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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Danser sur l'air de Sharon

Par

Hasan Abu Nimah est l'ancien Représentant permanent de la Jordanie aux Nations Unies et habite à Amman.

Quand Sharon a commencé à parler de son intention de quitter Gaza il y a plus d'un an, les réactions en Israel et l'étranger étaient variées.
Certains doutaient de la sincérité de Sharon, craignant que ce soit seulement un écran de fumée pour détourner l'attention des accusations grandissantes de corruption à son égard.
D'autres ont cru qu'il était profondément inquiet concernant "la menace démographique" croissante - le fait que les Juifs soient maintenant en minorité sur l'ensemble des terres gouvernées par Israel -- et qu'en abandonnant Gaza qui est fortement peuplée, Israel pourrait gagner un peu de temps.

Mais Sharon avait dit très clairement dès le début que Gaza n'était pas un endroit où les Juifs allaient rester indéfiniment, et que maintenir la présence de moins de huit mille colons pour un coût astronomiquement élevé n'était plus viable.

Ce dernier facteur semble être celui qui a pesé le plus, même si les autres ont également joué un rôle.

Le débat sur le sujet, y compris la rude opposition montrée par de larges secteurs de la société israélienne, les menaces de violence et de perturbations par les colons et les tergiversations officielles, justifient certaines déductions.

L'une est qu'Israël a vraiment conclu que la bande de Gaza, déjà massivement peuplée et avec un taux de natalité élevé chez les Palestiniens "hostiles", ne sera jamais un endroit approprié pour la colonisation et l'expansion israéliennes, et donc plus le départ se fera vite, moins il sera douloureux.


L'idée d'abandonner Gaza n'est pas nouvelle.

À plusieurs occasions, Israël a proposé un accord qui impliquerait de laisser Gaza, et permettrait même aux Palestiniens de l'appeler un Etat. Mais aucun de ces projets n'a obtenu beaucoup de détermination.

Même lorsque Gaza est devenu un fardeau inutile pour les Israéliens, ils s'abstenaient toujours de l'abandonner juste comme ça, parce que la tradition israélienne est de ne pas partir sans en obtenir un bénéfice. La manipulation d'Israël du plan de "Désengagement" actuel est clairement basée sur cette tradition. Cela mène à la seconde déduction.


Israël, qui s'est considérablement et chèrement confronté à la résistance dans la bande de Gaza, ne veut pas donner l'impression que le retrait est un signe de faiblesse et donc une récompense au "terrorisme palestinien." Israël titube de la perception qu'il a été forcé de quitter le Liban en 2000.

Pour éviter cela, Israël est parvenu tout à fait avec succès, avec le consentement américain, arabe, européen et celui de l'Autorité Palestinien à présenter le plan de Gaza comme si c'était une grande concession pour la paix.

Plutôt que de voir le départ planifié d'Israël comme une retraite inévitable dictée par la rude résistance palestinienne, et par conséquent une leçon qu'Israël répond seulement à ceux qui lui fixent des limites, on lui a accordé une respectabilité et a été compté comme une réussite du Quartet et comme une avancée potentielle dans la réalisation de la Feuille de Route moribonde.

Sharon a été applaudi à Washington, par de nombreux européens et même par des capitales arabes pour sa politique audacieuse.



Il y a eu beaucoup d'articles de journaux et de commentaires au sujet du "sacrifice douloureux d'Israël", et il n'y a aucun doute que les bousculades mises en scène et exagérées entre les soldats israéliens et les colons angoissés seront présentées comme une autre preuve de la détermination de Sharon.

Tout cela est conçu pour mener à l'impression qu'Israël fait une faveur au monde. Ceci mène à la troisième déduction.


Sharon ne va pas entreprendre le grand "sacrifice" de donner Gaza sans demander un prix très élevé. Et déjà, l'industrie du processus de paix international est tellement désireuse de le soutenir qu'elle n'ose pas le questionner sur son action persistante à remplir ce qui reste de la Cisjordanie avec des colons.

Le jour après que les ministres des affaires étrangères du Quartet se soient réunis à Londres, la semaine dernière, et qu'ils aient exprimé leur "soutien" et leur "optimisme" pour le projet de Gaza, Israël a donné sa réponse en annonçant un plan pour doubler le nombre de colons dans la vallée du Jourdain Occupée et les rives nord de la Mer Morte près de Jericho.


Sharon et ses conseillers ont déclaré clairement maintes et maintes fois qu'ils n'ont aucun intérêt dans la Feuille de Route du Quartet et aucun intérêt dans un accord définitif avec les Palestiniens.
N'est-il pas temps que le monde prenne Sharon au mot?

Israël ne parle même pas de "se retirer" de Gaza, parce qu'en fait, il change simplement la forme de l'occupation. Les forces israéliennes doivent être au coeur de Gaza seulement pour protéger les colons.

Une fois que les colons seront partis, Israël pourra occuper Gaza à distance; il contrôlera toujours la terre de Gaza, la mer et le ciel et les Palestiniens à l'intérieur seront les prisonniers d'Israël tout comme ils le sont maintenant.

Le ministre des Affaires Etrangères d'Israël a même averti qu'après le "désengagement", son pays se réserve le droit d'entrer dans Gaza et de bombarder les Palestiniens à l'intérieur quand cela lui conviendra.


Bien que le présent fournisse plus qu'assez de preuves des intentions hostiles et expansionnistes de Sharon, ceux qui recherchent la paix dans la région se doivent également de tirer des enseignements du passé. La stratégie de Sharon n'a pas changé d'un yota.

Le défunt président israélien, Ezer Weizman, a rappelé dans ses mémoires qu'en 1977, Sharon a proposé au gouvernement israélien d'établir des colonies dans le Sinai "dont le seul but était d'obstruer la paix ou de servir de monnaies d'échange dans les négociations," avec l'Egypte.

Aujourd'hui, Sharon fait essentiellement la même chose, en prétendant qu'il donne quelque chose.

Ceux qui félicitent Sharon ne lui fournissent pas un soutien pour entreprendre une avancée "courageuse", pour employer le mot du Président français Jacques Chirac, mais fournissent à Sharon une couverture pour annexer la Cisjordanie et mettre les résultats catastrophiques de la gestion accablante d'Israël à Gaza sur quelqu'un d'autre.

Mais le silence et l'inaction (ou l'action erronée et anodine, comme la nomination de l'ancien président de la Banque Mondiale comme représentant à Gaza) dominent et le retrait de Gaza doit être considéré comme positif et constructif, peu importe si le prix à payer par les Palestiniens est élevé.


La déduction finale est que la direction palestinienne s'est placée dans une position où elle doit accepter cette misérable situation sinon elle sera accusée d'avoir manqué une autre grande "occasion" ou "une offre généreuse".

Et si Israël, après tout, décide de rester à Gaza, ou que le "Désengagement" se passe mal, les Palestiniens seront blâmés d'avoir échoué à "désarmer les organisations terroristes".

En même temps, les Palestiniens seront invités à créer une démocratie modèle de type scandinave à Gaza, bien que naturellement une seule produira des résultats acceptables pour les Etats-Unis et Israël, ce qui signifie en pratique des élections plus rigoureuses et la brutalité des services de sécurité pour priver le Hamas et d'autres partis de la représentation démocratique.


C'est bizarre de voir un autre chapitre de l'histoire de ce conflit écrit avec tellement de déformation et de trahison de la vérité.

La vérité toute nue est que c'est Israël qui est intransigeant, hostile et agressif, et non les Palestiniens qui sont supposés tirer bénéfice d'un plan douteux qui est chargé de mauvaises intentions et de danger.

Les Israéliens ont essayé une ruse semblable au Liban avant qu'ils aient été forcés de partir en courrant du sud. Israël a voulu entrer dans des négociations avec le Liban pour transformer un retrait obligatoire en un accord mutuel avec des avantages pour eux-mêmes.

Les Libanais ont refusé de s'engager dans ces négociations et Israël a dû finalement se rendre. Les Palestiniens devraient faire la même chose. Ils devraient prendre la décision d'empêcher Israël de transformer un fardeau en avantage.

Ce serait une punition pour les Israéliens, non pour les Palestiniens, si le retrait était retardé.

La direction palestinienne ne devrait pas s'impliquer dans un projet conçu seulement pour sauver Israël à leurs frais.

Ni l'Egypte ou les autres états qui collaborent à cette entreprise et contribuent à une nouvelle phase dans l'occupation israélienne et le siège de Gaza.



A lire : Piégés comme des Rats - PENGON

Source : The Electronic Intifada

Traduction : MG pour ISM

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