soviétique, bien que réformé. Que la perestroika et la Pretoria-stroika ne soient pas parvenus à leurs objectifs est, naturellement, totalement une autre affaire.

Les principaux discours des leaders politiques et les déclarations de leurs collaborateurs sont un guide essentiel pour ceux qui ne sont pas au courant des pensées intimes des leaders.

Ariel Sharon a été moins que charitable en indiquant la direction vers laquelle finalement il se dirigeait, et il a été clair sur ses objectifs immédiats.

Dans ses déclarations depuis décembre 2003, quand il a annoncé son Plan de Désengagement, Sharon a à plusieurs reprises noté qu'il souhaitait gagner du temps pour Israël afin de façonner un mini-Etat palestinien entre les blocs de colonies, les routes de contournement et les bases militaires en Cisjordanie . Cependant, il a joué les timides sur ce qui pourrait suivre.


Sharon n'a pas changé sa vision fondamentale sur le conflit Arabo-Israélien. Comme beaucoup d'Israéliens, il a une profonde méfiance envers les Arabes.
Comme l’explique Dov Weisglass, le conseiller en politique du premier ministre, il "pense que le monde d'Arabe voit Israël comme une imposition, et qu’il n’acceptera pas son existence."[2 ]

Par conséquent Sharon rejète les prémisses d’un accord total et négocié de Deux Etats qui mènerait à la paix et à la réconciliation – le type de deal que ses anciens rivaux du parti Travailliste espéraient déclencher dans un "nouveau Moyen-Orient."

L'hypothèse de base de toutes les principales initiatives de paix officielles et non-officielles à ce jour – que ce soit les Accords d'Oslo de 1993 et 1994, de l'initiative Saoudienne en mars 2002 ou l'Accord de Genève en décembre 2003 -- était qu'un accord global retirerait le conflit Palestino-Israélien de la liste des sujets régionaux qui fâchent, préparant le terrain pour l'harmonie, la coopération et l'intégration. Le partisan le plus connu et le plus confiant de cette vision, naturellement, a été le leader du parti Travailliste, Shimon Peres.

Cependant, pour Ariel Sharon, il n'y a aucun nouveau Moyen-Orient au bout du tunnel. Au lieu de cela, il cherche à employer des mesures unilatérales pour parvenir à ce que le conflit soit en faveur d’Israël.

Ce paradigme de gestion de conflit est, essentiellement, une variation moderne de la notion Sioniste Révisionniste traditionnelle du "Mur de Fer," comme Ze'ev Jabotinsky.[3 ] l’avait soutenu avant la déclaration d’Indépendance d'Israël : Les Révisionistes avaient écarté l'idée du compromis négocié avec le nationalisme palestinien.

Au lieu de cela, ils ont appelé à la construction d’un "mur de fer" figuratif entre Israël et les interlocuteurs arabes jusqu'à ce qu'une direction arabe "modérée" ait émergé qui n'aurait plus l’intention de détruire l’Etat Juif en construction. Le deuxième intifada a convaincu les Israéliens qu'un mur de fer était encore nécessaire.


La défiance profonde de Sharon envers les Arabes explique pourquoi il s'est longtemps opposé à la création d'un état palestinien indépendant. Sa vision traditionnelle était qu'Israël devait coloniser au delà de la plaine côtière s'il ne voulait pas être une "masse de béton d'Ashkelon à Nehariya – à la merci des armes arabes et qu’il ne devait pas compter sur des puissances amies comme protection."[4 ]

À la différence de ses anciens alliés parmi la droite religieuse du mouvement des colons, Sharon est, cependant, disposé à modifier sa tactique pour servir ses objectifs stratégiques. Ce n'est pas fortuit s’il a accusé récemment les colons d'avoir "un complexe messianique."


Sharon s'était initialement opposé à la barrière de séparation qu'Israël construite en Cisjordanie , il s’est radouci seulement quand il s'est rendu compte qu'il ne pourrait pas défier le soutien croissant du public au projet. Alors il s'est vite approprié la barrière au service de son agenda.
De même, Sharon s'est rendu compte qu'il ne pouvait pas combattre l'idée de plus en plus hégémonique d’une partition du territoire entre la Méditerranée et le fleuve du Jourdain.

Comme il est intensément soucieux de ne pas se confronter aux Etats-Unis, le point décisif pour lui fut quand le Président George W. Bush a embrassé la "solution de Deux-Etats" dans un discours du Rose Garden le 24 juin 2002.

Mais Sharon a une notion très différente d'une solution à Deux-Etats que celle envisagée par l'Autorité Palestinienne et la communauté internationale. On pourrait décrire sa vision comme celle "d’une solution d’un Etat et d’un Etat trois quart."

Depuis sa venue au pouvoir en février 2001, Sharon a astucieusement exploité des concepts comme la notion d’état, la barrière et le désengagement unilatéral pour maximiser les gains territoriaux israéliens et pour détourner la pression démographique d'Israël vers l'est.

Ces dernières semaines, l’infatiguable Shimon Peres, maintenant Premier Ministre adjoint dans le gouvernement du Désengagement de Sharon, a proclamé que tandis que le parti du Likud avait cautionné la corruption dans le pouvoir politique, son parti avait gagné la bataille des idées.

Dans un sens, la thèse du Sionisme des Travaillistes, le besoin d’une partition territoriale pour obtenir la paix, a en effet pris l'ascendant. Sharon a également embrassé l'idée de la Gauche Sioniste de séparation unilatérale, suggérant un nombre impressionnant de victoires pour le Sionisme Travailliste.
L'ascendance du paradigme unilatéraliste tel que Sharon le comprend est, cependant, une grande victoire pour le Sionisme Révisioniste.
La notion du Mur de Fer, tout comme la croyance qu'il n'y a aucune solution au conflit, a gagné un courant plus large en Israël. D’une façon dialectique, Sharon a synthétisé les idées principales promues par la Gauche Sioniste, afin de promouvoir sa vision de ce que devrait être un Israël sécurisé.



La logique de l’Unilatéralisme de Sharon

Le premier ministre israélien et ses collaborateurs ont été des plus transparents en énonçant les objectifs derrière le Plan de Désengagement unilatéral.

Comme il est noté ci-dessus, c'est en premier lieu une articulation de l’abandon de Sharon du paradigme de la résolution de conflit, par lequel "les questions de statut final" dans le conflit -- principalement les frontières, les colonies, les réfugiés palestiniens et Jérusalem -- peuvent être résolues immédiatement.

Un important architecte du Plan de Désengagement, Eyval Giladi, argue du fait qu'il est impossible "de conclure un accord définitif en une seule fois." Giladi rejette la notion que la paix apportera la sécurité. Au lieu de cela, il pose le principe que la sécurité apporte la Paix.[5 ]

D'ailleurs, le Plan cherche à libérer Israël de la "Feuille de Route" pour une solution négociée de Deux-Etats, parrainée par le Quartet comprenant les USA, l'ONU, la Russie et l'Union Européenne et promulguée en mai 2003.

En totale contradiction avec ses engagements envers la communauté internationale et à ses commentaires ultérieurs le 8 février 2005 au sommet de Sharm al-Sheikh, Sharon indiqué clairement à un groupe d'ambassadeurs israéliens "qu’il n'y aurait pas de transition directe du Plan de Désengagement vers la Feuille de Route."[6 ]

Un démarrage réussi de la Feuille de Route garantit qu'Israël réaffirme son contrôle sur le processus diplomatique et le mène vers les conditions israéliennes. Lors d’un discours dans la colonie d’Ariel en Cisjordanie , avant son sommet avec George Bush en avril 2004, Sharon a déclaré : "Seule une initiative israélienne nous gardera d'être entraînés vers des initiatives dangereuses comme les initiatives de Genève et Saoudienne."[7 ]


Le fait que Sharon n’ait pas pris d’initiative diplomatique dans sa première partie de mandat a créé un vide diplomatique que d'autres ont comblé. Son plan était en partie une réponse à de tels efforts. Dov Weisglass nous concède que le plan "contraint le monde à prendre en compte notre idée, avec le scénario que nous avons écrit."[8 ]


En réaffirmant son contrôle, Sharon a l’intention d’éviter les négociations de statut final avec les Palestiniens qui sont stipulées dans la phase trois de la Feuille de Route. Dans un tel échange, des concessions palestiniennes sur la question du droit au retour devraient être assorties d’une flexibilité israélienne sur Jérusalem, les colonies et les frontières.

De façon assez révélatrice, Weisglass a comparé son Plan à "une mise dans une bouteille de formol" pour s'assurer que "il n'y aura pas un processus politique avec les Palestiniens."

L'approche unilatérale permet alors à Sharon d'aborder les questions des colonies et des frontières sans négociations et aux conditions qui favorisent considérablement Israël. Sharon suppose que les mesures "douloureuses", comme le retrait de petites colonies, permettront à Israël de contrôler la portée du retrait.

Dans un entretien privé et dans de nombreuses interviews avec les médias, le Premier Ministre a noté que son plan "constituait un coup mortel aux Palestiniens" et à leur recherche d’un Etat, et qu’il rendra impossible tout retour aux lignes d’armistice de 1949.[9 ]

Son journaliste préféré, Uri Dan, explique que le plan "de séparation cruelle" de Sharon est fondé sur la réalisation de sacrifices tactiques en échange des gains stratégiques en Cisjordanie .[10]

Il est frappant que Sharon continue d’être peu disposé à retourner à un processus bilatéral, bien que Yasser Arafat ne soit plus le leader palestinien. Le projet du Désengagement était après tout présenté en tant que moyen de contourner un Arafat recalcitrant et impitoyable.

Cependant le successeur d'Arafat, Mahmoud Abbas, est peut être emphatique en évitant la violence comme moyens de lutte, il n’en est pas moins engagé sur les mêmes positions qu’Arafat avait refusé de céder à Camp David en juillet 2000. Ce sont des positions avec lesquelles Sharon ne pourra jamais être d’accord.



Se retirer vers Quoi ?

Étant donné que Sharon veut éviter un retrait à l'échelle du modèle de Genève, la question critique -- et encore sans réponse -- est : quelles sont ses lignes rouges pour un retrait ?

Son porte-parole, Raanan Gissin, remarque que son plan : "ôtera la question sur d'autres évacuations importantes, les retraits majeurs en Judée et Samarie, en particulier les principaux groupes de colonies."

Le plan, comme le note Gissin, laisse à l'Israël "les pourcentages les plus essentiels dont nous avons besoin." Sharon a longtemps maintenu qu'Israël avait besoin d’une plus grande "profondeur stratégique" et pouvait l'atteindre en établissant des "zones de sécurité" – des secteurs du territoire occupé dont Israël ne se retirerait pas.

Clarifiant la nature des zones, Gissin suggère qu’ "il y aurait une zone Est de sécurité et une zone Ouest de sécurité : 10 à 15 kilomètres à l’Est et 3 à 5 kilomètres à l’Ouest des frontières de 1967."
Pressé pour quantifier le pourcentage de la Cisjordanie laissé aux Palestiniens, Gissin confirme qu’il serait de 58 %..[11 ]

Ancien conseiller à la Sécurité Nationale de Sharon, Ephraim Halevy, corrobore ce pourcentage, [12 ] ainsi que le journaliste, Ben Kaspit, qui a détaillé la stratégie de Sharon quelques jours avant le discours d’Herzliya en décembre 2003 où il en a parlé pour la première fois.[13 ]

Dans l'interview largement citée de Haaretz dans laquelle il a employé le terme "formol", Weisglass laisse entendre que le désengagement garantira que 190.000 (des 240.000) colons "ne seront pas déplacés."

Réimplanter 50.000 colons habitant la Cisjordanie et la Bande de Gaza (le chiffre de 240.000 exclut les colons habitant à Jérusalem-Est et ses environs) laissera toujours à Israël le contrôle d’une partie significative de la Cisjordanie .

Un tel retrait se conformerait sérieusement au plan proposé en juillet 1967 par le Gen. Yigal Allon, qui était alors ministre dans un gouvernement travailliste. Les interviews mentionnées ci-dessus confirmeraient, donc, ce que beaucoup de critiques ont longtemps supposé au sujet des intentions de Sharon.

D’autre part, Eyval Giladi a speculé que le chiffre définitif du "territoire de la Cisjordanie du côté ouest de la barrière serait de moins de 10 %."[14 ]. Ce pourcentage a été corroboré par Ehud Olmert, puis par le premier ministre adjoint et est maintenant donné par la nouvelle position du vice ministre.[15 ]

La trajectoire de la barrière de séparation adoptée par le gouvernement israélien le 20 février 2005 va également dans cette direction (voir la carte).


Ces évaluations suggèrent que Sharon nourrit un ensemble de scénarios possibles pour le retrait, allant du cas où Israël évacuerait 60 % de la Cisjordanie à celui où Israël quitterait un peu moins de 90 %.

Beaucoup présument que Sharon déterminera les frontières finales de l'entité palestinienne avec la barrière de séparation, et que, en conséquence, le changement du tracé de la barrière en Cisjordanie et à Jérusalem-Est suivra l’évolution de l’opinion de Sharon sur les proportions de l'entité palestinienne qu'il approuvera.

Les décisions de la Cour Internationale de Justice et de la Cour Suprême israélienne sur la barrière ont contraint la capacité de Sharon à imposer un scénario inférieur à celui qu’il envisageait. Mais une autre motivation pour un retrait à grande échelle est qu'un tel retrait encouragerait les efforts à long terme de Sharon de maximiser des gains territoriaux.



Recadrer le conflit

Le premier objectif de Sharon est créer un état palestinien subalterne avec des frontières temporaires et puis de chercher à limiter des concessions territoriales ultérieures à cet état. Un état palestinien avec des frontières temporaires est promis par la phase deux de la Feuille de Route.

Cependant, contrairement aux Palestiniens, Sharon cherche à éviter aussi longtemps que possible la phase trois de la Feuille de Route. Weisglass a concédé que Sharon a embrassé le désengagement unilatéral seulement quand il est devenu évident qu'il n'y avait aucun partenaire palestinien pour un accord intérimaire qui remettrait la phase 3 à plus tard. Le refus d'Arafat d’accepter cette idée a étayé les efforts d'Israël pour le marginaliser.


Dans les yeux de Sharon, un état palestinien limité, où un nombre maximum de Palestiniens vit sur une quantité minimum de terre, est un point stratégique. Un tel mini-Etat améliore la main d'Israël sur les négociations de statut final, parce que le conflit peut plus facilement être dépeint comme un désaccord entre deux états souverains. Israël n’aura plus à traiter avec l’OLP qui représente les réfugiés.

Comme Azmi Bishara l’explique, il y a une grande différence entre être en pourparlers sur un accord définitif avec un état et avec un mouvement national de libération. Des dizaines d'états ont des conflits de frontières; il n'y a rien de particulièrement urgent ou déstabilisant à leurs sujets, à la différence des causes de libération nationales.
Sharon n'a aucune intention d’aborder ce dernier, et les Palestiniens renonceront à l'occasion de trop l’aborder s'ils acceptent la création d'un état en dehors du cadre d'une solution juste, globale et permanente, un état amputé dès sa création et c’est ce que Sharon prévoit de faire en tant que solution permanente.[16]

Le Désengagement permet également à Israël de risquer le terrain de haute moralité dans le conflit. Pour cette raison, Sharon dépassera les 60 % avares, ce à quoi beaucoup s’attendent. En même temps, il a fait un effort déterminé pour abaisser les espérances des Palestiniens, des Israéliens et de la communauté internationale concernant l'ampleur de l’éventuel retrait.

Sharon suppose que nourrir une perspective pessimiste parmi d'autres lui servira quand il fera des propositions qui, finalement, seront moindres que « l’offre généreuse » de l'ancien premier ministre Ehud Barak à Camp David.

Plus il acceptera d’évacuer de territoire, plus il sera fort pour exiger l'annexion du reste. Quand les Palestiniens, comme il s’y attend, rejèteront ces propositions, Israël pourra encore une fois tenir pour responsable le dogme palestinien de l'annexion unilatérale israélienne.


Le Désengagement a deux avantages supplémentaires.

L’un est que le retrait limité permettra à Sharon de montrer aux Israéliens et à la communauté internationale le traumatisme lié aux "concessions territoriales."

De cette manière, il peut saper une négociation de paix globale de façon machiavéllique. Comme un haut responsable des colons, le Rabbin Yoel Bin Nun, l’a expliqué : "Il a besoin d’un traumatisme national pour impressionner le public israélien et la communauté internationale qui sera impossible à refaire."[17 ]

Un deuxième avantage est que le plan soulage la pression interne que la question démographique a placé sur Sharon. Les Israéliens sont hantés par la démographie -- les pourcentages relatifs aux juifs et aux non-juifs parmi la population d'Israël-Palestine.

Leur crainte d'une baisse de la majorité juive a mené à un changement de type dramatique, dans lequel un état palestinien indépendant et "la menace militaire potentielle d'un tel état" sont vus comme moindre mal.[18 ]

En donnant Gaza, Sharon réajuste l'équilibre démographique et réduit la pression interne pour un arrangement global. D'ailleurs, en retirant Gaza de l'équation, il affaiblit la position palestinienne dans une négociation ultérieure.

Surtout, le plan permettra à Ariel Sharon de se battre pour des biens territoriaux qu'il considère comme essentiels. Contrairement à ses prédécesseurs, Sharon ne dépense pas le capital politique précieux pour se battre dans des batailles symboliques. Ce trait est également ce qui le distingue des faucons religieux. La lettre qu'il a obtenue de Bush en avril 2004 est la preuve de son centre stratégique.

Le temps gagné tout comme son jeu unilatéral est du temps pour approfondir la prise par Israël des blocs de colonies-clés et de créer encore plus de faits sur le terrain.

Comme Sharon l’a déclaré à une assistance de colons : "Ma'aleh Adumim devriendra plus fort, Ariel, le bloc d'Etzion, Giv'at Zeev resteront entre les mains des Israéliens et continueront de se développer. Hebron et Kiryat Arba seront solides."[19 ]

Même le plus libéral des leaders du Likud, Ehud Olmert, a précisé que ces communautés ne seront pas concédées. Au-delà de la création de plus de faits sur le terrain, la décision de laisser Gaza l’aide à établir une coalition israélienne interne pour se battre afin de garder ces blocs.

Sharon et ses alliés-clés du Likud reconnaissent que les "solutions alternatives," comme le transfert des principales communautés Arabo-Israéliennes sous l'entité palestinienne ou découper la Cisjordanie en cantons totalement déconnectés, ne sont pas faisables.

L'ancienne option, qui est explicitement soutenue par Avigdor Lieberman du parti d’Extrème-Droite, Yisrael Beiteinun et implicitement approuvée par Benjamin Netanyahu, le principal rival de Sharon au Likud, peut devenir possible seulement si la Gauche Sioniste la soutient aussi.
Jusqu'ici, seul Ephraim Sneh, qui était Ministre de la Défense sous Barak, a courtisé brièvement l'idée.
L’ancienne option, qui est explicitement soutenue par le public du centre politique peut se développer avec le temps en fonction de la question démographique.

Comme le note le journaliste Aluf Benn, "la solution du retrait des territoires n’est pas assez pour les prophètes en colère de la démographie, les professeurs Arnon Sofer et Sergio Della Pergola."[20 ] Mais une masse critique de soutien n'est pas encore prête d’être formée.

Sharon a soutenu l'option des cantons quand il est entré pour la première fois en politique.[21]

Mais l’intense examen minutieux international du conflit Israélo-Palestinien pendant les années du deuxième intifada a enlevé cette option de la table pour les faucons conscients de l’image d'Israël.

Ehud Olmert constate : "Le programme de cantons créera une situation dans laquelle le monde n’est pas préparé à vivre, et à juste titre, parce qu'il ne tiendra pas compte de la contiguité territoriale et que cela ne donnera pas aux Palestiniens une base minimum pour apprécier la vie indépendante sous auto-gestion et la souveraineté. Le plan les transforme réellement en quelque chose, pardonnez-moi pour la comparaison fâcheuse, de semblable à l’ancienne Afrique du Sud. Le monde ne vivra pas avec cela."[22 ]



Vivre avec un Etat Palestinien limité

Sharon apprécie que soit donné quelque chose que la Maison Blanche appellera “un Etat Palestinien”. Il essaye maintenant de créer un plus grand consensus interne et international pour un état palestinien limité – mais un plus grand que les nombreux détracteurs de Sharon sont préparés à admettre.

Il approuvera même une plus grande souveraineté pour l'entité palestinienne que ses prédécesseurs auraient pu être disposés à le faire.
On pourrait appeler son projet actuel « La coalition des 20% (de la Cisjordanie pour Israël).”

En d'autres termes, il cherche à réaligner les positions israéliennes sur la question palestinienne autour des frontières qu'il considère comme essentielle pour Israël. Ses mesures unilatérales sont, donc, une manière de reformuler la notion de la solution de Deux-Etats.

Vu de sa perspective, une telle approche est raisonnable. Sharon, après tout, croit qu'une paix négociée comme celle définie dans l’Accord de Genève ne résoudra pas le conflit.

Le premier ministre israélien peut déjà compter plusieurs succès dans sa tentative.
En hors d’oeuvre, son plan est regardé comme le seul jeu en ville.
Deuxièmement, sa lettre de Bush reconnaît les "faits israéliens sur le terrain."
Au plan intérieur, la castration par Sharon du parti Travailliste représente un triomphe dans les efforts de réaligner la topographie politique israélienne.
Actuellement, la plus grande menace pour son agenda vient de la Droite et des ideologues religieux et des législateurs désabusés du Likud.

La création d'un état palestinien limité est chargée des risques pour Israël, qui pourrait se retrouver avec un voisin fortement instable. Comme l’a relevé Gideon Levy : il peut "n’y avoir aucun état palestinien indépendant entre Ofra et Etzion. Il ne peut y avoir aucune solution juste avec Ariel et Ma'aleh Adumim."[23 ]

Les Israéliens ne semblent pas tous inquiets par un Etat palestinien qui manque de contiguité territoriale et peut, en conséquence, ne pas être viable. Un commentateur de Droite a suggéré que l'"idée qu'un pays exige l'intégrité géographique est une idée bizarre."

Au lieu de cela, il pose en principe que "la viabilité d'un pays" est "principalement dû à la qualité de son gouvernement."[24 ]

Sans dénigrer l'importance du gouvernement, une entité à l'étroit, non-contiguë habitée par un peuple pauvre et éprouvé continuerait probablement à effectuer des attaques sur les civils israéliens. Quelques cyniques en Israël pourraient silencieusement approuver des tels conséquences, ce qui pourraient renforcer leur thèse que les Palestiniens ne veulent pas la paix.

Une autre question est la souveraineté. La littérature de transition démocratique suggère que la souveraineté soit une condition préalable pour la démocratie -- une association commodément négligée par Israël et la communauté internationale en mettant tellement l'accent sur la "réforme palestinienne."
Pourtant il y a tout lieu de supposer que même une retrait territorial israélien négocié pourrait mener à un état palestinien dont la souveraineté est diluée.

Israël peut insister sur le contrôle du passage des frontières externes, afin d'empêcher la contrebande d’armes, ou sur la maitrise de l’espace aérien palestinien.
Israël insistera probablement sur le fait que le nouvel état soit démilitarisé. Israël violera également la souveraineté de l'entité palestinienne dans les cas où il percevra qu’il est sous menace militaire.

En outre, Israël peut également insister sur le fait qu'il a un droit de véto sur les relations diplomatiques entre l'état Palestinienet des entités considérées comme hostiles à Israël – l’Iran, par exemple.

De telles demandes limiteront les aspects internes et externes de la souveraineté. La souveraineté interne implique qu'un gouvernement ait une approbation décisive et sans restriction, alors que la souveraineté externe autorise une communauté à avoir une politique exempte de l'intervention d'autres agents.

La "souveraineté," comme David Held le note : "de par sa nature, cela implique un degré d'indépendance des puissances externes et d’une suprématie ou d’une autorité suprême sur les groupes internes."[25]

L'instinct d'Israël sera de limiter la souveraineté palestinienne comme c’est universellement connu. Même si Israël devait sécuriser le soutien de certaines élites palestiniennes, désirant collaborer pour leurs intérêts personnels, pour une telle entité limitée, Israël devra affronter la possibilité que les Palestiniens ordinaires n'acceptent pas l'entité en tant qu’Etat. "Un état existe principalement dans les coeurs et les esprits de son peuple; s'il ne croit pas qu’il est là, aucun exercice logique ne le fera vivre."[26 ]


Des résultats dans lesquels Israël limite la portée et la substance de la souveraineté palestinienne serviront à établir la réalité de binationalité dans laquelle les Palestiniens et les Israéliens se trouvent.

Si l'état palestinien n'est pas reconnu par les Palestiniens en tant qu’Etat, il sera apparenté aux bantustans sud-africains. Il est difficile d'imaginer qu'Ariel Sharon ne se rend pas compte des risques implicites dans un état dont la souveraineté et la contiguité seront limitées – ce qui nous mène à la partie tacite de son plan de Désengagement.



L’option Jordanienne ?

Cela vaut la peine de rappeler que “l’option Jordanienne” -- par laquelle une entité palestinienne fédère avec la Jordanie -- était la conviction que Sharon soutenait quand il est entré en politique en 1974. Pendant de nombreuses années, il a soutenu oralement le retrait du “royaume artificiel” en Jordanie.[27 ]

Au moins un Jordanien haut placé pense que la manoeuvre tactique du premier ministre israélien devrait être évaluée à la lumière de ses prédilections passées.

Quand il était encore ministre des affaires étrangères, l’actuel Premier Ministre adjoint, Marwan Muasher, notait :
"Nous avons peur qu’un jour puisse venir où les leaders israéliens affirmeraient que la 'Jordanie est la Palestine.'
Pourquoi sommes-nous inquiets ?
Le mur divisera réellement la Cisjordanie en trois parties. Il rendra la vie impossible aux Palestiniens : ils seront séparer de leur travail, de leurs écoles, de leurs terres.
Si cela se produit, quelles options les Palestiniens auront-ils? Ils partiront, volontairement ou de force, pour la Jordanie
."[28 ]

En effet, une variante de l'idée, appelée par euphémisme "solution régionale" a le soutien de l'establishment de sécurité israélien. Des articles de presse laissent entendre que Giora Eiland, Chef du Conseil de Sécurité Nationale, a présenté l'option "régionale" à Sharon.
De plus, en recevant une réponse favorable du premier ministre, Eiland a un mandat pour présenter le plan à la communauté internationale.[29]

La différence frappante entre l’actuel commandement des Forces de Défense Israëlienne et l’ex-général Sharon est que le premier imagine qu'un tel arrangement peut être négocié. Le prudent Sharon apprécie que ni les Palestiniens ni les voisins d'Israël ne seront d'accord sur l'idée.

Comment Sharon pourrait-il réussir à effectuer cet aboutissement binational au conflit?

Lui et son porte-parole ont souvent fait remarquer que le plan de Désengagement faisait gagner du temps à Israël.
Si Sharon a à l'esprit une issue de deux-Etats qui amènera la paix, pourquoi alors jouer pour gagner du temps?

La raison n’est pas seulement que le temps gagné permet à Israël de renforcer sa mainmise sur les blocs de colonies cruciaux.

D'une façon primordiale, le temps que Sharon gagnera par son plan permet une autre tendance démographique de progresser, à savoir, un changement de l'équilibre démographique jordanien interne entre les Palestiniens et le Transjordaniens.

Les réfugiés palestiniens résidant en Jordanie constituent déjà une majorité, mais un charcutage électoral effectué par le régime Hashemite s'est assuré qu'ils soient énormément sous-représentés dans le pouvoir législatif.
D'ailleurs, les Transjordaniens continuent à dominer les principales institutions du royaume, et en priorité de le dispositif de sécurité.

Cet équilibre pourrait changer, en particulier si la Jordanie est mise sous pression pour appliquer les règles de majorité de la démocratie comme on pourrait penser que la rhétorique de Bush de "transformer" le Moyen-Orient l’implique. Dans un tel scénario, la région pourrait devenir celle de deux "entités palestiniennes" -- un état limité sur les restes de la Cisjordanie et de la Jordanie.

Coupés d'Israël par la barrière de séparation, les Palestiniens verraient en la Jordanie leur centre d’activités culturels et économiques. Dans un tel scénario, Sharon envisage probablement l'effondrement des deux états en une entité.

La fusion n'exigerait pas nécessairement la force ou une implication directe israélienne. Un développement que Sharon a pu prévoir est l'accroissement de ces mouvements dans les deux Etats, demandant l'association volontaire basée sur la volonté des deux peuples. Les sensibilités jordaniennes accrues et les intérêts actuels des Américains empêchent Sharon de discuter de ce plus vaste objectif avec la franchise qu'il emploie pour discuter des colonies en Cisjordanie .

Afin qu’Amman devienne le "nouveau Jérusalem", Israël doit relier les deux territoires en donnant la Vallée du Jourdain. Ce qui était vu par le passé comme une menace essentielle à Israël -- la continuité entre la Jordanie et la Cisjordanie -- pourrait être vue par Sharon comme un intérêt israélien. Aucune armée irakienne ne va traverser bientôt la Jordanie.

Pour frapper, laisser la Vallée du Jourdain facilitera les efforts israéliens pour assurer le terrain de haute moralité et alléger les craintes démographiques israéliennes en donnant aux Palestiniens de Cisjordanie la partie à l'est pour l'expansion de la population.

Dans le contexte du Désengagement, Sharon a également indiqué clairement que les Palestiniens devraient chercher leurs perspectives économiques en Jordanie et en Egypte. Le fait qu'il est peu susceptible qu’il y ait une barrière de séparation à l’Est entre la vallée et les régions accidentées du centre de la Cisjordanie ajoute du poids à l'idée que Sharon renoncera à des régions de la Vallée du Jourdain.

Au fond, Ariel Sharon propose un jeu d'attente non déclaré avec la Jordanie. Il suppose que les retraits israéliens mettront Israël en première position pour un tel jeu, dans lequel la dépendance de la Jordanie à l’égard la communauté internationale pour l'aide économique la rend vulnérable. Il suppose également que la résolution de la question nationale des Palestiniens et des Jordaniens est plus facile que celle des Juifs.

Cette dernière supposition peut être quelque peu naïve; Des nationalistes jordaniens sont déterminés à préserver une entité distincte et sont actifs depuis 1988.[30 ] De même, des Palestiniens continuent d’être engagés dans la venue de Deux Etats et pour un état palestinien. Des suppositions malavisées sur ses adversaires sont un défaut inhérente aux jeux unilatéraux
– comme peut en témoigner F. W. de Klerk.

Une transition contrôlée pourrait prendre une vie.

Cependant, en écrivant avant le soulèvement actuel, l’intellectuel palestinien, Salim Tamari, avait suggéré avec perspicacité que les "conditions qui résulteront d'un état tronqué contraindront également les Palestiniens à repenser le composant Pan-Arabe de leur culture" et rendre l'idée binationale "d'une plus grande importance pour les liens de la Palestine avec la Jordanie, que ses liens avec Israël."[31 ]

Tamari soulève une question provocatrice. Ironiquement, il pourrait en jaillir que le discours bouillonnant de binationalité -- qui se concentre sur Israël et la Palestine, et non la Jordanie -- sert par inadvertance l'agenda de Sharon. D'une part, il mine l'hégémonie de la solution de Deux-Etats comme l’ont compris la Gauche Sioniste, les Palestiniens et une grande partie de la communauté internationale.

D'ailleurs, un débat mené par des progressistes sur le binationalisme Israélo-Palestinien crée un espace important pour envisager l'option alternative de binationalité. Il pourrait etre plus facile de forger un consensus israélien interne autour d'un tel agenda.

La Gauche Sioniste a traditionnellement soutenu cette position.
En mars 1990, Shimon Peres déplorait que les efforts du Likud pour bloquer l'option de la Jordanie "ouvrait la porte aux Palestiniens,à l’OLP et à Arafat."[32 ]

Pour ceux comme Peres, pour qui la solution de Deux-Etats est un moyen d’en finir – assurer une démocratie à majorité Juive en Israël – une nouvelle volte-face de la politique ne poserait aucun problème. Peut-être que cela explique pourquoi Peres coopère joyeusement avec Sharon au gouvernement.

A Droite, les éléments du mouvement des colons et le Likud soutiennent une variante de l'idée.

Quand le moment viendra, une entité palestinienne limitée liée à la Jordanie pourrait tout à fait facilement être reformulée en tant que prolongation normale du projet de l'ancien premier ministre Menachem Begin pour accorder aux Palestiniens une plus large autonomie en matière civile, qui quittait déjà Israël sous le contrôle de la Cisjordanie et Gaza.

L'état palestinien reformulé et une union Jordano-Palestinienne ultérieure pourrait émerger comme dénominateur commun pour le mouvement Sioniste.




[1] Ari Shavit, “Year of Truth,” Haaretz, December 30, 2004.

[2] Haaretz, July 21, 2004.

[3] Avi Shlaim, “Ariel Sharon’s War Against the Palestinians,” Logos 3/3 (Summer 2004).

[4] Quoted in Colin Shindler, The Land Beyond Promise: Israël, the Likud and the Zionist Dream (London: I. B. Tauris, 2002), p. 285.

[5] Haaretz, July 13, 2004.

[6] Haaretz, December 31, 2004.

[7] Haaretz, April 13, 2004.

[8] Ari Shavit, “The Big Freeze,” Haaretz, October 8, 2004.

[9] Jerusalem Post, September 9, 2004; Yediot Aharonot, April 5, 2004; Haaretz, April 5, 2004; Haaretz, April 13, 2004; Haaretz, June 7, 2004.

[10] Jerusalem Post, May 5, 2004.

[11] Jerusalem Post, January 6, 2005.

[12] Jerusalem Post, December 31, 2004.

[13] Ben Kaspit, “Sharon’s Plan,” Ma’ariv, December 5, 2003.

[14] Jerusalem Post, November 25, 2004.

[15] Makor Rishon, May 14, 2004.

[16] Azmi Bishara, “Palestinian State as Israëli Demand,” al-Ahram Weekly, December 23-29, 2004.

[17] Ari Shavit, “Apocalypse Now,” Haaretz, January 28, 2005.

[18] Jerusalem Post, June 7, 2004.

[19] Haaretz, April 13, 2004.

[20] Aluf Benn, “Demographic Politics,” Haaretz, February 2, 2004.

[21] Uzi Benziman, Sharon, An Israëli Caesar (New York: Adama Books, 1985), p. 131.

[22] Makor Rishon, May 14, 2004.

[23] Gideon Levy, “Don’t Disengage,” Haaretz, April 18, 2004.

[24] Bret Stephens, “Toilets in the Sand,” Jerusalem Post, September 3, 2004.

[25] David Held, Political Theory and the Modern State (Stanford, CA: Stanford University Press, 1989), p. 225.

[26] Joseph Strayer quoted in Ian Lustick, Unsettled States, Disputed Lands: Britain and Ireland, France and Algeria, Israël and the West Bank (Ithaca, 1993), p. 38.

[27] Benziman, pp. 191, 259.

[28] Washington Post, January 30, 2004.

[29] Haaretz, June 4, 2004.

[30] Marc Lynch, “No Jordan Option,” Middle East Report Online, June 21, 2004. http://www.merip.org/mero/mero062104.html.

[31] Salim Tamari, “The Dubious Lure of Binationalism,” Journal of Palestine Studies 30/1 (Autumn 2000).

[32] Shindler, p. 264.

Source : www.merip.org/

Traduction : ISM

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