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Gaza - 12 février 2004
Par Ghassan Andoni
La force du groupe de la résistance tient dans leur importante motivation, leur mobilité et leur clandestinité. Cependant, les groupes armés semi-publics, un phénomène qui s’est terminé en Cisjordanie après l'opération "Pre-emptive Shield", sont toujours ceux qui dominent la scène dans les parties peuplées de la Bande de Gaza.
Un résistant palestinien - photo IPC
C’est presque un puzzle de comprendre pourquoi l'armée a lancé les incursions de mercredi sur la ville au nord de Gaza et sur Rafah.
Même lorsque l'armée a décrit l'opération comme visant des membres de la résistance qui "avaient renforcé leurs capacités et augmentaient leurs attaques, principalement les attaques à la roquette Qassam contre Sderot", l’analyste Ze'ev Schiff du quotidien Haaretz n’arrive pas à le comprendre mais remarque, dans son analyse de jeudi, que la dernière roquette Qassam tirée du nord de Gaza a eu lieu le 6 février.
Schiff pense que l'armée, cette fois-ci, "n'avait pas d’objectif spécifique, mais essayait simplement de se battre avec des hommes armés du Hamas". Selon Schiff, même la mort de Hanni Abu Sukheileh, un membre important du Hamas, a été rapportée par l'armée comme fortuite.
Avec le manque de revendications de l'armée d’une situation "de bombe à retardement" ou d’une cible évidente, il est très probable que l'incursion, qui avait été approuvée deux jours auparavant, avait des objectifs politiques.
Schiff a énuméré deux objectifs possibles :
• d’abord, pour prouver aux Palestiniens que le retrait de Gaza n'est pas victoire pour la résistance, et,
• pour empêcher le Hamas d’acquérir le contrôle de Gaza après le retrait.
Il faut examiner soigneusement le but éventuel de préparer le terrain pour un retrait selon le plan d'évacuation proposé auparavant en augmentant les conflits aux niveaux qui pourraient le justifier.
Confronté à plus de difficultés intérieures que prévues et à un soutien hésitant du côté de l'administration des Etats-Unis, Sharon, qui avait espéré être récompensé par l’extension des colonies de la Cisjordanie en échange de l’évacuation de celles de Gaza, est plus inquiet de ce qu'il a déclanché.
L'opération a commencé par l’infiltration d’unités spéciales de l'armée dans la partie nord de la ville de Gaza pour provoquer un clash avec les hommes armés de la résistance.
Ensuite, les hommes de la résistance locale, avec leurs modestes fusils automatiques, n'avaient aucune chance dans un clash à la lumière du jour avec des soldats équipés de la meilleure technologie militaire au monde.
En pratique, Schiff pense que le but de l'opération était de tuer autant de membres de la résistance que possible ; un objectif étroitement lié avec d'autres objectifs dans presque toutes les opérations de l'armée à l'intérieur des Territoires Palestiniens.
Alors que l'Autorité Palestinienne est incapable de défendre son "secteur", en particulier dans Gaza, les hommes armés locaux de différentes factions de la résistance et les groupes localement initiés ont pris pour la douloureuse habitude de défendre les symboles "de la souveraineté réduite" et se confrontent avec l'armée à chaque fois que les soldats essayent d’y se pénétrer.
La force du groupe de la résistance tient dans leur importante motivation, leur mobilité et leur clandestinité. Cependant, les groupes armés semi-publics, un phénomène qui s’est terminé en Cisjordanie après l'opération "Pre-emptive Shield", sont toujours ceux qui dominent la scène dans les parties peuplées de la Bande de Gaza.
A part le renforcement du moral et l'affirmation de la structure de puissance à l'intérieur des différentes villes, villages, et des camps de réfugiés de Gaza, , de tels groupes sont totalement inefficaces en tant que "défenseurs de la souveraineté".
Les centaines de jeunes armés deviennent une cible facile et légitime pour l'armée qui casse la morale de la résistance par des clashs simulés et répétés lors desquels l'armée peut les maîtriser et causer de nombreux morts.
On pourrait probablement conclure que les attaques de représailles qui ont pour but de causer de nombreux morts à l'intérieur d'Israël permet, en dehors du besoin de créer une scène dramatique, de renforcer le moral parmi ces mêmes jeunes hommes armés : un cycle douloureux qui semble sans fin.
Évidemment, ce ne sont pas ces groupes armés semi-publics qui sont la principale inquiétude de l'établissement de la sécurité en Israël. A côté de leur rôle national de garder un certain niveau d'équilibre de puissance qui permet à la résistance de fonctionner aux côtés de l'Autorité Palestinienne, ils nuisent très peu à la sécurité israélienne.
C'est le noyau dur des groupes clandestins fortement motivés qui représente la menace principale et possède un avantage sur l’armée et les hommes de la sécurité. Ils peuvent lancer des attaques et se cacher parmi le public.
De tels groupes existent en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza et ce sont eux qui causent autant de mal que l'armée lorsqu’elle envahit des régions peuplées palestiniens.
De façon assez surprenante, les groupes de la résistance voient toujours un intérêt à préserver des groupes armés semi-publics ; leur talon d’Achille, et en même temps, l'armée continue d’agir contre ceux qui représentent la plus petite menace.
Ce serait peut-être l'intérêt de la résistance de démanteler ses groupes armés semi-publics qui servent jusqu'ici de cible facile et légitime à l'armée dans leur jeu mortel où chacun essaye de démoraliser l'autre.
Assez étrangement, le manque de désarmement était la principale excuse présentée par Israël pour éviter d'être associé à tout accord de cessez-le-feu proposé.
Source : www.imemc.org
Traduction : MG
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Ghassan Andoni
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