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Palestine - 26 juin 2008
Par Saree Makdisi
Un cessez-le-feu vient d'entrer en effet à Gaza cette semaine, offrant quelque répit à la violence qui a tué des centaines de palestiniens et cinq israéliens ces derniers mois.
Cependant, cela ne servira pas à aborder la cause sous-jacente du conflit israélo-palestinien.
La violence spectaculaire intermittente peut attirer l'attention du monde sur les territoires palestiniens occupés, mais notre obsession de la violence nous détourne de la nature réelle de l'occupation israélienne, qui est son étouffant contrôle bureaucratique de la vie quotidienne des Palestiniens.
C'est une occupation finalement imposée par les tanks et les bombes, et par l'intermédiaire de la menace omniprésente, même si elle n'est pas appliquée, de la violence. Mais ses instruments premiers sont les demandes de formalités, les permis de résidence, les registres de population, les titres de propriété. C'est pour cela qu'aucun cessez-le-feu ne soulagera les Palestiniens accablés.
Gaza est virtuellement coupée du monde environnant par le pouvoir israélien. Ailleurs, en Cisjordanie et à Jérusalem Est, l'occupation israélienne en cours infuse complètement toutes les activités normales et banales de la vie quotidienne des palestiniens : solliciter la permission d'accéder à sa propre terre, solliciter ce qu'Israël considère comme le privilège – et non le droit - de vivre avec son épouse et ses enfants, solliciter la permission de conduire sa voiture ; de creuser un puits ; de rendre visite à des parents dans la ville voisine ; de visiter Jérusalem ; d'aller au travail ; à l'école ; à l'université ; à l'hôpital.
Il n'y a presque aucun domaine de la vie quotidienne en Palestine qui ne soit gérée en détail par les militaires israéliens ou le personnel bureaucratique.
Cette occupation de la vie quotidienne rend en partie les Israéliens capables de maintenir leur contrôle vigilant de la population palestinienne. Mais elle sert le dessein de faire partir lentement, graduellement les Palestiniens de leur terre, les forçant à faire de la place aux colons juifs.
Dans la seule année 2006, par exemple, Israël a dépossédé 1.363 Palestiniens de Jérusalem du droit de vivre dans la ville où beaucoup d'entre eux étaient nés. Il a fait cela non pas en obligeant dramatiquement des dizaines de personnes à monter dans des camions à un moment donné et en les déversant aux limites de la ville, mais plutôt en les dépouillant discrètement, un par un, de leurs papiers de résidence à Jérusalem.
Cela est rendu possible par une série de procédures bureaucratiques. Pendant qu'Israël continue de violer le droit international en construisant exclusivement des colonies juives à Jérusalem Est, il délivre rarement des permis de construire aux résidents palestiniens qui vivent dans la même ville.
Depuis 1967, le tiers de la population de Jérusalem qui est palestinienne s'est vue délivrer seulement 9% des permis de construire officiels délivrés par la ville. Le résultat est une abondance croissante de logements pour les Juifs et une grave pénurie de logements pour les non-juifs, c'est-à-dire les Palestiniens.
En fait, 90% du territoire palestinien qu'Israël affirme avoir annexé à Jérusalem après 1967 est aujourd'hui interdite adu développement palestinien parce que la terre est soit déjà construite par des colonies exclusivement juives soit réservée pour leur future expansion.
N'ayant pas de permis de construire, beaucoup de Palestiniens de Jérusalem construisent sans, mais ils prennent un risque considérable : Israël démolit systématiquement les maisons palestiniennes construites sans permis. Cela revient à plus de 300 maisons à Jérusalem Est démolies entre 2004 et 2007 et 18.000 maisons palestiniennes démolies dans les territoires occupés depuis 1967.
Une alternative est de déménager en banlieue, en Cisjordanie , et de faire le trajet entre son domicile et Jérusalem. Le mur qui coupe Jérusalem Est de la Cisjordanie , et qui par conséquent, sépare des dizaines de milliers de Palestiniens jérusalémites de leur ville natale a rendu cela encore plus difficile.
Et cela a aussi ses risques : les Palestiniens qui ne peuvent pas justifier, à la satisfaction d'Israël, que Jérusalem a été sans interruption leur « centre de vie », sont dépouillés de leurs papiers de résidence à Jérusalem. Sans ces papiers, ils seront expulsés de Jérusalem, et confinés dans l'une des réserves entourées de murs -dont Gaza est seulement le meilleur exemple- qu'Israël a attribuées comme camps de détention à la population non juive de la terre sainte.
L'expulsion de la moitié de la population musulmane et chrétienne lors de ce que les Palestiniens appellent la Nakba (la catastrophe) de 1948 a été entreprise par les fondateurs d'Israël dans le but afin de dégager de l'espace pour créer un État juif.
La Nakba ne s'est pas terminée il y a 60 ans, pourtant : elle continue aujourd'hui même, bien qu'à une plus petite échelle.
Pratiquement chaque jour, un Palestinien rejoint les rangs des millions [de palestiniens] chassés de leur terre natale et à qui on refuse le droit d'y revenir
Leur longue attente prendra fin – et ce conflit sera résolu de manière durable – seulement lorsque la tentative futile de maintenir un état exclusivement juif dans ce qui a été auparavant une dynamique terre multi-religieuse sera abandonnée.
Source : Maan News
Traduction : MM pour ISM
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Saree Makdisi
26 juin 2008