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Palestine - 13 décembre 2009
Par CNN
Un des acteurs clés de la politique palestinienne et donc de tous futurs pourparlers de paix avec Israël a répondu aux questions de CNN depuis sa prison israélienne. Marwan Barghouti purge cinq peines de prison à vie suite à sa condamnation par un tribunal israélien pour assassinat et autres charges liées à son rôle dans la planification d’attaques contre des Israéliens pendant la deuxième intifada. Beaucoup de Palestiniens le considèrent comme le prisonnier le plus important libérable lors d’un accord d’échange avec le soldat israélien capturé Gilad Shalit.
Des militants palestiniens passent devant une affiche de Marwan Barghouti en 2006.
Pour nombre de Palestiniens, il est le seul successeur politique à Mahmoud Abbas, qui a récemment annoncé qu’il ne briguerait pas un second mandat à la Présidence de l’Autorité Palestinienne.
Barghouti est membre du Comité Central du Fatah, ainsi que du Conseil Législatif Palestinien. Depuis sa prison de Hadarim, il a répondu aux questions de CNN, par l’intermédiaire de son avocat, Khader Shkirat.
CNN : Vous présenterez-vous aux élections présidentielles à venir ? Qu’est-ce qui fait de vous un bon candidat à la présidence ?
Marwan Barghouti : Lorsqu’une date sera fixée pour les élections présidentielles et législatives, et quand une réconciliation nationale sera parachevée, et quand nous serons en mesure de tenir des élections en Cisjordanie , Gaza et Jérusalem, alors je prendrai ma décision. Je suis fier d’avoir le soutien populaire du peuple palestinien en interne et à l’extérieur du pays, et aussi d’avoir obtenu le plus de votes lors des sondages de ces dernières années.
CNN : Certains médias vous ont décrit comme le “Nelson Mandela palestinienâ€. Pouvez-vous espérer satisfaire des attentes si incroyablement élevées ?
MB : J’ai un profond respect pour l’expérience et la résistance du grand leader africain Mandela, qui a mené son peuple à l’indépendance et à la liberté. Je souhaite être en mesure de contribuer à la réalisation de la liberté et de l’indépendance du peuple palestinien. Mandela a réussi parce qu’il a trouvé un partenaire comme De Klerk, mais en Israël, il n’y a ni De Gaulle, qui a mis fin à la colonisation française en Algérie, ni De Klerk, qui a mis fin au régime d’apartheid.
CNN : Avez-vous changé pendant vos années en prison ? Vos options politiques et votre approche de la politique ont-elles changé ?
MB : La prison est un endroit très dur et amer, en particulier parce que j’ai passé le plus clair de mon temps en isolement, puis en isolement en groupe, mais mes opinions politiques n’ont pas changé. Je crois dans la solution de deux Etats vivant cête à cête dans la paix et la sécurité, et je considère que la clé pour la paix entre Israéliens et Palestiniens est la fin de l’occupation israélienne et le retrait aux frontières de 1967.
CNN : Par le passé, vous avez critiqué la corruption de l’Autorité Palestinienne. Pensez-vous que l’Autorité Palestinienne a besoin de changement et de réforme et d’une période de gouvernement par des hommes politiques plus jeunes, comme vous ?
MB : L’Autorité Palestinienne a fait beaucoup de chemin dans la lutte et la réforme de la corruption, mais ce n’est pas suffisant. L’Autorité Palestinienne doit faire davantage. Il est regrettable et triste qu’il n’y ait eu aucune condamnation ou accusation contre aucun de ces responsables corrompus jusqu’à présent. Nous avons besoin maintenant de rétablir un système juridique transparent et indépendant, et d’instaurer la primauté du droit et la cessation des violations des droits de l’homme, et le renforcement des libertés individuelles, de la liberté de la presse et favoriser le pluralisme politique.
CNN : Comment résoudriez-vous le conflit entre le Fatah et le Hamas ?
MB : Pendant mon séjour en prison, des frères de différents partis et moi-même avons été en mesure de rédiger un document des prisonniers qui est devenu le cadre d’un document d’unité nationale que les 13 partis palestiniens ont signé, le 27 juin 2006. C’est le premier document dans l’histoire des partis palestiniens auquel l’OLP, le Hamas, le Jihad Islamique ont participé et ils ont agréé un Etat dans les frontières de 1967, ils ont accepté que l’OLP et le président de l’Autorité Palestinienne négocient au nom des Palestiniens, et ils ont accepté l’appel pour un gouvernement d’unité nationale. Le conflit sera résolu en se référant à ce document et avec la signature de tous [les partis] sur le document égyptien de réconciliation nationale et en respectant le droit et en mettant fin à la scission interne et par le rétablissement d’un gouvernement d’unité nationale.
CNN : Votre approche du conflit palestinien-israélien a été décrit comme celui de « résistance et négociation ». De quelle résistance s’agit-il ? Bombes ? Jets de pierre ? Désobéissance civile ? Sit-ins et marches ?
MB : Tous les mouvements de libération ont négocié et résisté, et ce que j’entends par résistance est celle qui est autorisée par le droit international et jouit d’une légitimité internationale.
A ce stade, l’approche politique, diplomatique et de négociation, en plus de la résistance populaire pacifique, est une question acceptable en conformité avec les conditions existantes. Le peuple palestinien a le droit de résister à l’occupation militaire israélienne et à la colonisation, ce que la Cour Internationale de Justice, à La Haye, a approuvé, en plus du droit international, de la Charte des Nations Unies, et de toutes les religions.
CNN : Pensez-vous qu’il y ait un espoir que vous soyez libéré lors d’un échange de prisonnier, bientêt ?
MB : Je fais partie de la liste sur laquelle le Hamas négocie, et j’ai de grands espoirs d’être libéré lors de cet accord.
CNN : Que ressentez-vous lorsqu’Israël négocie jusqu’à 1.000 prisonniers palestiniens pour un seul soldat israélien ?
MB : Israël détient dans ses prisons et centres de détention plus de 10.000 prisonniers palestiniens, dont certains ont passé plus de 32 ans de leur vie en prison. Israël détient aussi des centaines de prisonniers sans procès ni charge ni rien. Israël est un pays occupant qui se sert de l’oppression et de l’agression contre les Palestiniens depuis des décennies. Il confisque la terre, construit des colonies illégales, tue et assassine, et arrête près de 500 Palestiniens par mois, établit et érige des checkpoints militaires, assiège la Bande de Gaza. Les Palestiniens ont un soldat à échanger pour 10.000 prisonniers, alors il est naturel d’en réclamer le plus grand nombre possible. Pour Israël, le soldat c’est l’armée, et l’armée, ça veut dire l’Etat. Le marché libèrera donc 100% d’Israéliens en échange de 10% de prisonniers palestiniens.
CNN : Des hommes politiques israéliens sont venus vous voir en prison. Pourquoi ? Que vous demandent-ils ?
MB : Pas un seul officiel israélien ne m’a rencontré depuis que j’ai été kidnappé en avril 2002, seuls quelques membres de la Knesset israélienne sont venus me voir. La plupart d’entre eux font des visites régulières dans les prisons et rencontrent des prisonniers. La plupart du temps, les conversations portent sur les développements de la situation politique, et sur les pratiques de l’occupation israélienne. Ils écoutent mon point de vue, et j’ai toujours maintenu que le premier jour de paix entre les Palestiniens et les Israéliens sera le dernier jour de vie sous occupation. Et la solution de deux Etats est la solution la plus viable, même si elle devient de plus en plus difficile au fur et à mesure que le temps passe.
Source : CNN
Traduction : MR pour ISM
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