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Moyen Orient - 12 septembre 2008
Par Hasan Afif El-Hasan
Le professeur Hasan Afif El-Hasa, né à Naplouse, est analyste politique.
Où est la rage ? Où est l'esprit chevaleresque arabe (nakhwa) ? Où est la passion islamique (rahmah) ? Où sont les organisations arabes pour les droits de l'homme ? Où sont Abu Mazin et les autres dirigeants palestiniens ? L'Agence de l'ONU pour les Réfugiés dit qu'il y a environ 2.500 Palestiniens, pour la plupart des veuves et des orphelins, victimes de la violence en Irak, qui croupissent depuis deux ans sous des tentes de toile dans le désert irakien, à la frontière de la Syrie. Ces réfugiés manquent des services de base ou de structures médicales, et la température excède 50° en été, et descend au-dessous de 0° en hiver.
Réfugiés palestiniens d'Irak dans le camp d'Al Tanf, en Syrie (photo 2007)
La Syrie et la Jordanie ont accepté plus de deux millions de réfugiés d'Irak, mais elles ont refusé l'entrée aux réfugiés palestiniens qui essayaient d'échapper aux attaques et aux persécutions en Irak. Il n'y a pas de place pour ces Palestiniens infiniment vulnérables dans les pays arabes qui s'étendent de l'Océan Atlantique à l'ouest, aux côtes septentrionales de la Méditerranée jusqu'aux frontières de la Perse à l'est, et la Péninsule arabe.
Que se passerait-il si ces réfugiés étaient juifs, ou français ou japonais ?
Les Arabes ont développé une théorie selon laquelle la seule façon pour que les réfugiés palestiniens puissent rentrer chez eux est qu'ils soient maintenus pauvres, sans travail, illettrés et malades. Il n'est jamais venu à l'esprit des faiseurs de politique arabes que ce sont les Palestiniens qui ont échappé aux pièges de la pauvreté et de la misère et ont investi dans leur propre potentiel économique et éducatif personnel, maintenu vivante la cause palestinienne et défendu les causes des Arabes qui les avaient trahis. Il n'est jamais venu à l'idée des faiseurs de politique arabes que les sionistes ont utilisé toutes leurs ressources humaines et matérielles pour dessiner les politiques des puissances occidentales et triompher de tous les alliés Arabes.
Les intellectuels sionistes ont influencé l'opinion publique occidentale jusqu'à lui faire accepter l'idée que coloniser la Palestine avec des Juifs était moralement une bonne solution au problème juif. Aujourd'hui, les intellectuels palestiniens et autres arabes partageant les mêmes analyses doivent s'acharner à pour controverser les affirmations mêmes des premiers sionistes, dont Herzl, le poète hébreu Chaim Bialik et l'écrivain Joseph Berditchewski, pour ne citer qu'eux, que personne ne vivait en Palestine. Maintenir les réfugiés palestiniens dans la pauvreté et la maladie est une politique mal avisée et contreproductive, d'une perspective humanitaire et politique.
Dans tous les pays arabes, les réfugiés palestiniens sont officiellement traités comme des non personnes et stigmatisés par la population. Même les dirigeants palestiniens semblent ne pas se préoccuper des réfugiés. Entre temps, le peuple arabe a appris à tolérer les violations des droits de l'homme et les tortures qui leur sont infligées en tolérant la souffrance de leurs voisins vulnérables, les réfugiés palestiniens.
Après la première guerre arabo-israélienne et la création d'Israël, Gaza a été régie par l'Egypte et la Cisjordanie annexée à la Trans-Jordanie. Le gouvernement égyptien a eu des projets économiques agressifs pour l'Egypte, en particulier après 1952, mais il n'a jamais fait aucun projet pour les Palestiniens sous sa domination à Gaza.
La seule chose qu'il a eue pour eux, ce fut la rhétorique de recouvrer la Palestine par la force. Il n'a fait aucun effort, pendant sa gestion, pour améliorer les conditions économiques des réfugiés palestiniens et des habitants de Gaza. Ils n'avaient aucune opportunité de travail à Gaza et ils ne pouvaient pas travailler en Egypte à cause de ses lois discriminatoires. Gaza avait la deuxième concentration la plus importante de Palestiniens, après la Cisjordanie , mais l'Egypte ne leur a permis de développer aucune institution politique ou économique. Les réfugiés palestiniens vivaient dans l'incertitude sous la règle militaire égyptienne dans des camps surpeuplés, comme des mendiants dépendant des dons des Nations Unies. L'Egypte a négligé d'élargir la révolution sociale et économique arabe pour aider ses administrés arabes les plus vulnérables, les réfugiés palestiniens.
Feu l'ancien Premier Ministre libanais Hariri a été cité par le International Herald Tribune en Décembre 1998 : "Les réfugiés palestiniens ne recevront jamais de droits civiques ou économiques, ni même de permis de travail [au Liban]”. Au Liban, les réfugiés palestiniens ne sont pas autorisés à s'inscrire dans les lycées publics, et c'est pourquoi ils ne peuvent pas entrer à l'Université. Selon une étude non publiée de l'Institute for Applied Science (FAFO) à Oslo, l'analphabétisme parmi les réfugiés palestiniens adultes au Liban dépasse 20%, 40% abandonne l'école à l'âge de 11 ans et le chômage dépasse 65%.
Après avoir perdu leurs maisons et trouvé refuge dans les nouveaux lieux disponibles, les réfugiés palestiniens sont tombés sous la dépendance de l'UNWRA pour leurs besoins et services fondamentaux, et pour quelques emplois. L'UNRWA est une organisation humanitaire et ne fournit ni protection ni autres garanties politiques.
Les peuples d'Islande et de Suède ont de plus grands cœurs et plus de compassion pour les réfugiés palestiniens que leurs frères arabes et musulmans. Trente femmes et enfants palestiniens vivant dans les camps de la frontière irako-syrienne "doivent partir pour s'installer en Islande" et "la Suède accepte d'en prendre 155", selon les informations. La communauté palestinienne d'Irak, qui comprenait plus de 30.000 personnes avant que les USA ait apporté la démocratie (lire l'anarchie) en Irak a été réduite à quelques milliers vivant sous de fausses identités pour échapper aux persécutions des Irakiens et rester en vie.
Il est triste de constater que les réfugiés aient été traités comme des inférieurs, d'un point de vue social, et discriminés par leurs gouvernements et communautés d'accueil. Il en est résulté des frontières et de l'animosité entre réfugiés et non réfugiés. Le manque de compassion envers les faibles et les pauvres parmi les Arabes, et une conduite inhumaine et grossière, sont-ils devenus le label des régimes et des peuples arabes ? La réponse est un oui net, et nous avons des exemples pour le prouver !
Les Arabes ont copié et reproduit le comportement inhumain des colonialistes. Les états arabes ont coopéré avec Israël en perpétrant des crimes qui sont considérés comme un génocide contre les Palestiniens à Gaza. Les états arabes soutiennent le blocus paralysant de la Bande, où de nombreux Gazaouis meurent chaque jour par manque de médicaments et de nourriture. Quelle ironie que les seules personnes à avoir défié le blocus aient été des activistes occidentaux et juifs, arrivant dans la Bande de Gaza depuis Chypre par bateaux.
En 1982, Ariel Sharon, l'ex commandant militaire israélien impitoyable, fut responsable de l'un des crimes de guerre les plus choquants contre les réfugiés palestiniens au Liban. Mais ce sont des unités phalangistes libanaises arabes qui ont commis le massacre où des milliers de réfugiés palestiniens, dont des femmes et des enfants, furent massacrés dans les camps de Sabra, Shatila, Tel al-Za’atar et Dbayyeh.
Les Arabes perdent leur âme et leur conscience lorsqu'ils acceptent que des veuves et des enfants innocents soient torturés dans le désert, juste parce qu'ils sont des réfugiés palestiniens. Pas étonnant que les systèmes judiciaires du monde arabe aient été universellement assimilés à la torture et aux violations des droits de l'homme. La menace la plus terrifiante pour un prisonnier en garde à vue aux USA, même dans l'infâme base américaine de Guantanamo, est d'être renvoyé dans un pays arabe pour y être interrogé.
Il y a juste une semaine, Abu Mazin a assuré aux réfugiés palestiniens au Liban qu'ils seraient "parmi ceux qui reviendraient sur leur sol [en Israël]”, une rhétorique qu'ils entendent depuis soixante ans. Il a aussi exprimé sa satisfaction de leurs conditions de vie au Liban, même avec "quatre-vingt quinze sortes de boulot interdits aux Palestiniens par la loi".
Abu Mazin et tous les dirigeants arabes n'ont aucune crédibilité lorsqu'ils parlent de la Palestine tant que des orphelins et des veuves croupiront dans le désert irakien, et que les enfants de Gaza iront se coucher le ventre vide et qu'ils ne pourront pas regarder vers l'avenir.
Source : The Palestine Chronicle
Traduction : MR pour ISM
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