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Grande Bretagne - 23 février 2005
Par Victoria Brittain
Londres, Conférence internationale sur la Palestine, SOAS le 5 décembre 2004 : "La résistance à l’apartheid israélien : stratégies et principes" - Intervention de Victoria Brittain, Royaume Uni
Il y a deux ans, la campagne de solidarité avec la Palestine avait déjà mis en parallèle notre combat avec les stratégies de lutte qui avaient été efficaces en Afrique du Sud.
Ainsi, Ronnie Kasrils, alors ministre des Eaux et Forêts, maintenant chargé de la sécurité dans le gouvernement sud-africain, déclara : "Nous, en Afrique du Sud, savons bien en quoi consiste l’oppression raciale. Nous l’avons combattue et vaincue parce qu’elle était injuste…"
Puis il cita l’archevêque Desmond Tutu, pour qui la violence de l’apartheid sud-africain était « une partie de campagne », à côté de la brutalité de l’occupation israélienne en Palestine.
Enfin, il énuméra toutes les actions de terrain qui avaient fini par isoler le régime, "politiquement, économiquement, diplomatiquement, culturellement et militairement."
Et notre conférence présente fait partie de ces actions importantes, selon ce que nous enseigne l’histoire de l’ANC et du mouvement anti-apartheid (AAM)
Le combat fut très rude, pour rendre la liberté à l’Afrique du Sud. Après dix ans de gouvernement par la majorité, il est facile d’oublier que quelques années plus tôt à peine, nous étions plongés dans des batailles pour tirer les gouvernements occidentaux de leur indifférence, ce que fait en ce moment même le mouvement de la solidarité avec la Palestine.
Et il n’était pas facile de résister au découragement, dans ces années-là.
Pour vous donner une idée de l’atmosphère : la conférence d’Harare en 1987, sur « Enfance, répression et législation dans l’Afrique du Sud de l’apartheid » fut l’occasion pour les grands dirigeants de l’ANC exilés de rencontrer les enfants qui avaient fait l’objet de menaces de la part du régime, afin de briser l’esprit de la résistance.
La plupart des jeunes dirigeants des structures internes de la résistance, le Font Uni Démocratique, ne s’étaient jamais rencontrés, ni ne connaissaient Oliver Tambo, Thomas Nkobi, Johnny Makatini, et tant d’autres.
Cette génération avait porté la responsabilité de la direction depuis l’exil pendant vingt ans déjà. « C’étaient les gens qui, au début des années 1960, tandis que tout semblait perdu et que l’organisation était écrasée, avaient inspiré au président algérien ces paroles, dans son discours à toute l’Afrique : « Il nous faut mourir un peu pour la libération de l’Afrique du Sud ».
Le sacrifice était la norme, et il en fut de même pour la génération suivante. C’est seulement trois ans plus tôt, en 1984, que le ministre des Affaires Etrangères britannique, Malcolm Rifkind, déclarait à la chambre des Communes que « les tribunaux sud-africains ont une solide réputation d’indépendance », juste après l’arrestation de toute la direction de l’UDF qui venait de se constituer.
Nous l’avions dénoncé, en insistant sur les tortures habituelles, l’arrestation des témoins, et tous les mécanismes coercitifs de l’Etat, tout ce contexte qui rendait la déclaration du ministre anglais absolument scandaleuse, et qui révélait la collusion réelle des gens au pouvoir avec le statu quo.
C’est pourquoi aujourd’hui les gens comme nous n’ont pas le choix, sont obligés d’agir comme nous le faisons pour les Palestiniens.
L’histoire de l’Afrique du Sud dans ces années dures avançait plus vite qu’aucun d’entre nous ne le supposait ni n’aurait pu l’imaginer. Il en sera de même pour la Palestine.
Nous ne savons jamais à quel moment précis la marée change de sens, mais une rencontre comme celle-ci peut être un moment clé.
Contributions des autres intervenants à cette conférence :
Ilan Pappe (Israël),
John Docker (Australie),
Lisa Taraki (Palestine),
Mona Baker (Grande Bretagne),
Ben Young (Grande Bretagne),
Hilary Rose (Grande Bretagne),
Lawrence Davidson (USA),
Betty Hunter (Grande Bretagne),
Haim Bresheetsh (Grande Bretagne),
Omar Barghouti (Palestine)
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