Israël - 26 mars 2004

Des leçons sur l’Apartheid : La solution de Sharon.

Par Mike Whitney

> fergiewhitney@msn.com

"Sharon est quelqu’un qui croit que l’on résout les choses par la force. Depuis qu’il était jeune soldat, il a été plus ou moins éduqué à croire qu’on résout les problèmes par la force."
Uzi Benjamin, journaliste chroniqueur à Ha’aretz

" Et nous sommes là, comme sur une plaine qui s’assombrit
Balayés de confuses alarmes de lutte et de fuite,
Où des armées ignorantes s’affrontent dans la nuit."
Mathew Arnold, La plage de Douvres.

La feuille de route de Bush sera pavée de Palestiniens.

Sharon va s’en occuper.

Mais à son rythme actuel de 2800 Palestiniens (tués) tous les trois ans, il ferait bien d’accélérer. Il y a encore 3 millions d’ « obstacles à la paix » en Cisjordanie et à Gaza qui vont lui compliquer la tâche.

De toutes les gaffes commises par Sharon ne tant que Premier Ministre, assassiner Sheik Yacine a été la pire. Maintenant, le monde entier voit de ses yeux son sale travail .Un paraplégique de soixante-dix ans explosé devant une mosquée, la moitié de sa tête calcinée arrachée et son cerveau répandu dans la rue à côté de lui (disponible sur Internet).


A votre avis, quel est l’impact de cette image ?

Pensez-vous que les légions d’apologistes israéliens qui ont pris d’assaut les médias américains peu après l’assassinat, envahissant les écrans de télé et les émissions de radio pour répéter comme des perroquets leurs âneries sur « la guerre contre le terrorisme », ont changé les sentiments nés de cette seule image ?

Les gens savent reconnaître un assassinat quand ils en voient un, et celui-ci appartenait à la pire espèce de massacre d’état « calculé » qu’on puisse imaginer.

Il nous faudrait remonter en arrière d’environ un an, à la fête médiatique extravagante de l’opération « Choc et terreur » (où la télé initiait ses téléspectateur fascinés aux joies du bombardement de civils sans défense), pour trouver un évènement aussi révoltant.

Aucune personne sensible aux évènements du Moyen Orient n’a la moindre illusion sur les intentions de Sharon. Cet assassinat était orchestré pour faire monter la violence dans la région et déguiser les futures annexions de terres palestiniennes.


Fin de l’histoire.

Et il n’est pas étonnant que l’escadron va-t-en-guerre de Bush ait tacitement approuvé cette action, en bloquant une résolution unanime de l’ONU condamnant cet assassinat. Les gens de
La Maison Blanche ne s’inquiètent jamais du fait que des citoyens américains courent de plus grands risques à cause de leurs actes.

Rien de tout cela n’a ralenti la croissance inexorable de l’activité dans les colonies. L’augmentation des constructions y a atteint 35% l’an dernier, en dépit d’une initiative de paix américaine demandant le gel complet de celles-ci. On rationalise cela sous le nom de « croissance naturelle », une théorie qui ressemble à la « Destinée Manifeste », qui légitimait le vol des terres amérindiennes et la déportation des populations dans des réserves.


Peu de choses ont changé.

Rien de tout cela n’a eu d’influence sur le flot prodigieux de ressources venant des USA ;
9 milliards de dollars de prêts garantis cette seule année. Toute action, quelle que soit sa brutalité, continue d’être payée par le contribuable américain, phénomène qui n’est pas passé inaperçu dans les capitales du monde.

La violence dirigée contre Sheik Yacine n’était ni personnelle, ni nécessaire pour des raisons de sécurité. Elle ne peut qu’être appréciée dans le contexte du grand plan de Sharon de « désengagement unilatéral », sobriquet à l’air officiel pour « apartheid ».

L’exécution finale de ce plan est la culmination du travail de toute la vie de Sharon. Il est clair qu’il veut être celui qui « a résolu » le « problème palestinien » ; l’homme qui a créé cet archipel d’enclaves surpeuplées, où les gens du mauvais groupe ethnique sont enfermés dans des prisons miniatures.

L’administration Bush a donné son imprimatur à ce sinistre plan. En fait, on dirait que les USA sont en train d’appliquer la même politique à Bagdad, mais sur une beaucoup plus grande échelle.

Alors que les troupes américaines se retirent dans un périmètre sous la bannière de la « souveraineté », (les absolvant de leur responsabilité d’assurer la sécurité des Irakiens)
Bagdad deviendra peut être bientôt la nouvelle Cisjordanie .

Et vous pensiez qu’on ne pouvait rien apprendre de ses amis ?

Source : www.counterpunch.com

Traduction : Jean-Luc Mercier pour ISM-France