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ISM France - Archives 2001-2021

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France -

Le sionisme : voilà l'ennemi

Par

> youssef.girard@gmail.com

Le passif historique du sionisme fait que nous ne pouvons nous contenter de condamner et de combattre les actes d'un gouvernement ou la politique de l'Etat sioniste mais que nous devons prendre la responsabilité politique de désigner l'ennemi réel qui est à l'origine des souffrances du peuple palestinien.

« Le faible qui prend ses gardes vis-à-vis d'un ennemi fort est plus proche de la sauvegarde que le fort qui se fait des illusions sur un ennemi faible ». L'Imam Ali

Après avoir rasé Gaza avec leurs hélicoptères Apache, leurs avions F-16 et leurs bombes au phosphore, les sionistes, percevant qu'ils ne pourront anéantir la résistance, la moumana'a, du peuple palestinien, parlent de « trêve », de « cesser le feu », de retour au « calme » ou de « retrait de troupes ».

Mais la politique du « calme », de la « trêve » permet à l'Etat sioniste de continuer à attaquer les peuples palestinien et arabe de manière moins directe et moins risquée. Cette politique augmente les pressions de toutes les forces du camp ennemi sur la moumana'a palestinienne. Elle est un piège pour la résistance car elle tend à faire oublier aux sociétés civiles des différentes nations que l'occupation elle-même est une agression.

Les massacres de ces dernières semaines, doivent être replacés dans la longue histoire du mouvement sioniste qui depuis un siècle s'emploie à mettre en œuvre le « nettoyage ethnique » de la Palestine pour réaliser son projet colonial. Depuis 1948, l'Entité sioniste a : expulsé 900 000 palestiniens de leurs terres et de leurs demeures ; détruit 531 villages et 300 hameaux pour empêcher le retour des palestiniens ; occupé les autres parties de la Palestine [Cisjordanie, Gaza] ainsi que le Golan syrien en juin 1967 ; et maintenu son oppression sur les peuples palestinien et arabe.

Le passif historique du sionisme fait que nous ne pouvons nous contenter de condamner et de combattre les actes d'un gouvernement ou la politique de l'Etat sioniste mais que nous devons prendre la responsabilité politique de désigner l'ennemi réel qui est à l'origine des souffrances du peuple palestinien. Sans cette volonté de revenir à la racine des contradictions à l'œuvre, nous ne pourrons pas identifier réellement l'origine du problème et donc nous serons dans l'impossibilité de mener un combat politique réellement efficace. Pour combattre un ennemi, il est nécessaire de l'identifier clairement, de le connaître et de le désigner comme l'ennemi. Le fondateur du Front Populaire de Libération de la Palestine [FPLP], Georges Habache, expliquait que « pour vaincre, le parti révolutionnaire doit désigner ses ennemis et s'allier avec ses amis véritables. Chaque révolution doit donc procéder de cette manière, et commencer par répondre à la question fondamentale : Qui sont nos ennemis ? Qui sont nos amis ? »[1].

Cette distinction entre l'ami et l'ennemi, qui est spécifique du politique, doit être faite si nous voulons réellement poser la question de la lutte de libération nationale de la Palestine et du Machrek en terme politique. Le mouvement et l'idéologie sionistes doivent être clairement désignés et combattus comme l'ennemi.

Après avoir été désignés comme ennemis, le mouvement et l'idéologie sionistes nécessitent d'être définis, afin de ne laisser aucune place à la confusion dans notre combat. Le mouvement et l'idéologie sionistes doivent être nettement distingué des juifs puisque tous les juifs ne sont pas sionistes et que tous les sionistes ne sont pas juifs. Il a toujours existé des juifs anti-sionistes qui sont les frères de luttes de tous les anti-colonialistes et de tous les anti-impérialistes réels [2]. Notre ennemi est le mouvement sioniste et son idéologie colonialiste, et non les juifs.

Comme tout ennemi, le mouvement et l'idéologie sionistes doivent être étudiés pour pourvoir être combattus de la manière la plus efficace possible. Dans cette perspective, Georges Habache affirmait : « le mouvement sioniste constitue une force matérielle, d'un poids et d'une nature précis, qui doivent être pris en considération lorsque nous faisons le compte des forces engagées face à nous dans la lutte. D'où la nécessité pour nous de procéder à une étude mettant en valeur ses divers aspects politiques, militaires, économiques et sociaux » [3].

Aujourd'hui, l'idéologie sioniste est hégémonique en Occident car l'Etat sioniste s'est vu attribuer la tâche de protecteur des intérêts occidentaux au Machrek. Pour cela, chaque année, des milliards de dollars étatsuniens abreuvent l'Entité sioniste. En Occident, les cercles dirigeants s'emploient à défendre par tous les moyens l'Entité sioniste et son idéologie putride auprès des peuples d'Occident anesthésiés par le « spectacle » de la société de consommation.

Afin de défendre et de propager leur idées au sein des sociétés civiles, les sionistes ont constitué un réseau mondial complexe d'organisations, de groupes d'intérêts politiques, d'entreprises de relations publiques ou de cercles universitaires. Les médias occidentaux, qui sont devenus des maîtres dans l'art de la propagande dès lors qu'il s'agit de défendre les intérêts sionistes, jouent un rôle central pour façonner les sociétés civiles occidentales. La « désinformation » et la manipulation des images sont devenues des « armes de destruction massive » contre tout les critiques de l'Entité sioniste.

Face à l'idéologie sioniste hégémonique, il est nécessaire de s'armer idéologiquement pour construire un front théorique capable de bouleverser les rapports de force idéologico-culturels au sein des sociétés civiles occidentales. Si nous sommes peu nombreux et que nous manquons de moyen dans la lutte que nous menons contre le sionisme hégémonique, cela n'augure en rien de l'issue de la bataille. Au cinquième siècle avant J-C, le grand stratège chinois, Sun-Tzu expliquait déjà dans « L'art de la guerre » que « la prudence et la fermeté d'un petit nombre de gens peuvent venir à bout de lasser et de dompter une nombreuse armée » [4].

Cette lutte idéologique doit commencer par un affrontement pied à pied avec les idées sionistes afin de faire une critique fondamentale de cette idéologie colonialiste qui se développe dans l'ensemble de la production idéologico-culturelle occidentale. En effet, dans le monde réel, il n'existe pas de production idéologico-culturelle « neutre », un art pour l'art, qui serait en dehors des contradictions sociales et politiques. La production idéologico-culturelle se développe en interaction avec ces contradictions et sert à influencer les affrontements politiques. Les sionistes le savent et utilisent massivement la culture pour propager leur idéologie. En conséquence, la production idéologico-culturelle fait partie intégrante de la lutte de libération du peuple palestinien.

La lutte idéologique nécessite que nous soyons capables de mener une véritable « guerre de position », au sens où l'entendait Antonio Gramsci, dans tous les secteurs de la société civile afin de porter systématiquement la contradiction au sionisme hégémonique. Pour mener cette « guerre de position », nous devons nous donner les moyens de créer nos propres espaces où nous pourrons affuter nos armes doctrinales et lancer nos offensives idéologiques. Celles-ci doivent nous permettre de contester l'hégémonie sioniste au sein des sociétés civiles occidentales afin qu'elles apportent leur soutien à la libération du peuple palestinien.

Evidement, les sionistes n'abandonnent pas leur défense et ne se démoralisent pas au premier assaut. Campant sur leurs positions, préparés intellectuellement, formés à la lutte idéologique, ils sont prêts à contrer toute offensive. Mieux, ils emploient toutes leurs forces pour briser tous ceux qui remettent en cause leur hégémonie. Pour cela, ils montent au front directement ou envoient leurs cerbères qui sont généreusement rémunérés pour faire la sale besogne.

Mais si nous sommes attaqués par l'ennemi, cela prouve que nous avons réussi à tracer une ligne de démarcation bien nette entre lui et nous et à lui porter des coups capables de le faire vaciller. Si l'ennemi nous combat avec violence, nous dépeignant sous les couleurs les plus sombres et dénigrant tout ce que nous accomplissons, cela démontre que nous avons remporté des succès non négligeables dans notre lutte. Les attaques de l'ennemi sont une bonne chose car elles sont le signe que nous le mettons en danger. Considérant comme un honneur d'être attaqué par l'ennemi, Sayyed Hassan Nasrallah affirmait après que le Royaume-Uni est placé le Hezbollah sur la liste des organisations « terroristes » : « chaque fois qu'une telle décision vient des colonialistes, nous la considérons comme un honneur, une médaille et une attestation que nous nous tenons au bon endroit : auprès de nos peuples ».

Malgré ces attaques de l'ennemi, il faut que nous nous préparions à continuer la bataille sur le front de la lutte idéologico-culturelle. Les « armes de la critique » doivent s'aiguiser pour mener une guerre totale à l'idéologie sioniste.


Notes de lecture :

[1] Habache Georges, « Les ennemis de la révolution », 1969
[2] Cf. Par exemple l'IJAN (International Jewish Anti-Zionist Network)
[3] Habache Georges, « Les ennemis de la révolution », art. cit.
[4] Sun Tzu, L'art de la guerre

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