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Israël - 11 mai 2004
Par Genevieve Cora Fraser
En d’autres termes, Israël ne se défendait pas, en 1948, à l’époque de la Nakbah palestinienne, tout simplement parce qu’Israël n’existait pas. La Palestine, elle, existait bel et bien, et l’Autorité mandataire avait déclaré, en 1939, qu’elle était arabe.
Israël n’avait aucun droit internationalement reconnu à « se proclamer » lui-même en tant qu’Etat, « pas plus qu’il n’avait un quelconque motif légal à déclarer lui revenir toutes les terres, les biens immobiliers et mobiliers, ainsi que les comptes en banque des Palestiniens arabes absents de leurs terres, au nom d’on ne sait trop quelle « Loi sur les Propriétés des Absents » adoptée en 1948.
En 1922, la Ligue des Nations confiait à la Grande-Bretagne un mandat sur la Palestine, à la suite de la défaite des Turcs par les forces britanniques, en 1917, et l’effondrement de l’Empire ottoman qui en avait été la conséquence directe.
Bien qu’en 1937, la Grande-Bretagne ait accepté une proposition de plan de partage sioniste, deux ans plus tard, elle publiait un Livre Blanc qui remettait totalement en cause ce projet, laissant aux Arabes la totalité de la Palestine. Les sionistes optèrent dès lors pour les tactiques et les armes offensives.
A la fin de la Seconde guerre mondiale, l’ampleur de l’Holocauste étant connue, la Grande-Bretagne, en tant que puissance mandataire, mit sur la table le plan de partage de la Palestine.
Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale des Nations unies adopta la résolution 181 afférente au « gouvernement futur de la Palestine », et à la création de « deux Etats – juif et arabe – indépendants », ainsi qu’au « Régime international spécial de la ville de Jérusalem » : 33 voix pour, 13 voix contre, 10 abstentions.
Les pays opposés à l’adoption de cette résolution furent les suivants : Afghanistan, Cuba, Egypte, Grèce, Inde, Irak, Liban, Pakistan, Arabie saoudite, Syrie, Turquie et Yémen.
La proclamation, en 1948, de la création de l’Etat d’Israël par les sionistes (intéressant : cela nous ramène à l’époque où Napoléon se proclamait lui-même Empereur…) se servit de certains passages de la résolution 181 en guise de « justification ».
Les propos exacts de Ben Gourion furent les suivants : "Nous proclamons ici la création de l’Etat juif en Palestine, qui sera appelé Etat d’Israël".
En dépit de nombreuses réserves, les Nations unies durent se rallier à la reconnaissance du droit à l’autodétermination de la Palestine.
Aujourd’hui, la plupart des sionistes se plaisent à faire observer que la résolution 181 n’avait aucun caractère obligatoire : sans doute le font-ils parce qu’ils ne veulent à aucun prix revenir aux frontières proposées par le plan de partage, qui allouait 55 % du territoire aux juifs (minoritaires) et 45 % du territoire à la population indigène palestinienne (largement majoritaire et, qui plus est, chez elle. NdT).
Toutefois, si l’on considère le caractère non impérieux et sans conséquence légale de la résolution 181, alors l’agression sioniste qui conduisit immédiatement à la création de l’Etat d’Israël n’aurait jamais dû être entérinée, sous quelque forme que ce soit.
En droit international, aucun pays n’a le droit d’acquérir des territoires par le recours aux armes – seules les négociations peuvent aboutir à ce résultat.
En 1948, les pays arabes recoururent à l’action militaire afin de défendre le territoire palestinien pour lequel des garanties leur avaient été données. Ce sont, en revanche, les forces qui soutinrent la création d’Israël qui représentaient les agresseurs et les usurpateurs de territoire.
« Le traité de paix Kellogg-Briand, signé en 1928, tel que repris par le Tribunal International de Nuremberg en 1948, a aboli à jamais l’idée d’une possible acquisition de territoire au moyen de la conquête militaire.
Sans égard à l’identité de l’agresseur, des frontières internationales ne sauraient être modifiées au moyen de la guerre. Recourir à la guerre est en soi illégal et, si, bien entendu, l’autodéfense est légitime, elle ne peut aller jusqu’au point de constituer une nouvelle guerre d’agression en elle-même.
Si elle le fait, les territoires conquis peuvent être – au pire – temporairement occupés. En aucun cas, ils ne sauraient être annexés. »
En d’autres termes, Israël ne se défendait pas, en 1948, à l’époque de la Nakbah palestinienne, tout simplement parce qu’Israël n’existait pas. La Palestine, elle, existait bel et bien, et l’Autorité mandataire avait déclaré, en 1939, qu’elle était arabe. La résolution n’étant pas impérieuse, les tentatives faites par les Arabes afin de protéger leur territoire de l’agression sioniste étaient légitimes.
Israël n’avait aucun droit internationalement reconnu à « se proclamer » lui-même en tant qu’Etat, « pas plus qu’il n’avait un quelconque motif légal à déclarer lui revenir toutes les terres, les biens immobiliers et mobiliers, ainsi que les comptes en banque des Palestiniens arabes absents de leurs terres, au nom d’on ne sait trop quelle « Loi sur les Propriétés des Absents » adoptée en 1948.
On le voit, depuis son origine, Israël a eu la célèbre approche : « Ce que veut Lola, Lola l’a ! » des relations internationales, approche dont il se fait encore aujourd’hui une spécialité.
En dépit de l’illégalité de l’acquisition territoriale sioniste, la souveraineté d’Israël fut reconnue par les Nations unies en 1949. Mais à ce jour, les conditions mises à la reconnaissance formelle d’Israël ne sont toujours pas réunies.
Ces conditions comportent la garantie aux réfugiés palestiniens de leur Droit au Retour, ou à compensation (les lois dites des « Biens des Propriétaires Absents » constituant une violation directe de cette condition), l’accès aux Lieux saints, et aussi l’accès le plus libre possible à Jérusalem, tant par train ou par avion que par la route, qui doit être garanti à tous les habitants de la Palestine.
Des conditions supplémentaires imposées à Israël comportaient la facilitation du développement économique dans la région, dont des arrangements en ce qui concerne l’accès aux ports et aux aéroports, ainsi que l’usage des infrastructures et services de transport et de communication.
Mais, bien loin d’obtempérer en s’efforçant de se comporter comme un partenaire responsable de la Palestine et du reste du monde, nous constatons qu’Israël impose dans les territoires (illégalement) occupés plus de huit cents barrages routiers et checkpoints, des routes réservées aux seuls Israéliens, un Mur d’Apartheid surmonté de fil de fer armé de lames de rasoir et électrifié, auxquels il faut ajouter les brutalités infligées par les Forces Israéliennes de Défense à la population civile palestinienne, qui se poursuit aujourd’hui sous nos yeux et ce, depuis 1967.
Concomitamment, la population des réfugiés palestiniens est la plus importante au monde.
D’après l’UNRWA, les statistiques pour l’an 2000 indiquent qu’il y a 3,7 millions de réfugiés palestiniens : 1,6 million en Jordanie ; 824 622 dans la bande de Gaza ; 583 009 en Cisjordanie ; 383 199 en Syrie et 376 472 au Liban.
Bien que je reconnaisse personnellement le droit à l’existence d’Israël et que je sois considère avec faveur un règlement à deux Etats, les pays du monde doivent prendre en compte le refus d’Israël de se plier aux principes fondamentaux de la Charte des Nations unies et de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
Le conflit israélo-palestinien concerne le monde entier, parce qu’il est représente une épine dans le flanc du monde arabe et qu’il est la clé de la paix dans la région, tout comme la fin de la guerre en Irak, qui ne peut être apportée que par la liberté pour ce pays.
Les activités des soi-disant « terroristes » palestiniens doivent être mises en balance avec le droit d’un peuple à résister à la mort par occupation et aux politiques perverses génératrices des conditions mêmes qui ont apporté la déréliction et le désespoir à une population naguère prospère et très bien formée et éduquée.
Aujourd’hui, de nombreuses voix de modération se font entendre, tant en Israël qu’en Palestine. Toutefois, si l’on doit en croire la presse israélienne, beaucoup d’autres voix, dont celle de Sharon et de son administration, prônent non seulement le nettoyage ethnique de la population palestinienne, mais aussi l’expulsion des populations Arabe et Bédouine israéliennes qui résident à l’intérieur de l’Etat d’Israël.
A l’évidence, la multitude des résolutions mettant en cause le comportement inadmissible d’Israël (qui sont à chaque fois écartées grâce au veto des Etats-Unis) ont peu d’effet sur la détermination d’Israël à continuer à perpétrer ses crimes en gros à l’encontre de l’humanité.
Sans doute, ce qu’il faudrait, c’est un boycott à l’échelle mondiale des productions israéliennes, tactique qui fut employée – avec succès – afin à aider l’Afrique du Sud à se libérer de ses pires vices.
Le 5 mai 1949 se tint à Lake Success, New York, une Assemblée générale, afin d’étudier la demande d’adhésion d’Israël aux Nations unies (A/818).
La meilleure conclusion que je puisse apporter à cet article consistera à citer les craintes évoquées à l’époque :
« L’Etat d’Israël, sous sa forme actuelle, a contrevenu directement à des recommandations déjà formulées par les Nations unies, au moins sur trois points fondamentaux : son attitude dans la question des réfugiés arabes, la délimitation de ses frontières, et la question de Jérusalem. »
« Les Nations unies n’entendaient certainement pas suggérer que l’Etat juif se débarrasse de ses citoyens arabes. Au contraire, la section C du chapitre I de la résolution de l’Assemblée générale de 1947 avait explicitement formulé des garanties expresses des droits des minorités dans chacun des deux Etats. Ainsi, elle avait interdit l’expropriation de terres détenues par des propriétaires arabes dans l’Etat juif, à l’exception des nécessités d’expropriation pour des bâtiments publics, et à la condition expresse d’une compensation financière intégrale.
Néanmoins, nous constatons que 90 % des habitants arabes d’Israël ont été chassés au-delà des frontières de l’Etat d’Israël par les opérations militaires, ont été contraints à chercher refuge sur le territoire de pays arabes voisins, et ont été réduits à la misère et à l’abandon, Israël les empêchant de retourner chez eux.
Leurs maisons et leurs biens avaient été saisis, et des milliers d’immigrants juifs européens les avaient déjà faits leurs. »
« Ce n’est que tout récemment que les Nations unies ont pris des mesures afin de soulager temporairement le calvaire des réfugiés arabes palestiniens et de préparer leur réinstallation dans d’autres pays.
Toutefois, ce problème n’était pas de nature humanitaire ; il ne s’agissait pas simplement de secours transitoires et de réinstallation (ailleurs).
La nécessité primordiale était de trouver des moyens susceptibles de prévenir le développement, dans les cœurs de ce peuple déraciné et de ses enfants, d’un profond ressentiment à l’encontre de leurs frères humains ainsi que la contagion par ce ressentiment du corps politique des pays dans lesquels ces malheureux réfugiés avaient dû chercher refuge.
A l’évidence, les juifs, qui clamaient avoir été de tout temps un peuple déraciné, et que l’errance avait amenés à lutter afin de reconquérir leur ancienne patrie, ne pouvaient, en toutes justice et conscience, chercher à porter remède à leur déracinement en l’infligeant, ainsi, à d’autres qu’eux-mêmes. »
Source : www.jerusalemites.org
Traduction : Marcel Charbonnier
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