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Palestine - 1 janvier 2006
Par Diana Buttu
Diana Buttu est un avocat Palestino-Canadien.
Les prochaines élections du Conseil Législatif Palestinien auront lieu ce mois, et très certainement, Israel essayera de s'assurer que ces élections ne soient pas libres.
Soit en déterminant des candidats palestiniens et des partis politiques, soit en bloquant la participation des Palestiniens en érigeant des checkpoints militaires, ou soit en refusant aux prisonniers politiques palestiniens le droit de vote (malgré le fait que beaucoup de prisonniers palestiniens sont eux-mêmes des candidats pour les élections du Conseil Législatif Palestinien), l'auto-proclamée "seule démocratie au Moyen-Orient" essayera de s'assurer que l'exercice de la démocratie pour les Palestiniens ne soit pas libre.
La démocratie a toujours été une partie essentielle de la vie politique palestinienne.
Peu après le début de l'occupation militaire par Israël en 1967 de la bande de Gaza et de la Cisjordanie (y compris Jérusalem-Est), les Palestiniens votaient pour les élections municipales.
Pendant le premier Intifada, les Palestiniens déterminaient les responsables de l'Intifada et, en prison, les Palestiniens ont continué de choisir leurs représentants par le processus électoral.
Après la signature des Accords d'Oslo, les Palestiniens votaient pour les élections législatives et présidentielles.
Cependant, les élections palestiniennes internes ont été toujours importunées par une interférence israélienne. Lors des premières élections municipales palestiniennes en 1976, Israël a essayé de bloquer la participation des candidats soutenus par l'OLP.
L'interférence israélienne ne s'est pas arrêtée là : en juin 1980, Israël a essayé d'assassiner trois des maires élus et plus tard il a expulsé deux autres maires en Jordanie.
Pendant les élections de 1996, le gouvernement israélien a essayé d'empêcher les Palestiniens de Jérusalem-Est d'exercer leur droit de vote.
Plus tard en 2003 et en 2004, et malgré la demande de "réforme" d'Israël, Israël a empêché la tenue d'élections palestiniennes. En outre, en dépit du soutien international pour les élections présidentielles palestiniennes en 2005, Israël a encore bloqué le libre exercice de la démocratie en empêchant les Jérusalemites Palestiniens de voter librement et en installant des checkpoints militaires dans l'ensemble de la Cisjordanie .
De nouveau, les Palestiniens de la Cisjordanie et de la bande de Gaza font devoir voter.
Les prochaines élections du Conseil Législatif Palestinien auront lieu ce mois, et très certainement, Israël essayera de s'assurer que ces élections ne soient pas libres.
Soit en déterminant des candidats palestiniens et des partis politiques, soit en bloquant la participation des Palestiniens en érigeant des checkpoints militaires, ou soit en refusant aux prisonniers politiques palestiniens le droit de vote (malgré le fait que beaucoup de prisonniers palestiniens sont eux-mêmes des candidats pour les élections du Conseil Législatif Palestinien), l'auto-proclamée "seule démocratie au Moyen-Orient" essayera de s'assurer que l'exercice de la démocratie pour les Palestiniens ne soit pas libre.
Cependant, en dépit des difficultés, les Palestiniens, comme par le passé, l'emporteront certainement.
Que ce soit avec les résultats des élections de 1976, dans lesquelles 96 des 116 candidats étaient des partisans de l'OLP, aux élections du Conseil Législatif Palestinien en 1996 lors desquelles les Jérusalemites Palestiniens ont réussi à voter pour la première fois dans l'histoire ou lors des élections de 2005 quand la communauté internationale a fait pression sur Israël pour qu'il ouvre les bureaux de vote à Jérusalem-Est, les Palestiniens ont démontré leur détermination dans l'exercice de la démocratie.
Néanmoins, alors que les Palestiniens ont pu surmonter les tentatives d'Israël pour bloquer les élections, une chose gêne la véritable application de la démocratie : L'occupation militaire israélienne.
Ce qui semble être perdu pour beaucoup (mais pas perdu pour les Palestiniens) c'est l'ironie d'appliquer la démocratie en vivant sous l'autorité militaire israélienne.
Tandis que les Palestiniens peuvent voter pour élire leurs propres responsables, ils ne peuvent pas voter pour déterminer leur propre futur. Les sondages d'opinion publique indiquent que la principale préoccupation des Palestiniens n'est pas la santé, l'éducation ou les impêts mais l'occupation militaire et le refus de liberté par Israël.
Les candidats qui seront élus au cours de l'élection de ce mois seront toujours sous l'emprise d'Israël, puisqu'ils devront obtenir des autorisations israéliennes afin de pouvoir se déplacer d'un secteur palestinien à un autre.
En bref, quelque soit le nombre d'élections, le nombre de candidats et le nombre de partis politiques, rien ne pourra changer le fait que la démocratie palestinienne ne sera pas totale jusqu'Ã ce que les Palestiniens obtiennent leur liberté.
Ce n'est pas, cependant, un appel à ne pas voter. Au contraire. En dépit de la vie sous la réglementation militaire d'Israël, l'occupation ne peut pas être utilisée comme une excuse pour empêcher le développement politique, social et culturel palestinien, tout cela doit être influencé par officiels Palestiniens élus.
Les élections fourniront aux Palestiniens une occasion de déterminer sous quel type de gouvernement ils souhaitent vivre. Bien que ce ne soit pas la première fois que les Palestiniens se rendront aux bureaux de vote pour les élections du Conseil Législatif Palestinien, c'est la première fois que les Palestiniens auront l'oppportunité de choisir leur acceptation ou leur dissidence des membres du Conseil Législatif Palestinien et des partis politiques existants.
Le mot "réélire" - longtemps absent du discours politique palestinien - sera à nouveau rétabli et les Palestiniens pourront déterminer s'ils sont satisfaits du gourvenement existant ou s'il est temps de changer.
Les anciens membres du Conseil Législatif Palestinien devront montrer leur expérience professionnelle et les nouveaux candidats devront démontrer leur capacité Ã faire mieux.
Mais au delà des slogans et des affiches de campagne qui tapisseront les rues du Territoire Palestinien Occupé, tous les candidats et partis devront répondre à un certain nombre de questions et démontrer leur capacité à mener et à représenter les gens qui vont les élire.
Ils devront décrire leur vision de l'avenir et,de leur cêté, les Palestiniens devront se demander comment, en tant que communauté et en tant que nation, ils veulent être internationalement représentés politiquement, culturelement et socialement.
En outre, toutes les partis seront forcés d'affronter la question fondamentale pour les Palestiniens : Comment ont-ils l'intention d'aborder l'occupation militaire d'Israël.
Il n'est pas suffisant de déclarer simplement son opposition à l'occupation (comme le déclareront sans aucun doute tous les partis) - ce qui est nécessaire (et ce qui a tellement désespérément manqué), c'est une stratégie pour affronter l'occupation militaire d'Israël et libérer les Palestiniens de la mainmise d'Israël.
Ils devront proposer une stratégie pour stopper le flot de colonisation israélienne qui a lieu en Cisjordanie ; ils devront décrire comment ils ont l'intention d'arrêter la destruction par Israël des maisons palestiniennes et devront expliquer comment ils créeront une économie et un état palestiniens indépendants qui ne soient pas en grande partie basés sur l'aide étrangère.
Bien que je sois consciente du déséquilibre de pouvoir entre un occupant et le peuple qu'il occupe, cela ne signifie pas que les Palestiniens sont impuissants.
Les Palestiniens ont la capacité de gagner le soutien pour mettre fin à l'occupation d'Israël et il est temps maintenant de l'utiliser.
Sans de telles stratégies, les partis politiques palestiniens ne feront pas grand chose pour réaliser le rêve des Palestiniens d'une véritable et totale démocratie exercée quand un peuple est libre.
Source : http://www.thisweekinpalestine.com/
Traduction : MG pour ISM
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