Gaza - 11 juin 2005

Quand les mortiers palestiniens tuent des travailleurs palestiniens

Par Ghassan Andoni

Ghassan Andoni es le Directeur du "Palestinian Centre for Rapprochement between People", et l'un des fondateurs de l'International Solidarity Movement (ISM).

La situation palestinienne est l'un des exemples les plus graves, où les mêmes qui résistent à l'occupation et exhibent leur promptitude aux sacrifices illimités, sont ceux qui sont forcés, pour les besoins de la vie quotidienne, de construire des colonies juives sur leurs propres terres expropriées, et fournissent une relance de l'économie israélienne en s'offrant sur le marché du travail au noir.
En observant de près les récentes discussions entre l'Autorité Palestinienne et Israel, on pourrait ne pas remarquer à quel point la dépendance se développe en chantage politique.

Deux palestiniens et un ouvrier chinois ont été tués la semaine dernière, quand des membres de la résistance ont tiré un obus de mortier sur la colonie de Gani Tal dans la Bande de Gaza.


Les assaillants étaient des Palestiniens tout comme la plupart des victimes.

Rien ne peut montrer davantage le dilemme de la Bande de Gaza que cet incident.


On peut comprendre que les gens vivant sous l'absurdité d'une occupation étrangère toujours en développement puissent recourir aux armes pour retrouver leur la liberté. L'histoire moderne des nations dans les pays du tiers monde est principalement caractérisée avec l'apparition des mouvements nationaux de libération contre le vieux système colonial, qui a dominé le monde jusqu'au milieu du siècle dernier.


Pendant que les principaux intérêts coloniaux étaient étroitement liés aux intérêts de l'état colonial, aucune attention n'a été prêtée à la misère causée aux nations occupées.

La pauvreté et le manque de développement local ont, par le passé, créé une situation étrange où les nations occupées combattaient pour leur liberté, mais en même temps étaient totalement dépendantes de la puissance occupante pour gagner leur vie au quotidien.

La gravité des occupations est plus évidente à travers les systèmes de contrôle que les occupants développent, qui touchent chaque aspect de la vie de l'occupé afin d'augmenter le niveau de dépendance des occupés à l'occupant. En conséquence, pour survivre, les occupés ont été forcés de se battre pour le peu d'occasions de travail que l'occupant lui a concédées.

Dans ce contexte on peut comprendre le caractère schizophrène des nations occupées, où la résistance à l'occupation et le renforcement de ses piliers vont de pair.

La situation palestinienne est l'un des exemples les plus graves, où les mêmes qui résistent à l'occupation et exhibent leur promptitude aux sacrifices illimités, sont ceux qui sont forcés, pour les besoins de la vie quotidienne, de construire des colonies juives sur leurs propres terres expropriées, et fournissent une relance de l'économie israélienne en s'offrant sur le marché du travail au noir.

En observant de près les récentes discussions entre l'Autorité Palestinienne et Israël, on pourrait ne pas remarquer à quel point la dépendance se développe en chantage politique.

A la fin de chaque réunion entre les responsables israéliens et palestiniens, la question d'offrir plus de permis pour que des ouvriers palestiniens entrent en Israël est présentée par le côté israélien.

Rien n'est plus humiliant pour la dignité humaine que d'être forcés à s'offrir pour servir les intérêts de votre occupant.

Source : IMEMC

Traduction : MG pour ISM