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Palestine - 6 janvier 2008
Par Hasan Afif El-Hasan
Né à Naplouse, Palestine, le docteur Hasan Afif El-Hasan est analyste politique.
Les sionistes ne se sont pas contentés d'expulser 85% des Palestiniens natifs à l'intérieur de leur Etat israélien naissant ni de piller et détruire leurs maisons. Les Palestiniens qui ont décidé de rester dans leur patrie, les ainsi nommés "Arabes israéliens", sont soumis à des lois qui les privent de leur terre.
"La politique de la terre pour Juifs seulement en question" était le titre d'un article du journal local de ma ville aux Etats-Unis. Il raconte une histoire de discrimination au logement en Israël contre Baha, couple arabe israélien d'avocats, et Fouad Abu Raya, un dermatologue de la ville israélienne de Sakhnin, auxquels l'article se réfère en les nommant les Musulmans. Selon l'article, le couple souhaitait acheter une maison dans la ville israélienne de Karmiel.
Et, toujours selon l'article, lorsque les acheteurs sont allés au bureau local d'enregistrement de la terre pour le transfert de propriété, "l'employée leur a dit qu'elle ne pouvait procéder à ce transfert parce que la maison était construite sur une terre appartenant au Fonds National Juif (FNJ), et qu'il était illégal de vendre le FNJ à des Arabes". Le FNJ est le plus gros propriétaire terrien israélien.
Il faut rendre hommage au journal pour avoir publié cette histoire aux Etats-Unis, même si elle est enterrée dans la section "Calendrier religieux", à la page 14, suggérant soit qu'elle est sans importance, soit que c'est une information ancienne dont tout le monde se fiche puisque c'est sur des Palestiniens victimisés par Israël.
Si les Américains ordinaires qui lisent jusqu'à la page 14 découvrent Israël juste tel qu'il est, un pays pour tout les Juifs du monde mais pas pour tous ses citoyens, les Arabes israéliens vivent ce cauchemar depuis sa création.
Les Arabes israéliens représentent aujourd'hui une importante minorité de 20% de la population totale israélienne. Ils sont les descendants des Arabes palestiniens indigènes qui constituaient 85% de la population totale et qui possédaient individuellement et collectivement plus de 90% de la terre palestinienne historique avant la création de l'Etat d'Israël. Après la guerre de 1948, Israël a pris le contrôle de 5 millions d'acres de terre palestinienne (plus de 21.000 km²). Il a empêché le retour des réfugiés arabes, détruit leurs villages et s'est emparé de leurs terres et autres propriétés.
Les Palestiniens ont été chassés pour faire de la place à des millions de Juifs venant du monde entier.
Des recherches effectuées par Don Peretz ont conclu en 1954 que la majorité des immigrants juifs d'Israël vivaient dans des maisons "abandonnées" par les Arabes. Aujourd'hui, la majorité des Israéliens vivent sur la terre et dans les maisons arabes confisquées. David Hirst cite le Haaretz du 4 avril 1969 : "Les villages juifs furent bâtis à la place des villages arabes. Vous ne connaissez même pas les noms de ces villages arabes, je ne vous le reproche pas, parce que les livres de géographie n'existent plus. Non seulement les livres n'existent plus, mais les villages arabes non plus. Nahala a remplacé Mahlul, Gyat est à la place de Jibta, Sarid à la place de Haneifa et Kfar Yehoshua à la place de Tel-Shaman. Il n'y a pas un seul endroit construit dans ce pays (Israël) où il n'y avait, avant, une population arabe."
Selon l'historien Benny Morris, 213 villes et villages ont été nettoyés avant la guerre de 1948, lorsque le pays était sous mandat britannique, et 264 pendant la guerre. La signature de l'accord d'armistice n'a pas mis fin au nettoyage, et 54 localités furent ethniquement nettoyées après la signature de l'accord, selon Morris.
Les 3.000 habitants restants à Falujah et Iraq al-Manshiah ont été expulsés par les Israéliens après la signature de l'accord d'armistice, et ce ne sont que deux exemples. Le nettoyage était habituellement précédé de massacres qui terrorisaient les Palestiniens et les poussaient à fuir. 33 massacres ont été très bien documentés en 1948, tous commis par les Juifs contre les Arabes palestiniens, dont le terrible massacre de Deir Yassin, perpétré par les terroristes juifs de l'Irgun. Menachem Begin, chef de l'Irgun et futur Premier Ministre d'Israël a dit, avec une satisfaction mauvaise : "Les Arabes ont commencé à fuir de panique, en criant Deir Yassin."
Les sionistes ne se sont pas contentés d'expulser 85% des Palestiniens natifs à l'intérieur de leur Etat israélien naissant ni de piller et détruire leurs maisons.
Les Palestiniens qui ont décidé de rester dans leur patrie, les ainsi nommés "Arabes israéliens", sont soumis à des lois qui les privent de leur terre. Israël a décrété plus de 30 statuts dont l'objet est le transfert des terres privées arabes vers l'Etat. Nous parlons de terre en Israël, pas en Cisjordanie occupée, qui a été transformée en bantoustan.
Les Arabes israéliens comprennent également des réfugiés estimés en 1948 à environ 40.000 individus qui ont été expulsés de leurs maisons et sont restés dans les zones occupées par Israël pendant la guerre. Ils ont été chassés de leurs maisons en Galilée, Jérusalem Ouest, Lydda et Jafa, mais ont décidé d'aller se réfugier dans les villages voisins, espérant qu'un jour, ils rentreraient chez eux. Ils vivent en Israël, qui ne les autorise pas à revenir dans leurs maisons et villages.
Après s'être vus nier la citoyenneté pendant des années, ils sont finalement devenus citoyens israéliens mais n'ont pas le droit de réclamer leurs maisons et leurs terres, qui sont souvent à quelques mètres de leurs lieux de résidence. Ils sont devenus les "Absents-présents", un nom inventé par Israël pour signifier qu'ils sont absents de leurs maisons et présents dans l'Etat.
Il y eut une autre forme d'éviction forcée des villageois arabes, lorsqu'Israël a décidé en 1948 de dégager ses zones frontalières de toute présence arabe, à une profondeur de 4 à 8 miles (de 6 à 12 kms), créant ainsi de nouveaux réfugiés intérieurs. Les habitants de nombreux villages à l'intérieur de ce périmètre, dont Igrid et Bir'im et Tarshiha, le long de la frontière libanaise, et Zakariya près de Jérusalem, ont été expulsés de leurs maisons et de leurs fermes parce que les secteurs étaient déclarés "zones militaires".
Salman Abu Sitta a fait la liste de centaines de localités palestiniennes qui ont été ethniquement nettoyées entre 1948 et 1950. 50 ans après, ils ne sont toujours pas autorisés à rentrer chez eux alors que des colonies, des villes et des zones agricoles et industrielles pour Juifs uniquement ont été bâties sur leurs terres. Et, en décembre 1998, la Knesset a rejeté un projet de loi qui autorisait les villageois d'Igrit à revenir chez eux.
Les terres arabes confisquées n'ont été vendues ou louées qu'à des Juifs. Les Arabes ne sont pas autorisés à postuler pour leur acquisition, comme dans le cas de Baha et de Fouad Abu Raya. La majorité des terres du Fonds National Juif allouées à des Juifs seulement ont été expropriées à des propriétaires arabes et transférées au FNJ. En 1961, la superficie de terre arabe acquise par le FNJ excédait 3.500.000 dunums (3.500 km²), selon une étude de l'Université Hébraïque.
Le déni de droits civiques des citoyens arabes par la confiscation de leurs terres et le refus de les autoriser à rentrer chez eux, ou même d'acheter ou de louer une propriété parce qu'ils ne sont pas Juifs, a échappé aux hypocrites des USA qui continue à qualifier Israël de "seule démocratie au Moyen Orient", suggérant qu'Israël est une démocratie libérale.
Les politiciens et journalistes US condamnent les violations des droits de l'homme partout sauf en Israël. Ils n'ont ni le courage ni la conviction de décrire Israël comme il est, "un pays pour tous les Juifs, mais pas pour tous ses citoyens."
Source : PalestineChronicle
Traduction : MR pour ISM
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Hasan Afif El-Hasan
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