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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Discours du Dr. Hisham Bustani, de l'Alliance du Peuple Arabe Résistant

Par

Discours retransmis par vidéo conférence au 1er Congrès du CARC (Partito dei Comitati di Appoggio alla Resistenza – per il Comunismo – Parti des Comités de Soutien à la Résistance – pour le communisme), 19 et 20 mai 2007, à Viareggio (Italie).

Bonjour Camarades, Je vous salue et vous transmets les salutations et le soutien du Forum de la Pensée Socialiste de Jordanie, et le soutien de l'Alliance du Peuple Arabe Résistant, qui est l'organe de coordination de nombreuses organisations arabes qui, comme vous, reconnaissent l'importance et le rôle central de la résistance en ce moment particulier de l'histoire.

La résistance n'est PAS une réaction, mais un processus qui rétablit l'existence humaine sur les bases de la justice et de la dignité. La résistance est un processus révolutionnaire de réintroduction de l'individu et de la société comme moyen et but d'un vaste effort de libération contre l'impérialisme et ses mécanisme, contexte, modèle et évolution historique désastreux.

Camarades,

Je vous remercie de m'avoir invité à participer au Premier Congrès des Comités de Soutien à la Résistance – Pour le Communisme, en Italie, et je vous demande de m'excuser de ne pas pouvoir participer en personne, à cause d'engagements antérieurs, mais j'ai été très intéressé par le fait que votre parti est fortement engagé dans la Résistance, qu'il en a fait un élément clé de la forme condensée dans laquelle il se présente, c'est-à-dire son nom.

Ceci reflète une compréhension dynamique de la situation actuelle, et c'est aussi évident dans le choix de la personnalité sous l'égide de laquelle vous avez placé votre réunion, Antonio Gramsci, qui fut un véritable innovateur, ouvrant de nouveaux horizons de compréhension qui sont toujours d'actualité et valides aujourd'hui, en particulier les concepts de Révolution passive, de Guerre des positions et son analyse de la Société civile et du rôle des intellectuels.

Gramsci avait un regard critique très actif, et c'est ce regard qui est absolument nécessaire aujourd'hui pour voir l'état actuel de l'Impérialisme, et l'état des forces anti-impérialistes.

Je n'ai pas besoin de revenir sur la crise de l'impérialisme. Les Etats-Unis se retrouvent actuellement dans un énorme merdier en Irak, grâce à la courageuse résistance armée du peuple irakien. Les Etats-Unis et leur allié "Israël" ont subi une lourde défaite l'été dernier grâce à la résistance libanaise, alors qu'en Palestine, le peuple se bat activement tous les jours contre le projet sioniste, en dépit d'un embargo et un siège économiques et politiques, dans lesquels l'Europe joue un rôle clef.

En conséquence de la crise, les Etats-Unis changent continuellement de tactiques : un jour ils parlent de "réforme" et de "démocratie", le lendemain ils mettent en avant une approche sécuritaire "anti-terroriste" ; un autre jour, ils envisagent une attaque terrible contre l'Iran, et ensuite ils essaient de discuter avec les Iraniens, etc.

Nous vivons en ce moment des moments historiques. Historiques au sens où c'est MAINTENANT le bon moment pour que les forces anti-impérialistes se mettent en mouvement, et s'assurent de la défaite de l'impérialisme dans la région arabe. Si les Etats-Unis sont vaincus en Irak, ce sera un coup majeur porté à TOUS les projets de "rêve impérialiste" : depuis le soi-disant "Nouveau Moyen-Orient" au niveau géopolitique ; à l'abandon des droits des travailleurs sur l'autel de la globalisation et de l'économie néo-libérale ; jusqu'à l'élimination totale de l'être humain par des lois oppressives sous la bannière de "l'Anti-Terrorisme", les détentions secrètes, les déportations secrètes de gens, et les actes abominables de torture.

Je dis que MAINTENANT est le moment historique de porter un formidable coup à l'impérialisme, mais la question importante, c'est : faisons-nous un effort actif pour y arriver ? Sommes-nous prêt pour cette tâche historique ? Chacun de nous comprend-il la nécessité et la complexité de son rôle ?

Les Etats-Unis n'attendront pas que le mouvement anti-guerre en Europe et ailleurs se décide sur le soutien ou non à la lutte armée en Irak, au Liban et en Palestine !

En avril dernier, nous avons commémoré la 4ème année de l'invasion de l'Irak et ce mois-ci, le 15 mai, nous avons commémoré la 59ème année de la Catastrophe en Palestine et la création de l'entité sioniste "Israël". Allons-nous attendre encore 59 ans, ou plus, jusqu'à ce que la Palestine se répète en Irak – ou pire -, pour commencer à reconnaître le droit normal des peuples à résister à l'occupation par tous les moyens, et en particulier par la résistance armée ?

Pouvons-nous nous payer le luxe d'attendre qu'un mouvement de résistance qui concorde avec nos visions spécifiques surgisse, alors que l'occupation continue à tuer des gens, nous met devant le fait accompli, et contre-attaque ?

Si nous voulons que l'impérialisme soit vaincu en Irak, il est d'une importance capitale de mobiliser en Italie, en Europe, sur toutes les scènes du mouvement anti-guerre, pour le soutien inconditionnel des mouvements de résistance armée dans la région arabe, qui sont tous qualifiés de "terroristes" par les standards officiels des Etats Unis et de l'Union Européenne.

Pendant que nous restons assis à attendre, l'impérialisme avance. Laissez-moi vous en dire plus en quelques points :

Un premier point : En raison du manque de soutien à la résistance libanaise, et bien qu'elle ait réussi à défaire l'agression sioniste l'été dernier, l'Union Européenne et autres troupes internationales ont été déployées au Liban dans le seul but de protéger "Israël", et les forces réactionnaires à l'intérieur du Liban essaient de faire glisser le Hezbollah de son front principal, qui est de combattre les plans US et israéliens, vers une bataille intérieure avec le gouvernement !

Un autre point : En raison du manque de soutien à la résistance en Palestine, et de l'échec à faire face à l'embargo politique et économique imposé au gouvernement Hamas élu, parmi d'autres facteurs internes et externes, nous avons vu la transformation de la bataille en Palestine d'une bataille ouverte avec les sionistes à un conflit intérieur grandissant entre les deux factions palestiniennes principales d'un gouvernement qui est basé sur les Accords d'Oslo, un gouvernement qui tire sa légitimité de la reconnaissance de l'occupation sioniste, et un gouvernement qui ne peut pas réellement gouverner, sauf à être une force de sécurité par procuration pour les Israéliens.

Dernier point : En raison du manque de soutien à la résistance irakienne, les Etats-Unis ont partiellement réussi à renforcer les factions sectaires et mentent au monde en expliquant que la Résistance irakienne n'est pas autre chose qu'une faction d'un processus de guerre sectaire.

La crise de l'impérialiste est une réalité, mais ELLE N'EST PAS UNE FATALITE, parce que nous sommes nous aussi en crise ; si nous travaillons dur à unir nos efforts, nous tous comme RESISTANTS – pas seulement comme soutiens à la résistance-, et si nous travaillons dur à radicaliser les masses sur des positions sous-tendues par des principes et plus objectives, il sera possible d'en venir à bout.

En définitive, je souhaite proposer à votre congrès quelques tâches qui peuvent être utiles dans ce contexte :

Première tâche : Pousser pour le soutien à la résistance armée dans la région arabe, et en tant qu'outil, on peut utiliser l'expérience de la Résistance armée contre le fascisme en Europe. Il faut briser, en Europe, le tabou du soutien aux luttes de résistance armée.

Deuxième tâche : Il faut mener des actions contre toute coopération, aide, visites… italiennes ou européennes avec le gouvernement irakien fantoche. Même le plus petit geste envers ce gouvernement clientéliste en Irak doit donner lieu à de fortes protestations et doit être dénoncé.

Troisième tâche : Il faut que les troupes de l'Union Européenne et étrangères quittent le Liban et ceci nécessite une pression massive des peuples d'Europe. L'intervention franco-US au Liban doit également être combattue.

Quatrième tâche : l'embargo politique et économique sur la Palestine doit être fortement combattu, et en même temps, faire des campagnes de sanctions, désinvestissements et boycott contre "Israël".

Cinquième tâche : La politique du "deux poids – deux mesures" et la distorsion sur la question de la Palestine doivent être dénoncées. Le problème palestinien n'a PAS commencé en 1967, et il faut en finir avec l'aveuglement ou l'amnésie de masse sur l'occupation de 1948 de la terre arabe et du mouvement sioniste bien avant cette date. Je ne sais pas comment on pourrait trouver acceptable une partie de l'occupation (celle de 1948) et rejeter l'autre (celle de 1967).

Un effort doit démarrer en Europe et ailleurs pour re-introduire la lutte en Palestine comme la lutte entre le projet de libération arabe d'un côté, et le projet impérialiste-sioniste de l'autre… pour DIRE que "Israël" est une entité illégitime, et qu'il n'y aura pas de paix, pas de justice, dans la région arabe et dans le monde tant que cette entité ne sera pas éliminée.

Sixième tâche : Les camarades en Europe, en Italie, doivent faire un effort pour faire passer ce discours et cette analyse en invitant des arabes progressistes qui partagent cette ligne dans les événements locaux, continentaux et globaux. Malheureusement, beaucoup des orateurs arabes qui sont censés être les représentants de la voix arabe ne sont rien d'autres que des marionnettes sponsorisées par des ONG, et ils répètent ce qui est acceptable pour leurs sponsors.

Si vous arriviez à tout ça, nous pourrions, depuis notre région, saluer et soutenir vos efforts, en Italie et en Europe, de tendre vers une position dictée par des principes.

Septième tâche : Cela vaut la peine de mentionner que bien qu'établir un front global anti-impérialiste, d'Amérique du Sud à l'Europe à la Région arabe à l'Asie soit une tâche difficile, elle n'est PAS impossible et on peut y arriver avec davantage de coopération globale, et davantage de polarisation au niveau local.

Il y a tellement d'autres idées et sujets que j'aimerais partager avec vous, mais j'ai déjà pris beaucoup de votre temps.

Je vous salue à nouveau, et vous tends la main pour de futures coopérations.

Merci pour m'avoir offert cette opportunité, et restons UNIS DANS LA LUTTE.


Source : CARC

Traduction : MR pour ISM

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