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Egypte -

Le gaz égyptien assure le cinquième des besoins d’Israël en électricité… tandis que Gaza est privée de combustibles

Par

Le gaz a commencé à se déverser vers Tel-Aviv et Ashdod, suscitant un très fort mécontentement populaire en Egypte. Le contractant égyptien, un proche de Moubarak, vend sa part dans la société productrice. Article paru dans Al-Quds al-Arabiyy le 4 mai 2008

Le gaz naturel égyptien a commencé à parvenir aux deux centrales électriques israéliennes de Tel Aviv et d’Ashdod, conformément à un marché controversé entre une société dont Hussaïn Salim, un homme d’affaires égyptien (un proche de Moubarak), est le propriétaire, et l’homme d’affaires israélien Yosef Miman.

Selon les termes du marché, encore peu clairs, jusqu’à présent, l’Egypte fournira(it) à Israël 107 milliards de m3 de gaz annuellement, pour une période (renouvelable) de vingt ans, ce qui signifie qu’un cinquième de l’électricité générée en Israël, durant la décennie à venir, proviendront du gaz égyptien.

Le début de l’approvisionnement d’Israël en gaz égyptien intervient quelques jour seulement après que l’UNRWA eut annoncé qu’elle cessait ses interventions dans la bande de Gaza, en raison de la pénurie de carburants qui y règne.

Une centrale électrique, dans la bande de Gaza, a failli devoir s’arrêter, la semaine passée, car elle était à court de carburant, avant que le gouvernement égyptien n’intervienne auprès d’Israël afin qu’il fournisse cette centrale en combustible.

Le marché du gaz conclu entre l’Egypte et Israël a suscité une large controverse dans les milieux politiques du Caire, le gouvernement égyptien refusant de révéler le « prix de détail » auquel il tarifie le gaz vendu à Israël.

Le gouvernement égyptien a justifié sa position en invoquant le fait que le marché a été conclu entre « deux sociétés privées » et que la publication du tarif du gaz relevait de leur discrétion.

Mais des députés égyptiens ont affirmé que le gouvernement a fait à Israël une offre bien inférieure au prix mondiaux du gaz naturel, et que la différence aurait permis de faire économiser près de dix milliards de dollars, annuellement, au Trésor égyptien.

La quotidien égyptien Al-Miçryy al-Yôm a rapporté les propos de l’homme d’affaires Hussaïn Salim, connu pour son amitié personnelle pour le président Moubarak et ses deux fils, selon lesquels il aurait vendu sa part dans le capital de la Société de l’Orient Méditerranéen, qui a confié, quant à elle, la conclusion dudit marché avec Israël à deux sociétés (une américaine et une thaïlandaise), dont il a refusé de communiquer les noms.

Des articles parus dans la presse ont fait allusion au fait que la société égyptienne a assuré une protection sécuritaire du gazoduc, qui passe par Al-‘Arîsh, et qu’elle a versé de l’argent aux sheikhs des tribus bédouines faisant la loi sur les régions où passe ledit pipeline, selon un tracé choisi précisément de manière à éviter toute proximité avec des concentrations de population.


Dans des déclarations exclusives au Quds al-Arabiyy, Abdal-Wahhab al-Masiri, coordonnateur du mouvement (oppositionnel) Kefâyah [Ça suffit !, ndt], a fait allusion au fait que l’exportation du gaz égyptien sert exclusivement les intérêts de l’armée israélienne, qui est en train de détruire les villages et les villes palestiniens avec des missiles, au milieu d’un silence arabe infamant.

L’insistance du gouvernement égyptien à aller de l’avant dans la finalisation de l’accord d’exportation de gaz vers Tel-Aviv a été d’autant plus critiquée que la réalité présente de la cause palestinienne est extrêmement mauvaise, et qu’il aurait été possible d’exercer une pression sur le gouvernement israélien, ne fût-ce qu’afin d’obtenir que le blocus inique imposé à la bande de Gaza fût levé.

Hamdaïn Sabahîyy, député et porte-parole des fondateurs du Parti de la Dignité a déclaré que tout régime qui, à l’avenir, gouvernera l’Egypte, devra casser l’accord sur le gaz passé avec l’entité sioniste, cet accord qui devra faire l’objet d’un procès, ceux qui ont trompé le peuple égyptien et qui l’ont humilié devant être condamnés.

En effet, ils ont humilié le peuple égyptien, en acceptant que les richesses de l’Egypte soient vendues à moins du dixième du prix du marché à l’ennemi, ce, pendant que nos frères, dans la bande de Gaza, ne trouvent même pas un litre d’essence pour faire rouler leurs ambulances.


Le Dr. Abdel Halim Qandîl, porte-parole de Kefâyah, a jugé que le gouvernement égyptien avait fait preuve d’une telle corruption, d’une telle pourriture et d’une telle trahison de confiance que nous devons exiger de lui qu’il fasse preuve, envers le peuple palestinien, de la même générosité dont il a fait preuve envers le peuple israélien, ces jours derniers, lorsque le gouvernement a commencé à envoyer du gaz naturel égyptien à l’entité sioniste, pour un prix inférieur au septième du prix du marché.

M. Qandîl a notamment déclaré : Laissez tomber ces réunions au sommet visant à contraindre les factions palestiniennes à abandonner la résistance et à accepter une trêve que, de toutes les manières, l’armée israélienne violera.

La réalité montre, a poursuivi M. Qandîl, que le régime égyptien se moque totalement de la famine qui s’est emparée de Gaza, ainsi que de la crise des carburants qui paralyse totalement la vie dans tous ses foyers.


Le poète Ahmad Fu’âd Negm a considéré que l’initiative de vendre du gaz égyptien à Israël ne représentait strictement rien de nouveau dans le comportement du régime actuel, qui a vendu ses causes nationales contre les félicitations et la satisfaction de l’administration américaine, fût-ce au prix du renforcement de l’industrie israélienne, et quand bien même cela revient à verser un impôt au ministère des finances de Tel Aviv, en lui bradant du gaz à un dixième du prix mondial.


Le metteur en scène de cinéma Yussuf Shahîn a, quant à lui, fustigé ce rapprochement égypto-israélien particulièrement choquant en raison du contexte actuel : «Il est regrettable que ce gouvernement, qui ne cesse de décréter de nouveaux impôts et qui brade les entreprises publiques, soutienne Israël et lui offre à un vil prix les richesses naturelles égyptiennes les plus précieuses, qui appartiennent, de fait, aux générations à venir».

Source : Al-Quds al-Arabiyy

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