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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

Pillage colonial et marchandage israélien

Par

Abdel Rahim Mallouh est Membre du comité exécutif de l'OLP Il écrit de l'intérieur de la prison israélienne de Ofer. Aricle paru le 11 juillet 2005

Quiconque suit les négociations internes israéliennes, entre les diverses parties impliquées dans l'application du plan Sharon du "désengagement unilatéral" ne peut qu'être frappé de nervosité et de stupeur à la fois, à cause du degré de "business" chez les intéressés directs, dans le sens large du terme, et du degré de mépris et d'indifférence envers les droits politiques et matériels palestiniens, et envers la légalité internationale, ses traités et ses valeurs, ainsi qu'envers ses décisions, au vu et au su de la communauté internationale, avec la complicité de certains.

Beaucoup de ces colons des colonies de Gaza ont été personnellement transférés par Sharon du Sinaï en 1982 après la démolition de leurs colonies dans le cadre de l'application des accords de Camp David. Il leur a été donné d'importantes sommes d'argent pour bâtir de nouvelles colonies appropriées à leur standing de vie.


Comme dans toutes les opérations de colonisation dans les territoires occupés, l'Etat occupant et les diverses agences juives ont financé, alimenté et protégé la colonisation tout au long de ces années, à la façon d'un enfant gâté nourri avec une cuillère en or : cela commence par l'expropriation forcée de la terre et de l'eau palestiniennes, par le financement de la construction et des infrastructures des colonies et ensuite par le financement des projets spéciaux, l'installation et la circulation, ensuite par la protection politique et sécuritaire.


Aujourd'hui, lorsque Sharon a considéré que l'intérêt israélien, à moyen et long termes, exigeait le démantèlement des colonies de Gaza et l'expulsion de leurs colons, comme l'a fait Begin après la signature de l'accord de Camp David avec l'Egypte et malgré la différence capitale du lieu et du temps, Sharon a eu recours à différents moyens, mais le fond reste le même, qui est la préservation des valeurs élevées de la colonisation et d'assurer les demandes des colons.


Quant aux Palestiniens, qui sont les ayant droit légaux et dont les terres et l'eau ont été confisquées et pillées, il leur est demandé de balayer les miettes laissées par les colons, il est même demandé de leur direction qu'elle assure la sécurité de toute l'opération sinon malheur à elle! Le moins qu'il faille dire c'est que cette direction n'est pas un partenaire, car elle n'a rien à y voir, sinon toute l'opération serait vue comme une opération de pillage colonial des droits palestiniens, une opération de marchandage entre les colons et leur gouvernement. Il est demandé à la communauté internationale et/ou à l'administration américaine de financer l'opération car elle sert les intérêts israéliens en premier lieu, et avant toute chose. Il a été décidé que pour faire partir une famille de colons le prix à payer serait entre 300 et 500.000 dollars, auxquels s'ajoutent le dunum de terre vers laquelle elle devrait partir, l'appartement à vie, après la construction des diverses insfrastructures nécessaires, l'eau, l'électricité, les rues, les écoles, les fermes et les usines, etc..

Ensuite, les miettes abandonnées sont proposées à la vente, le vice-premier ministre Shimon Perès mène des négociations avec la Banque mondiale et l'Union européennes pour l'achat des tentes agricoles, le financement du transfert des gravas des maisons démolies, et avec la Turquie pour l'achat de la zone industrielle au nord de la bande de Gaza, afin que cette dernière soit partagée en trois, un consortium turco-israélo-palestinien, le gouvernement israélien ayant estimé le coût à un milliard de dollars, demandant aux Etats-Unis de les assurer.


Cette situation a suscité la jalousie de beaucoup de colons, qui souhaitent faire partie des colons de Gush Katif, afin de profiter de ces dons. Quant aux propriétaires de ces terres et de ces eaux, confisquées et pillées pendant des décades, et pour lesquelles il est supposé que le droit international les compense en contrepartie des dégâts politiques, matériels, moraux subis du fait de l'occupation de leur terre et de la privation de leur liberté, de l'arrêt de leur développement, ces propriétaires légaux regardent médusés ce qui se passe, où l'occupant, l'agresseur est récompensé, alors que l'ayant-droit est, sinon ignoré, sanctionné.

Le comble est que les autorités de l'occupation agissent en imposant de ne prendre en compte que la dimension sécuritaire, et non la dimension politique.

Le responsable de l'information extérieure du cabinet de Sharon, Igal Gilaadi, a déclaré plus d'une fois, en porte-parole de Sharon ou d'autres dirigeants de sa formation politique, que le terme unilatéral signifie que dans ce plan, nous ne négocions pas avec les Palestiniens, nous décidons nous-mêmes des aspects de son application.


Le professeur Shlomo benami, ministère des affaires étrangères du gouvernement Barak, a explicité la position officielle israélienne, en la critiquant, dans un article de Haaretz, publié par al-Quds le premier juillet, disant : "les responsables de ce pas ne le considèrent pas comme faisant partie d'un plan global élargi pour un règlement politique, amenant Israël à des frontières reconnues de faon définitive. En fin de compte, les deux responsables politiques, Ariel Sharon et Shimon Pérès participent à cette vision disant qu'Israël n'est pas obligée de faire un effort pour un règlement global et la fin du conflit.

Il a ajouté : "et qu'arrivera-t-il lorsque tout le monde réalisera que Sharon ne va rendre que Gaza ?"


Quant à l'écrivain israélien, Méron Benvenisti, il a écrit dans Haaretz disant : Malheur à celui qui va oser dire, concernant le sionisme et les valeurs élevées de la colonisation, que depuis longtemps, il ne s'agit paradoxalement, que d'une affaire de transaction immobilière. Le public israélien est unifié sur une vision qui considère le désengagement comme un pas unilatéral qu'Israël entreprend pour assurer ses propres intérêts. Le calendrier interne est le seul souci, les palestiniens, "qu'ils aillent au diable", et le monde est incité à applaudir pour cette scène ou pour ce sacrifice israélien, à condition qu'il paie le prix monétaire de ce désengagement et qu'il ne demande pas à Israël d'avoir des positons politiques".


Il ajoute : "cette opération concentre l'intérêt sur quelques milliers d'Israéliens et ne prend pas en compte le million et demi de Palestiniens qui vivent là-bas. Quel sera leur sort après le désengagement ? Est-ce qu'ils prendront le contrôle des points de passage aux frontières afin qu'ils puissent avoir accès au monde extérieur ? Est-ce que l'aéroport sera de nouveau fonctionnel ? Est-ce qu'il y aura un point de passage entre Gaza et la Cisjordanie ? Ce qui est sûr, c'est que la paix ne viendra pas par cette initiative".


Ces extraits servent à montrer l'importance de cette vision unitaire de tous les courants politiques israéliens, du plan du désengagement unilatéral de Sharon et ses dimensions politiques et pratiques.

A partir de cela, la partie palestinienne doit unifier sa vision et sa position, pour éviter de tomber dans les pièges de Sharon ou dans des situations inattendues et pour démonter et dénoncer les buts de ce plan, à moyen et long terme, à l'opinion internationale, afin qu'elle se ne retrouve pas, inconsciemment, comme un partenaire assurant la réussite du projet de Sharon.


Le peuple palestinien a résisté pendant des décennies à l'occupation, et le retrait de Gaza et du nord de la Cisjordanie est la conséquence de sa résistance. Toutes ses forces ont considéré le retrait comme une des conséquences de sa longue lutte et un premier pas vers le retrait total.

Le peuple palestinien refuse de devenir, directement ou indirectement, un outil sécuritaire dans le projet politique et colonial de Sharon, c'est-à-dire le retrait de Gaza et de quelques bouts de la Cisjordanie avec le maintien de l'occupation sur les autres parties de la Cisjordanie , en coupant le chemin au retrait total et à l'application des décisions de la légalité internationale, à la réalisation des droits nationaux du peuple palestinien, à l'autodétermination sur son Etat indépendant et au retour.

Source : www.arabs48.com

Traduction : Centre d'Information sur la Résistance en Palestine

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