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Gaza - 15 janvier 2008
Par Khaled Amayreh
Lors de leur couverture des affrontements sanglants de juin 2006 entre le Fatah et le Hamas dans le Bande de Gaza, qui s'est terminé par l'expulsion des forces Fatah par le Hamas, qui a ensuite pris le contrôle de la Bande, la grande majorité des médias occidentaux ont résolument suivi la ligne Fatah.
Photo : Tawfiq Abu Khousa, porte-parole du Fatah
Des organes comme Associated Press (AP), CNN, New York Times, et, dans une moindre mesure, Reuters et la BBC ont répété comme des perroquets les rumeurs et la désinformation Fatah, à savoir que les miliciens du Hamas s'étaient livrés à des crimes de guerre, comme avoir jeté deux personnes du haut les toits de deux bâtiments à Gaza.
Des histoires pareilles ont suivi leur cours et ont été de façon tendancieuse mises en exergue et répétées de nombreuses fois, dans le but évident de salir le Hamas.
Même les affirmations manifestement mensongères que le Hamas avait organisé un "coup d'Etat" contre "la légitimité palestinienne" (Mahmoud Abbas et ses acolytes) ont été honteusement répétées et continuent de l'être, en dépit du fait que le gouvernement Hamas a été démocratiquement élu par une grande majorité de Palestiniens qui lui ont donné mandat de restaurer la règle de la loi et de mettre fin au chaos et à l'anarchie.
Aujourd'hui encore, les organes d'information occidentaux font référence aux événements de juin 2006 comme à un "coup d'Etat", ignorant les complots que l'ancien homme fort de Gaza, Muhammed Dahlan, fomentait, dans une collusion éhontée avec les Américains et Israël, pour miner et finalement renverser le gouvernement démocratiquement élu dirigé par le Hamas.
Le vendredi 11 janvier, un documentaire préparé et diffusé par la chaîne arabe de télévision Al-Hewar, basée à Londres, suggère que l'ensemble de la couverture médiatique occidentale du soi-disant "coup d'Etat du Hamas" contre le Fatah fut de la pure propagande.
Le reportage, projeté pour la première fois, présente des interviews de dirigeants Fatah et Hamas, de témoins ordinaires ainsi que d'un journaliste égyptien qui a couvert la Bande de Gaza et les affrontements entre le Fatah et le Hamas pour le quotidien égyptien Al-Ahram.
Ce documentaire de 30 minutes révèle que le Hamas n'a jamais envisagé de lancer un coup d'Etat contre le Président de l'Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas, comme le prétend le Fatah, et que l'effet boule de neige entre les deux protagonistes n'a laissé aucune autre alternative au Hamas que de s'engager dans une bataille décisive d'auto-défense.
Tawfiq Abu Khousa était un dirigeant Fatah de premier plan dans la Bande de Gaza et relevant directement de Muhammad Dahlan, qui avait reçu beaucoup d'argent et plusieurs cargaisons d'armes de la Central Intelligence Agency (CIA), via un général américain basé en Israël, Keith Dayton. Dayton lui-même relevait de Elliot Abrams, néocon juif qui avait déclaré en maintes occasions que le but ultime des USA était de détruire le Hamas en déclenchant une guerre civile par les Palestiniens, en particulier entre le Fatah et le Hamas.
"Oui, nous avons assassiné, nous avons tué des gens en fonction de leur appartenance politique et partisane. On avait des ordres de tuer les barbus", a dit Abu Khousa.
Abu Khousa a aussi admis que ce furent des miliciens du Fatah, et non des combattants du Hamas, qui ont assassiné et jeté du toit d'un immeuble Hussam Abu Geinas.
"Le jeune homme a été tué (précipité du haut d'un immeuble) parce qu'il s'était laissé pousser la barbe ; nous avons découvert ensuite qu'il appartenait au Fatah, en fait il était le chef de la section locale du Fatah."
Le Hamas a bien sûr dit, à l'époque, qu'Abu Geinas avait été tué par les miliciens Fatah, mais la déclaration a été largement ignorée, ou pas suffisamment prise au sérieux par la plupart des agences occidentales, en particulier l'Associated Press.
Abu Khousa a également admis que les hommes du Fatah avaient enlevé et tué de sang froid Sheikh Nahed al-Nimr, disant que "c'était un incident parmi tant d'autres qui s'étaient produits".
Au sujet de l'assassinat abominable de deux journalistes qui travaillaient pour le quotidien Falastin, Suleiman al-Ashi et Muhammed Abdo, Abu Khousa a déclaré qu'ils n'étaient pas journalistes mais "des espions de reconnaissance" pour la branche militaire du Hamas, les Brigades Izzidin al-Kassam.
Ashraf Abu al Haul, journaliste égyptien chevronné et correspondant d'al-Ahram, qui a couvert la Bande de Gaza et les affaires palestiniennes en général pendant de nombreuses années, dément les affirmations de Abu Khousa sur les journalistes assassinés.
"Ce fut l'acte criminel le plus hideux de ces événements, ce fut un événement marquant, étant donné le fait qu'ils ont été tués de sang froid."
Abu al Haul nie lui aussi que le Hamas ait été responsable du meurtre de Baha' Abu Jarad, dirigeant Fatah, expliquant que "des enquêtes méticuleuses" ont montré qu'il a été tué dans le contexte d'une rivalité clanique, et pas par le Hamas, comme le prétend le Hamas.
Le documentaire présente aussi le témoignage de Fawwaz al-Hetto, membre de la Garde Présidentielle nommée Force-17, qui était avec Muhammed Swerki qui, lui aussi, a été précipité du haut d'un immeuble.
Al-Hetto a dit : "Il est entré par erreur dans une des tours alors que nous portions de la nourriture (aux combattants Fatah). Puis, nous avons été détenus par les combattants Hamas.
"Ensuite, la Force-17 a bombardé le bâtiment, et les hommes armés qui nous détenaient nous ont laissés pour répondre à l'attaque. Et, au moment des prières de l'après-midi, il a demandé à aller aux toilettes. Il est monté sur le toit et il est tombé. Les combattants Hamas sont venus me dire qu'il était mort, mais qu'ils avaient eu l'intention de nous libérer tous les deux. Ensuite, ils m'ont laissé partir."
Al-Hetto n'a pas dit si Swerki est tombé, ou s'il a été tué par les combattants. Le Hamas avait déclaré que Swerki, qui travaillait comme chef du quartier général présidentiel, avait essayé de s'échapper et était tombé. Le Hamas a également dit que le Fatah lui avait entravé les jambes et menotté les mains pour faire croire que le Hamas l'avait jeté du haut de l'immeuble.
Le documentaire soulève également des questions importantes sur la manière dont les quartiers généraux de la sécurité de l'Autorité Palestinienne ont été vidés et comment les responsables de la sécurité de l'AP ont abandonné leurs hommes dans la fuite.
De la même manière qu'il ne répond pas à la question de savoir si le Fatah et l'Autorité Palestinienne ont ou non délibérément abandonné Gaza pour que le Hamas "s'y retrouve dans la merde".
Enfin, deux anciens officiers de la sécurité du Hamas ont affirmé que lorsque les combattants Hamas sont arrivés dans le quartier général de la sécurité, ils ont trouvé les bâtiments vides, ce qui les a obligés à en prendre le contrôle pour les protéger contre le pillage.
Source : Palestine Info
Traduction : MR pour ISM
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