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Grande Bretagne - 23 février 2005
Par Ben Young
Londres, Conférence internationale sur la Palestine, SOAS le 5 décembre 2004 : "La résistance à l’apartheid israélien : stratégies et principes" - Intervention de Ben Young, Grande Bretagne.
Je tiens à préciser avant tout que, si j’ai effectivement milité dans le mouvement Jews for Justice for Palestinians (JSJFJP), je m’exprime ici à titre purement personnel, cette grosse organisation refusant de me suivre sur cette question.
Le combat à mener en Israël/Palestine est autrement plus difficile à mener que celui qui a abouti à la victoire en Afrique du sud.[…]
Dans le cas de l’Afrique du Sud, il était très facile de se mettre d’accord sur une plate-forme commune pour la fin des lois d’apartheid, de la ségrégation et pour les droits civils pour tous, ce qui aurait immédiatement été applaudi de la part d’un gouvernement élu par la majorité de la population.
Et les organisations étudiantes avaient contribué à développer et à préserver l’unité la plus large dans les actions anti-apartheid et dans le soutien à l’ANC, parce qu’elles avaient surmonté toutes les manœuvres pour diviser leurs rangs.
Cela avait commencé à la fin des années 1940 (avant même que le National Party ait pris le pouvoir), lorsque les organisations africaines et indiennes avaient décidé de coopérer sur une plate-forme impliquant l’égalité pleine, les mêmes droits électoraux, et un Etat démocratique, plutôt que des concessions ponctuelles
Les campagnes pour le désengagement commercial connurent un succès éclatant : la Barclay Bank fut obligée d’abandonner ses implantations en Afrique du sud.
Une grande partie du contact avec l’Afrique du sud passait par le sport ; l’arrêt de toute collaboration dans ce domaine fut un excellent moyen de montrer l’immoralité du concept d’apartheid.
Mais dans le cas d’Israël, il faut choisir entre deux objectifs distincts : s’agit-il de convaincre de l’immoralité de l’occupation de Gaza et de la Cisjordanie , ou de celle de l’Etat d’Israël lui-même et de ses présupposés ?
Ainsi, la campagne d’ISM contre Caterpillar vise plutôt le premier objectif, tandis que les manifestations devant Marks & Spencer visent le second.
Mais malheureusement, cette dernière campagne est d’une efficacité très limitée pour une bonne raison : Marks & Spencer jouit d’une image de firme authentiquement british, et parce que les opposants, les sionistes extrémistes, ont réussi à faire apparaître les manifestants comme des extrémistes eux-mêmes.
Ceci m’amène à l’idée que les groupes pro-palestiniens ont été affaiblis par l’incapacité de l’Autorité palestinienne elle-même à encadrer et coordonner les actions étudiantes, contrairement à ce qu’avait fait l’ANC.
Il est facile de constater à quel point le gouvernement israélien coordonne activités et campagnes des groupes de juifs sympathisants, de façon à en faire des agents effectifs de la politique israélienne [….]
Ainsi, tandis que la campagne anti-apartheid bénéficiait de ses liens officiels avec l’Union Nationale des Etudiants, l’UJS s’est débrouillée pour empêcher tout débat sur Israël/Palestine en faisant une alliance tactique avec les étudiants du Parti Travailliste (qui sont principalement des carriéristes sans prétentions idéologiques radicales), et en raflant les responsabilités dans tous les comités locaux où les questions qui nous intéressent, telle que l’antiracisme à un niveau international, pouvaient être mises sur le tapis.
Au niveau de l’Union nationale, très vite est apparue la crainte d’être traités d’antisémites. C’est ainsi que fut annulé un débat sur le boycott à Israël à l’Université de Warwick ; ce qui montre à quel point cette peur a été inoculée avec succès.[…]
J’ai une première raison d’être optimiste : pour la première fois de mémoire d’hommes, le présent de l’Union Nationale des Etudiants n’appartient pas à une branche du Parti Travailliste ; les plates-formes électorales des différentes factions de l’Union sont en train de changer, et cela va affecter l’alliance tactique qu’avait l’UJS avec les étudiants travaillistes. […]
Je pense que les étudiants pro-palestininiens commencent à réaliser l’urgence d’une action unifiée. En octobre dernier, il y a eu un congrès étudiant sur la Palestine à LES, qui regroupait la Fédération des Sociétés d’Etudiants islamistes en Grande-Bretagne et en Irlande (FOSIS), la JSJFJP (ce mouvement au sein duquel je milite), les associations palestiniennes et d’autres groupes tels que War on Want pour bien montrer ce qu’ils voulaient réaliser sur le campus et au sein de l’Union Nationale des Etudiants (NUS).
Il s’agit maintenant de resserrer encore ces liens pour aller de l’avant. Je suis sûr que les événements internationaux rendront notre message plus compréhensif et pertinent, aux yeux du monde entier.
Contributions des autres intervenants à cette conférence :
Ilan Pappe (Israël),
Victoria Brittain, (Grande Bretagne)
John Docker (Australie),
Lisa Taraki (Palestine),
Mona Baker (Grande Bretagne),
Hilary Rose (Grande Bretagne),
Lawrence Davidson (USA),
Betty Hunter (Grande Bretagne),
Haim Bresheetsh (Grande Bretagne),
Omar Barghouti (Palestine)
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