Palestine - 14 mars 2004

Les faits restent, les plans peuvent disparaître

Par Ghassan Andoni

Une réalité si nouvellement établie a dicté l'itinéraire actuel du mur de séparation. Afin de préserver l'intégration des colonies à Israel, le mur a dû dévier de la Ligne Verte en zigzaguant profondément à l'intérieur des territoires palestiniens.
Le mur de séparation a déjà créé des faits sur le terrain qui pourrait avoir un impact sur le futur de la carte géopolitique de la Cisjordanie.

Alors que le Premier Ministre israélien Ariel Sharon hésite au sujet de son plan unilatéral de désengagement, les faits créés sur le terrain par la construction du mur de séparation font partie de la vie quotidienne dans les Territoires Occupés Palestiniens.

Même lorsque Sharon étudie toujours s’il doit se retirer de Gaza, en totalité ou seulement en partie, ou s’il doit évacuer les colonies isolées de Cisjordanie , ou toutes, ou seulement un peu, ou même pas du tout, la vie des villageois palestiniens a déjà rigoureusement changé en tant que réalités géopolitiques.

Cela pourrait prendre un temps considérable à Sharon pour examiner les détails les plus minuscules de ses intentions avec l'administration américaine et avec la ligne dure à l’Extrème-Droite de son parti et de sa coalition gouvernementale.

Il est étonnant que même les représentants des colons s’interrogent sur les véritables intentions du Premier Ministre israélien; aucun de ses alliés d’Extrème-Droite n’a pourtant quitté le gouvernement, et les intransigeants bruyants du Likud sont mortellement calmes.

Il est très probable que tous les opposants aux idées de Sharon, soit ne croient pas que le Premier Ministre est sérieux quant à leur mise en application, ou, comme lors des expériences antérieures, ils doutent de sa capacité à mettre en application ses plans et sont heureux des faits créés sur le terrain par le processus.

Pour créer l'impression que la construction du mur de séparation, qui place les Palestiniens dans des cages et procure à Israël d’énormes saisies de terre, fait partie d'un plan politique pour résoudre la crise, il est crucial d'obtenir l'acceptation ou au moins de s'assurer du silence de la communauté internationale devant un acte si sauvage, raciste et inhumain.

Dans le contexte des accords d'Oslo, un réseau énorme de routes de contournements, pour relier les colonies de la Cisjordanie entre elles et aux zones à l’intérieur d’Israël, a été établi.

Oslo a disparu, pourtant les routes de contournement sont devenues des routes pour colons seulement, ont relié les colonies et ont assuré leur intégration à Israël. En conséquence, des secteurs palestiniens ont été sévèrement désintégrés.

Une réalité si nouvellement établie a dicté l'itinéraire actuel du mur de séparation. Afin de préserver l'intégration des colonies à Israël, le mur a dû dévier de la Ligne Verte en zigzaguant profondément à l'intérieur des territoires palestiniens.
Le mur de séparation a déjà créé des faits sur le terrain qui pourrait avoir un impact sur le futur de la carte géopolitique de la Cisjordanie .

Avec le temps, toutes les Seam zones, les secteurs qui se trouvent entre le mur de séparation et la Ligne Verte pourraient être annexées de fait à Israël.

Les terres des villageois qui ont été séparées à l'ouest du mur avec de probables difficultés à long terme, pourraient graduellement être désintégrées de leurs villages d’origine; et comme elles seraient facilement protégées; elles deviendraient des sites intéressants pour la colonisation.

Même si le retrait, qui n’est toujours que de l’encre sur le papier, disparaît du plan de désengagement, les faits créés par le mur seront conservés par les colons et les faucons de l’Extrème-Droite israélienne.

Source : www.imemc.org

Traduction : MG pour ISM-France