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Palestine - 4 août 2007
Par Khaled Amayreh
Quand Israel et l'OLP ont signé le funeste accord en 1993, de nombreuses personnes, hormis les "pessimistes" et les "extrémistes", ont pensé que la paix était finalement à portée de main et qu'un nouveau Moyen-Orient politiquement et économiquement stable était en perspective.
Shimon Peres, l'un des principaux parrains de l'Accord d'Oslo, prédisait alors que Gaza deviendrait le Singapour du Moyen-Orient.
D'autres, avec leur imagination délirante et leur naiveté, pensaient que la Cisjordanie deviendrait une nouvelle Silicone Valley, une sorte de Mecque pour les investisseurs étrangers.
L'euphorisme ultérieur a incité le défunt président palestinien Yasser Arafat à déclarer les villes palestiniennes "libérées, libérées, libérées", et Peres disait au monde dans chaque interview télévisée qu'Israël avait pratiquement mis fin à son occupation "des territoires palestiniens" et que 99% de Palestiniens vivaient sous le gouvernement et le contrôle de l'Autorité Palestinienne.
Peres négligeait de dire au monde que l'Autorité Palestinienne était elle-même sous occupation israélienne et que le chef de l'Autorité Palestinienne ne pouvait pas quitter son quartier général à Ramallah et Gaza sans autorisation des Israéliens.
Avec le faux euphorisme, de grands noms et des gros titres ont caractérisé cet épisode, avec l'essentiel toujours clairement absent ou très peu indiqué.
Donc, nous avons eu un président palestinien, un gouvernement palestinien, un tribunal de sécurité d'état, et même des forces armées palestiniennes, quand, en fait, cela n'existait que très peu en dehors des grands noms et des gros titres.
Presque tout cela n'a abouti à rien puisque Israël a continué à dévorer de plus en plus de terre palestinienne et que l'expansion des colonies juives réduisait encore plus l'horizon des Palestiniens, rendant très difficile, si ce n'est impossible, la création d'un Etat palestinien.
Et avec le début de l'Intifada Al-Aqsa, et l'élection à deux reprises d'Ariel Sharon en tant que Premier Ministre d'Israël, l'ensemble des Accords d'Oslo est devenu pratiquement anachronique si ce n'est hors de propos, ne fût-ce que parce que la politique et les actions des Israéliens les avaient rendu ainsi.
Bien sûr, Gaza n'est pas devenu le Singapour du Moyen-Orient.
Au lieu de cela, c'est devenu un camp de concentration virtuel.
De son côté, la Cisjordanie continuait à languir sous la sinistre occupation militaire, avec la construction du Mur de Séparation et 700 barrages routiers et checkpoints israéliens gérés par des soldats israéliens sadiques et à la gâchette facile, transformant la vie quotidienne des Palestiniens en enfer.
Maintenant, 14 ans plus tard, il semblerait que nous soyons sur le point d'assister à un Oslo-2 puisque les Etats-Unis, Israël et d'autres acteurs, comme le nouvel envoyé du Quartet pour la paix, l'ancien premier ministre britannique, Tony Blair, tentent de reproduire Oslo-1 avec les mêmes relations publiques, le même euphorisme et les mêmes mensonges.
En effet, il serait raisonnable de conclure que le présumé accord d'Oslo-2 qui est envisagé, même s'il ne porte pas l'appellation norvégienne, ne sera qu'un pauvre cousin du premier accord d'Oslo.
Par exemple, l'ancien accord, au moins théoriquement, était basé sur les résolutions 242 et 338 des Nations-Unies et la formule "la paix contre la terre", tandis que le nouvel accord proposé est susceptible de n'être basé principalement que sur la bonne volonté et les garanties de l'Amérique.
Et comme l'ancien, le nouvel accord, ainsi que Blair l'a expliqué cette semaine, promet une prospérité économique aux Palestiniens, mais dit très peu de choses au sujet des questions centrales du conflit Palestino-Israélien telles que le destin de Jérusalem, le droit au retour pour les réfugiés palestiniens et, en effet, la fin de l'occupation israélienne qui a commencé en 1967.
Et il semble que presque tout le monde suit le mouvement, au moins pour l'instant.
Pour sa part, l'Autorité Palestinienne, dévorée par sa guerre avec le Hamas, rassemble ses forces pour de grands projets, englobant chaque aspect de la vie des Palestiniens, de "la libération de Gaza du Hamas" au "nettoyage de la Cisjordanie des colonies juives".
Cette semaine, le premier ministre Salam Fayyad, dont le gouvernement manque de la légitimité constitutionnelle, qui compte principalement sur la force et les faits accomplis et dépend du soutien occidental et de l'acceptation des Israéliens, a présenté la plateforme de son gouvernement pour les mois à venir.
La plateforme inclut beaucoup de promesses bien écrites, comme la construction d'une économie robuste, le rétablissement de la loi et une amélioration de la qualité de la vie pour les Palestiniens ordinaires.
Cependant, il est clair que Fayyad fait la même erreur qu'Arafat a faite pendant la soi-disant ère d'Oslo ; à savoir, ignorer et ne pas prendre en compte le cordon ombilical de l'occupation israélienne, qui contrôle l'ensemble du développement économique pour les Palestiniens. Après tout, comment accomplir les objectifs nationaux en l'absence d'indépendance, de souveraineté et de libre circulation ?
Pour sa part, l'administration américaine donne également une impression de déjà-vu.
Au début des années 90, quand les Etats-Unis ont voulu mobiliser le plus possible d'états Arabes pour la guerre de la libération du Kowéit de l'armée de Saddam Hussein, l'administration américaine a organisé la conférence de paix de Madrid, le prédécesseur des Accords d'Oslo, afin de calmer l'opinion publique arabe et de convaincre le monde arabe que les Etats-Unis étaient sérieux quant à la résolution du conflit Israëlo-Arabe.
Maintenant, les Etats-Unis essayent en apparence de refaire la même chose, en amadouant et, au besoin, en intimidant ses alliés Arabes de participer avec Israël à une conférence entre des parties régionales et des parties internationales pour discuter du légendaire processus de paix, comme si ce processus moribond avait besoin de discussions supplémentaires après toutes ces années d'initiatives de paix et de négociations et d'accords.
Cependant, L'attention accrue des Américaines est difficilement altruiste et pourrait bien être liée et motivée par d'éventuels projets d'attaque contre les installations nucléaires de l'Iran pour le compte d'Israël.
Donc, est-ce que les Etats-Unis ne seraient-ils pas en train de vendre aux Arabes une autre déception ?
Un autre accord d'Oslo, en vue d'une nouvelle guerre contre un autre pays musulman, cette fois l'Iran ?
Bien sûr, Israël qui est un éternel opportuniste, cherchera sans aucun doute à être le seul, si ce n'est le principal gagnant dans tout éventuel embrasement de la région.
C'est pourquoi le Premier Ministre israélien Ehud Olmert, qui ne voulait même pas accepter de rencontrer le Président de l'Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, avant qu'il démantèle "l'infrastructure terroriste", discute maintenant amicalement avec Abbas et exprime la même volonté de discuter des questions de statut final, donnant une fausse impression de flexibilité et une propension à faire la paix.
Mais en réalité, Israël se donne seulement une apparence et ses initiatives ne sont rien d'autre qu'une stratégie de relations publiques.
La semaine dernière, les ministres des Affaires Etrangères de l'Egypte et de la Jordanie, Ahmed Abul-Gheit et Abdul-Ilah Al-Khatib, sont venus en Israël pour rencontrer des responsables israéliens : d'Olmert au chef de l'opposition, Binyamin Netanyahu. Ce dernier préconise une autonomie lumitée pour les Palestiniens, un euphémisme pour la poursuite de l'Apartheid.
Comme d'habitude dans de telles circonstances, Israël a cherché à utiliser entièrement la visite afin de donner une impression d'harmonie et d'accord entre les deux parties. Pour les non-initiés, la scène de Tzipi Livni et de Peres serrant amicablement les mains des deux Ministres des Affaires Etrangères Arabes donnait l'impression d'une totale concordance.
Cherchant à encourager Israël à accepter l'initiative de paix arabe, le ministre des Affaires Etrangères jordanien a déclaré aux responsables israéliens que les Etats arabes étaient sincères au sujet de la paix et étaient prêts à normaliser leurs relations avec Israël si celui-ci se retirait de tous les territoires occupés en 1967 et acceptait un règlement digne à la situation difficile des réfugiés palestiniens conformément à la résolution 194 des Nations-Unies.
Les responsables israéliens ont entendu mais n'ont pas écouté. En fait, au lieu de faire une référence sérieuse à l'initiative arabe, Olmert a déclaré aux deux ministres : "J'espère que la prochaine fois vous viendrez avec encore plus de ministres Arabes."
Les scarcasmes, voire les insultes, ont vraiment résumé ce que veulent les Israéliens, à savoir une normalisation totale avec les Etats Arabes, en particulier avec la région riche en pétrole, sans entreprendre de démarche sérieuse vers une fin de l'occupation israélienne de la Cisjordanie , de Jérusalem-Est et de la Bande de Gaza datant de 40 ans
En outre, l'Etat juif état espère qu'en amadouant les Etats arabes, en particulier les Saoudiens, avec une normalisation de leurs relations, Israël pourrait forcer l'Autorité Palestinienne à accepter un Etat déformé, incomplet et tronqué sur la Cisjordanie , sans Jérusalem, sans droit au retour et avec la grosse partie des colonies juives gardée intacte ou annexée à Israël.
Inutile de dire que le premier ministre israélien semble convaincu que l'obsession de la direction actuelle de l'Autorité Palestinienne pour un "Etat" dépasse ses demandes pour un retrait total des israéliens de la Cisjordanie occupée.
Cette semaine, le journal arabe basé à Londres a signalé qu'Olmert et Abbas tenaient des discussions secrètes sur un règlement permanent.
Les responsables israéliens et palestiniens n'ont ni confirmé ni nié le reportage.
Cependant, avec le régime d'Abbas-Fayyad à Ramallah presque totalement dépendant d'Israël, il est plus que clair que les négociations secrètes ne sont pas menées entre deux partenaires égaux mais entre un occupant parcimonieux qui possède ou contrôle presque tous les capitaux et un mendiant vaincu qui doit supplier pour obtenir quoi que ce soit de l'occupant.
Par conséquent, c'est sans risques que l'on peut conclure que tous les accords ou compromis atteints ou imposés en dehors de la protection des résolutions des Nations-Unies, y compris les résultats éventuels de la conférence régionale proposée et soutenue par les Américains qui devrait avoir lieu en automne, aboutiront finalement au même destin et au même échec que l'accord d'Oslo.
La raison est claire. Israël rejette tout règlement de paix basé sur les droits de l'homme et le droit international et insiste pour ne donner aux Palestiniens que des "gestes" et des "mesures de bonne volonté", mais pas des droits.
Source : http://www.thepeoplesvoice.org/
Traduction : MG pour ISM
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Khaled Amayreh
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