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Gaza - 28 avril 2009
Par Adam Entous
Gérer une compagnie d’électricité à Gaza peut sembler une entreprise vouée à l’échec, mais, grâce aux paiements du gouvernement palestinien fauché, ses propriétaires font des bénéfices et promettent une nouvelle année de « croissance irrésistible ».
Bombardement de la centrale électrique de Gaza par une frappe aérienne de l'occupation sioniste, le 26 juin 2006 (photo PCHR)
Tandis que 1.5 million résidents de la Bande de Gaza, bloqués par Israël, subissent les coupures d'électricité, les profits de la Compagnie Électrique de Palestine (PEC) furent de 6,3 millions de $ en 2008, et de 4.4 millions de $ en 2007. Les profits sont en grande partie distribués en dividendes exonérés d'impôt.
Des bénéfices ont été dégagés même lorsque la centrale a fonctionné à moins de la moitié de sa capacité à cause de l'embargo qui bloque le carburant et les pièces de rechange et les bombardements israéliens passés.
Les critiques dénoncent ce qu'ils appellent un coup tordu qui garantit à la PEC des honoraires annuels fixes de l'Autorité palestinienne, qui est financée par les aides des gouvernements occidentaux.
Les actionnaires disent que le contrat de 20 ans, qui a commencé en 1999 lorsque feu Yasser Arafat était président, est juste et que les dividendes sont une récompense pour un investissement dans un environnement à haut risque. « Quand les gens investissent, ils doivent obtenir un retour, » a dit Walid Salman, le directeur général exécutif de la PEC.
Salman a déclaré que la compagnie investissait également pour la population de Gaza, en fournissant gratuitement de l’eau aux écoles, aux hôpitaux et aux camps de réfugiés.
Des efforts passés du Premier ministre basé en Cisjordanie Salam Fayyad pour rouvrir le contrat de la PEC sont au point mort. Beaucoup des principaux actionnaires de la PEC jouent un rôle puissant dans l'économie palestinienne et sont proches du successeur d’Arafat, Mahmoud Abbas d'Arafat, disent des fonctionnaires.
Les adversaires à la réouverture du contrat disent qu'il amoindrirait la position de l’Autorité Palestinienne, à un moment où les Etats-Unis et l'Union Européenne essayent de promouvoir l'investissement étranger à grande échelle.
Selon les termes du contrat, l’AP est obligée à payer à la PEC environ 29 millions de $ annuels de "capacité de rendement", en plus de lui fournir le carburant pour faire fonctionner la centrale
Selon des rapports annuels, le conseil d’administration de la PEC a déclaré 6 millions de $ de dividendes pour 2006, année où Israël a bombardé l'usine, coupant la fourniture d'électricité. Les profits cette année-là étaient de 7.4 millions de $. En 2007, il a déclaré 3.6 millions de $ de dividendes.
Les dividendes de 2008 n’ont pas encore été annoncés (voir le rapport annuel 2008).
« Les bénéfices de pratiquement tout le monde sont à la baisse, mais ceux de cette compagnie sont en hausse, » a dit qu'un important fonctionnaire palestinien, sous couvert d'anonymat parce qu'il fait partie des administrateurs de la PEC. « C'est une marge bénéficiaire assez saine. »
Ce que Salman dément, pointant des bénéfices beaucoup plus importants dans d'autres sociétés, y compris un géant du téléphone portable palestinien.
« Nous travaillons dans une situation très exceptionnelle. C'est le bénéfice minimal qu’un investisseur peut accepter, » a-t-il dit sur l’objectif de la société de payer des retours annuels de 10 pour cent. Il dit que des projets semblables dans d'autres pays en voie de développement ont produit le double.
Consolidated Contractors Co. (CCC) est le plus grand actionnaire de la PEC. En 1999, la société s'est associée avec Enron Corporation pour construire la centrale de 140-MW. Le début du soulèvement palestinien en 2000 et l'écroulement d'Enron en 2001 ont retardé le projet de 150 millions de $ mais la centrale a commencé à fonctionner en 2003.
Parmi les autres principaux actionnaires, on trouve le Fonds d'investissements de la Palestine (PIF), une holding pour des actifs publics, dont le conseil d’administration, nommé par Abbas, inclut le haut fonctionnaire du CCC Samer Khoury et le Arab Palestinian Investment Co. (APIC), dont le vice-président est Tarek, fils de Mahmoud Abbas.
Clash sur les profits
En tant que Ministre des Finances entre 2002 et 2005, Fayyad a dirigé le PIF et s'est heurté avec le CCC quand il a essayé de couper les paiements fixes au PEC, se souviennent des fonctionnaires palestiniens.
Le contrat a survécu, mais Salman dit que l’Autorité Palestinienne (AP) avaient des arriérés d’environ 21 millions de $. Nous n’avons pu joindre Samer Khoury et les autres cadres du CCC pour avoir leurs commentaires.
Depuis 2006, l’Union Européenne et les Etats membres ont aidé l’AP en payant le fuel de la centrale, pour environ 130 millions de $ l’année dernière.
Des fonctionnaires occidentaux et palestiniens ont dit que le bureau d’Abbas a demandé à plusieurs reprises au bloc de payer également les frais de production. L'UE a refusé. Le bureau d'Abbas a fait comprendre que les paiements au PEC ne pouvaient pas être renégociés facilement, ont dit les fonctionnaires.
Un diplomate occidental de haut rang impliqué dans les pourparlers a dit que l'UE n'avait pas voulu "subventionner une société privée" dont le contrat « n'était pas favorable à l’AP et totalement favorable aux actionnaires ».
Un ancien conseiller occidental de l’AP a déclaré : « Ils ont fait une bonne… affaire. Pendant les pires périodes, la centrale électrique a gagné de l'argent aux dépens du Trésor. Je ne critique pas le CCC. Je critique Abbas. »
Le conseiller économique en chef d’Abbas, Mohammad Mustafa, a dit que ce serait une erreur d'essayer de défaire le contrat. "Revenir sur un contrat signé ne donnerait pas une image positive de l'Autorité palestinienne, » a-t-il dit. Mustafa, qui préside aussi le PIF et siège au conseil d’administration du PEC, a ajouté que les dividendes payés au PIF ont été réinvestis « dans le système ».
Fayyad, qui est revenu aux affaires comme Premier ministre en 2007 après la prise de contrôle de la Bande de Gaza par le Hamas, est toujours furieux lorsqu’il doit approuver un paiement au PEC, disent les conseillers actuels et anciens.
Salman dit que le Premier ministre a laissé tomber son opposition au contrat après un audit indépendant. Fayyad a refusé de faire des commentaires. Said Khoury, président de la PEC et co-fondateur du CCC, a dit : « Notre avenir est prometteur et nous nous attendons à une autre année de croissance irrésistible. »
Source : Reuters
Traduction : MR pour ISM
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