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ISM France - Archives 2001-2021

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USA -

Construire un édifice sur un chantage

Par

Saree Makdisi est professeur d’Anglais et de Littérature Comparative à UCLA, et auteur du blog internet : Speaking Truth to Power (Dire la Vérité au Pouvoir). Cet article a été publié pour la première fois dans le Los Angeles Times, et est reproduit avec sa permission.

Richard Rogers, le réputé 'architecte britannique, a été récemment convoqué aux bureaux de l'Empire State Development Corp. pour expliquer son lien à un groupe appelé Architectes et Urbanistes pour la Justice en Palestine.
L'Empire State surveille le nouveau projet du Centre de Convention Javits à New-York d'1.7 milliards de dollars et Rogers est l'architecte du travail.

Selon les rapports des medias, Rogers a suscité la colère de divers politiciens New Yorkais et des organisations Juifs pour ce qu'il prétend maintenant n'être qu'une association passagère avec des Architectes et des Urbanistes pour la Justice en Palestine.


Le groupe a pris une position "indigne" en déclarant que la barrière d'Israël en Cisjordanie (parfois désignée par euphemisme sous le nom de "Barrière de Sécurité") est, bien, problématique -- parce que sa majeure partie n'est pas construite sur la frontière d'Israël de 1967 mais au sein de la Cisjordanie ; parce qu'elle viole le droit international; parce qu'elle sépare les fermiers de leur terre, les villes les unes des autres, les gens de leurs médecins, les enfants de leurs écoles; et parce qu'elle a en général un aspect désastreux sur la vie des Palestiniens.


Des membres du groupe ont proposé un boycott des architectes Israéliens et les entreprises de construction sur la barrière, en disant que leur participation à ce projet les rend "complices d'une oppression sociale, politique et économique" et d'être "en violation de leur code éthique professionnel."


Apparemment toute personne associée à une telle position -- en d'autres termes, toute personne prenant une position de principe en faveur des des droits de l'homme et du droit international -- peut devoir se faire exclure d'un contrat avec le Centre Javits.


C'est seulement l'exemple le plus récent des défenseurs américains d'Israël -- qui ne toléreront aucune critique d'Israël – en utilisant leur gifle politique pour punir ou réduire au silence les voix dissidentes.

Le mois dernier, la première New-Yorkaise d'une pièce basée sur les mots de Rachel Corrie, une jeune Américaine qui a été écrasée par un bulldozer de l'armée israélienne alors qu'elle protestait contre la démolition d'une maison palestinienne, a été reportée indéfiniment par crainte que certains trouvent ses mots "offensants."


Naturellement, Rogers avait désespérément essayé de s'éloigner de tout ce qui pourrait l'empêcher de garder le projet Javits, y compris en rompant ses liens avec le groupe et en déclarant qu'il ne soutient pas un boycott.

La barrière d'Israël est très bien, dit maintenant Rogers. En fait, il est maintenant en sa faveur. De plus, "le Hamas doit renoncer au terrorisme," a-t'il déclaré au Post de New York.
"Le Hamas doit reconnaître le droit à Israël d'exister. Faire une déclaration n'est pas suffisant. Il doit le soutenir."

Hélas pour Rogers, une telle effusion pourrait ne pas être suffisante pour sauver son contrat.


"Sa position sur le Hamas n'est pas appropriée," a dit Malcolm Hoenlein de la Conférence des Présidents des Principales Organisations Juives.

"La question appropriée est un groupe qui s'est réuni pour le besoin d'activités nuisibles à un état démocratique.... (Le Centre Javits) porte le nom de quelqu'un dont le legs est exactement contraire à de telles opinions. Il serait certainement serait blessant à son legs, et ce serait une offense pour les habitants de New York, qui rejettent ce que représente ce groupe."

Ce qui signifie, vraisemblablement, que le Sen. Jacob Javits et les habitants de New York ne représentent pas la justice, la paix, l'humanité et la loi mais l'injustice, la guerre, l'inhumanité et l'illégalité – Quoi d'autre encore "exactement contraire" pourrait signifier?

À moins que les New-Yorkers courageux – y compris des membres des organisations au nom desquelles cette position est prise – se lèvent et la réfutent, les choses resteront comme ça.


Pourtant, tout ce que j’ai entendu malheureusement, c’est un silence assourdissant. Ou peut-être que ce que j’entends est ce que Wordsworth a un jour appelé "La toujours triste musique de l’humanité".


Dernières informations :

Il a été rapporté dans le Guardian le 10 mars que les politiciens de New York et les leaders Juifs ont donné leur approbation pour que Rogers garde le projet Javits.

Cela n'a pas empêché Rogers de faire quelques dernières génuflections gratuites : "Il y a eu des malentendus des deux côtés - certainement il y avait des malentendus de mon côté," a-t'il déclaré.

En ce qui concerne Israël, il a dit : "J'ai toujours été un fort partisan de cet état... Je crois qu'il y a un grand futur pour Israël, et je suis un ami de ce pays."

Source : http://electronicintifada.net/

Traduction : MG pour ISM

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