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Palestine - 16 août 2007
Par Abdel Bari Atwan
Une action renforcée des Palestiniens est nécéssaire pour exiger de la transparence et opposer un veto à toute initiative qui aurait pour but de régler leur cause dans leurs dos.
La cause palestinienne n'est pas un salaire ou de l'aide étrangère que l'on peut échanger contre l'abandon des droits inaliénables des Palestiniens.
Au lieu d'abandonner la cause, il vaudrait mieux revenir au ticket alimentaire et survivre avec l'aide de l'UNRWA.
Photo : le Président de l'Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, le Maréchal Pétain palestinien
Puisque M. Mahmoud Abbas, le Président de l'Autorité Palestinienne à Ramallah, a passé 3 heures en réunion à Jéricho avec Ehud Olmert, le premier ministre israélien, et comme cette réunion s'est limitée aux deux hommes pour la moitié du temps, l'ordre du jour de cette réunion devait inclure des questions à caractère très grave qui nécéssitaient un accord antérieur.
Bien qu'il soit difficile de déterminer quelles étaient ces questions, il n'est pas déraisonnable de faire une supposition intelligente en ce qui concerne certaines d'entre elles, en particulier si nous prenons en compte les intenses initiatives des Américains dans la région pour une conférence de paix cet automne et leurs efforts pour former un front Israëlo-Arabe contre l'axe du mal irano-syrien et ses extensions en Palestine (Hamas) et au Liban (Hizbollah)
En même temps, beaucoup d'écrans de fumée sont lancés pour annihiler toute vision claire et toutes sortes de désinformation sont mises en œuvre pour détourner l'attention du nouvel accord de compromis encouragé avec une pression fiévreuse afin d'anticiper la fin du second mandat du Président George Bush.
Un tel accord l'aiderait à se concentrer plus facilement sur les deux questions plus compliquées, la question irakienne avec toutes ses questions annexes et le problème du nucléaire iranien avec tous les risques militaires, régionaux et stratégiques qu'il entraîne.
Peut-être que le plus visible de ces écrans de fumée est l'affirmation répétée de M. Abbas, dans ses conférences de presse, de son désir d'arriver, au cours de toutes les discussions avec son homologue israélien, Ehud Olmert, à un accord-cadre, plutôt qu'à une déclaration de principes, avant une rencontre lors de la conférence de paix américaine programmée pour l'automne prochain. Il ne fait rien de plus que de jouer sur les mots.
Après tout, M. Abbas qui était l'instigateur de la Déclaration de Principes d'Oslo est bien au courant du degré de révulsion que ce terme procure aux Palestiniens.
Elle provoque des pensées amères et des souvenirs douloureux au sujet de la plus grave déception à laquelle ils ont été soumis dans leur histoire récente. Par conséquent, il a décidé de présenter un nouveau concept, celui d'un accord-cadre, afin de tromper les gens et de leur faire penser que cette nouvelle voie différente aboutira à un meilleur accord que l'infâme accord d'Oslo
Malheureusement pour le Président Abbas, dont le passé politique indique un penchant pour les salles obscures et les négociations secrètes, les Israéliens ne gardent aucun secret et parlent de leurs projets d'une façon plus transparente quand le sujet concerne leur concept d'un accord avec les Palestiniens
Par conséquent, ils ont commencé à insister sur leur détermination à s'occuper du problème des réfugiés palestiniens dès le début, avant d'assister à la conférence de paix l'automne prochain. En effet, ils veulent un accord préalable sur ce sujet avant de faire toutes autres concessions en ce qui concerne les retraits et l'établissement d'un Etat palestinien indépendant
La solution israélienne sur le sujet des réfugiés est connue et son contexte ne nécéssite pas d'être un génie pour l'analyser. En bref, elle exige la renonciation du droit au retour et la désignation de l'Etat promis comme seule et ultime destination des réfugiés palestiniens.
Comme l'Etat d'Israël était la solution pour le retour des juifs vers la terre promise, l'Etat palestinien est donc la solution pour le retour des Palestiniens dans leur patrie.
L'élimination du Droit au Retour sera incluse dans l'accord-cadre qui est maintenant à l'étude, par le recours aux solutions créatrices mentionnées par M. Abbas dans sa déclaration à un journal israélien.
Ensuite, les négociations à Ramallah seront limitées aux questions pratiques du retour des réfugiés : soit dans une vague énorme soit dans des arrivées partielles plus commodes, en fonction de l'avis des Israéliens, et Qui seront les premiers à revenir, les réfugiés du Liban ou ceux d'Irak ou de Syrie ?
Quelle période et quel agenda seront exigés pour leur retour, où s'installeront-ils et quelle sera l'infrastructure nécéssaire pour aider à leur installation ?
Ehud Olmert a stipulé deux conditions à l'acceptation de l'initiative de Paix Arabe.
La première est l'élimination de l'article sur le Droit au Retour des réfugiés, joint à l'initiative du sommet Arabe de Beyrouth en 2002.
La seconde est l'élimination de l'article sur le refus de l'installation des réfugiés dans les pays qui les accueillent actuellement.
Il semble qu'il y ait une certaine flexibilité de la part des Arabes concernant le processus de normalisation qui s'est accéléré depuis la visite le mois dernier des Ministres des Affaires Etrangères égyptien et jordanien au nom de la Ligue Arabe à Jérusalem-Occupé dans le but d'activer l'initiative de paix arabe et l'acceptation de certains Etats Arabes, en particulier le Royaume d'Arabie Saoudite, à participer à la conférence de paix proposée par le Président Bush en automne prochain.
Cela signifie que son ministre des Affaires Etrangères, Saud al-Faisal, sera assis en face de Tsipi Levni, le ministre israélien des Affaires Etrangères, sous le parrainage de Mme Condoleezza Rice
Toutes les conditions sont en place pour que le Président Abbas abandonne le droit au retour indirectement par les solutions créatrices qui sont rédigées actuellement dans des négociations secrètes dans plus d'une capitale européenne avec le soutien Euro-Américain.
Après s'être débarrassé du fardeau de son partenaire encombrant qu'est le mouvement du Hamas et du fardeau encore plus lourd ou du réservoir d'extrémisme appelé le Secteur Gaza, le Président Abbas a bouclé toutes les entrées/sorties de ce secteur et a renforcé le siège contre le mouvement du Hamas qui est à l'intérieur.
Il a maintenant les mains totalement libres et il a vidé tous ses oeufs dans le panier américaino-israélien sans tenir le moindre compte de ses plus proches alliés arabes.
Peut-être que le sujet le plus dangereux de tous est ce qui se passe actuellement au sujet de l'échange de terre dans le cas où ils arriveraient à un acccord.
Parmi les solutions créatrices étudiées avec soin par les deux parties, il y a celle qui prévoit le maintien en Cisjordanie des principaux blocs de colonies (israéliennes) contre une compensation à l'Etat palestinien sous forme d'autres étendues de terre.
Les secteurs à l'étude comprennent des secteurs massivement peuplés d'Arabes à l'intérieur de la Ligne Verte et, en particulier, le Triangle (dans la région de Tulkarem) qui a une très forte densité de population.
Cela accomplira le rêve israélien qui est de se débarasser des Arabes à l'intérieur de l'Etat Juif, le transformant ainsi en Etat purement Juif, exempt de toutes les masses ethniques arabes.
Simultanément, Israël conservera Jérusalem comme capitale unifiée mais avec le drapeau palestinien flottant sur la mosquée Al-Aqsa comme subterfuge pour inciter les gens à croire que les lieux saints sont sous souveraineté palestinienne, une souveraineté qui, dans tous les cas, sera fausse et incomplète.
Le Président Abbas avait fait une croix sur la légitimité du Conseil National quand il lui a substitué le Conseil Législatif. Cependant, quand le mouvement du Hamas et quelques membres honorables du mouvement du Fatah ont dominé le Conseil Législatif en raison des dernières élections, il a gelé son action et a contourné son rôle pour exercer une totale usurpation centralisée de l'autorité avec ceux qui, comme lui, soutiennent l'accord proposé dans le contexte des termes américano-israéliens.
Ni les habitants Arabes du Triangle, ni les Arabes vivant dans les secteurs occupés de 1948 n'ont élu M. Abbas comme président. En conséquence, ils ne lui ont pas octroyé le droit de parler en leur nom et de définir leur destin.
La même chose s'applique également aux Palestiniens de la Diaspora au Liban, en Syrie, en Jordanie et, plus généralement, partout ailleurs.
Par conséquent, une action renforcée des Palestiniens est nécéssaire pour exiger de la transparence et opposer un veto à toute initiative qui aurait pour but de régler leur cause dans leurs dos.
Les actions visant à affamer les Palestiniens, à les assiéger et à étouffer leurs voix à l'intérieur de la patrie et dans la Diaspora ne devraient pas aboutir à l'acceptation de solutions rapidement préparées qui n'obtiennent pas le minimum de leurs demandes légitimes pour l'obtention du Droit au Retour et de l'établissement d'un Etat palestinien sur la véritable terre palestinienne et non sur une déformation truquée.
La cause palestinienne n'est pas un salaire ou de l'aide étrangère que l'on peut échanger contre l'abandon des droits inaliénables des Palestiniens.
Au lieu d'abandonner la cause, il vaut mieux revenir au ticket alimentaire et survivre avec l'aide de l'UNRWA
The Closed door Meetings of Mr. Mahmoud Abbas
When Mr. Mahmoud Abbas, the Chairman of the Palestinian Authority in Ramallah, holds in Jericho three hours meetings with Ehud Olmert, the Israëli Prime Minister, and when these meetings are restricted to the two men for half the time, the agenda of these meetings must include issues of a very grave nature that require prior agreement.
Though it is difficult to ascertain what these issues are, it is not beyond reason to make an intelligent guess in respect of some of them, specially if we take into consideration the Americans' intensified moves in the area toward convening a peace conference this coming autumn and their endeavours to form an Arab-Israëli front against the Iranian/Syrian axis of evil and its extensions in Palestine (Hamas) and Lebanon (Hizbollah).
Many smoke screens are launched in the meantime to obliterate clear vision and all forms of misinformation are being implemented in order to steer through the new compromise settlement promoted with feverish pressure in order to anticipate the termination of President George Bush's second term of office.
Such a settlement would assist him to concentrate more easily on the two more complicated issues, the Iraqi one with all its ancillary side issues and the Iranian nuclear problem with all the military, regional and strategic risks it entails.
Perhaps the most noticeable of these smoke screens is Mr. Abbas's repeated assertion in his press conferences of his desire to achieve in any discussions with his Israëli counterpart, Ehud Olmert, a framework agreement, rather than a declaration of principles, prior to the convening of the American peace conference scheduled for this coming autumn. This is no more than a play on words.
After all, Mr. Abbas who was the promoter of the declaration of the Oslo principles is aware of the degree of revulsion that this term draws from the Palestinian people. It brings forth to their minds bitter and painful memories about the gravest deception they have been subjected to in their recent history.
Hence, he has decided to introduce a new concept, that of a framework agreement, in order to delude people into thinking that this new and different route will culminate in a deal better than the infamous Oslo deal.
Unfortunately for Chairman Abbas, whose political record indicates an inclination towards dark rooms and secret negotiations, the Israëlis retain no secrets and speak of their plans in a more transparent manner when the matter concerns their concept of a settlement with the Palestinians.
Therefore, they have presently begun to emphasize their determination to handle the Palestinian refugees' problem at an early stage, prior to attending the peace conference next autumn. Indeed, they stipulate a prior agreement on this matter before conceding any other concessions in respect of withdrawals and the establishment of an independent Palestinian state.
The Israëli solution for the refugees issue is known and its context requires no special genius to analyze it. In brief, it requires the relinquishment of the Right of Return and the designation of the promised state as the only and ultimate destination for any Palestinian refugee.
Much as the state of Israël was the solution for the return of the Jews to the Promised Land, so stands the Palestinian state as the solution for the return of the Palestinians to their fatherland.
The elimination of the Right of Return will be included in the framework agreement, now under discussion, by resort to creative solutions mentioned by Mr. Abbas in his statement to an Israëli newspaper.
Thereafter, the negotiations will be restricted to the manner of the refugees' return to Ramallah, whether in one huge wave or in comfortable installments in accordance to the Israëli view, and who will it be to return first, the refugees in Lebanon or those in Iraq or Syria?
What period and what timetable are required for their return, where will they settle and how will the economic infrastructure required to support them be established?
Ehud Olmert has stipulated two conditions for the acceptance of the Arab peace initiative. The first is the elimination of the item concerning the refugees' Right of Return, appended to the initiative by the Arab Summit of 2002 in Beirut. The second is the elimination of the item concerning the non admission of the settlement of refugees in the countries hosting them at present.
It appears that there is some Arab flexibility in this respect for the process of normalization has accelerated since the visit last month of the Egyptian and Jordanian foreign ministers to occupied Jerusalem on behalf of the Arab League under the heading of activating the Arab peace initiative and the acceptance of some Arab states, particularly the Kingdom of Saudi Arabia, to participate in the peace conference called for by President Bush next autumn.
This means that its Foreign Minister, Saud al-Faisal, will sit face to face with Tsibi Levni, Israël's Foreign Minister, under the patronage of Mrs. Condoleezza Rice.
Conditions are completely ripe for Chairman Abbas to abandon the Right of Return indirectly through the creative solutions that are being drafted presently in secret negotiations in more than one European capital under Euro-American sponsorship.
Having been rid of the burden of his cumbersome partnership with the Hamas Movement and of the heavier burden or the reservoir of extremism called the Gaza Sector, Chairman Abbas has firmly shut all openings to this Sector and tightened the siege against the Hamas Movement within it.
He now has a completely free hand and has dumped all his eggs in the American-Israëli basket without any heeds whatsoever even to his closest Arab allies.
Perhaps the most dangerous point of all that is presently taking place is that pertaining to the exchange of land in case a settlement is reached.
Among the creative solutions under close deliberation by the two parties is one which provides for the maintenance of the major (Israëli) settlement blocks in the West Bank against compensating the Palestinian State with some other tracts of land. The tracts under consideration comprise the locations of the densely Arab inhabited areas within the Green Line and, in particular, the Triangle (around the Tulkarm area) which has a very high population density.
This will achieve the Israëli dream of getting rid of the Arabs within the Jewish State thus transforming it into a purely Jewish state free of any Arab ethnic masses. Simultaneously, Israël would retain Jerusalem as its unified capital but with the Palestinian flag fluttering above the Aqsa Mosque as part of the deception to make people believe that it falls under Palestinian sovereignty over the holy sites, a sovereignty which is in all cases fake and incomplete.
Chairman Abbas had written off the legitimacy of the National Council when he substituted the Legislative Council for it. However, when the Hamas Movement and some honorable members of the Fateh Movement dominated the Legislative Council as a result of the latest elections, he froze it and circumvented its role to exercise complete unitary usurpation of authority with those of his ilk who support the settlement proposed in the context of the American-Israëli terms.
Neither the Arab inhabitants of the Triangle nor the Arabs living in the 1948 occupied areas had elected Mr. Abbas as their president. Consequently, they have not delegated unto him the right to speak in their name and resolve their fate. The same also applies to the Palestinians of the Diaspora in Lebanon, Syria, Jordan and, generally, everywhere else.
Therefore, intensified Palestinian action is required to demand transparency and to stamp a veto on any move that aims at settling their cause behind their backs.
The acts of starving the Palestinians, besieging them and choking their voices in the homeland and in the Diaspora should not give fruit by the acceptance of quickly brewed solutions which fall short of achieving the minimum of their legitimate demands for exercising the Right of Return and the establishment of the Palestinian state on genuine Palestinian land not on a fake disfigurement of it.
The Palestinian cause is not one of salaries or of foreign aid in exchange for surrendering the inalienable rights of the Palestinian People. Better than surrendering the totality of this cause is to revert to the ration card and to survive on the aid of UNRWA.
Source : Al-Quds al-Arabi, 11 Août 2007
Traduction : de l'arabe par Nizar Sakhnini
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