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Israël - 12 mars 2008
Par Alan Hart
La réponse est courte : personne, sauf peut-être le sionisme lui-même. Maintenant, voyons comment nous arrivons à cette conclusion.
Plus la version sioniste de l'histoire de la création et de l'entretien du conflit dans et sur la Palestine est vue pour ce qu'elle est, à savoir une propagande absurde, plus les partisans inconditionnels d'Israël se mobilisent pour dire au monde que les juifs d'Israël sont en danger d'être jetés à la mer ou atomisés par l'Iran, sinon aujourd'hui, du moins demain.
La beauté de l'affirmation, d'un point de vue sioniste, est que, se repaissant de l'obscénité de l'holocauste nazi, elle justifie tout ce que fait Israël, les crimes de guerre et tout le reste, pour consolider sa main mise sur les parties de la Cisjordanie occupée, dont Jérusalem Est arabe, qu'il a l'intention de garder pour toujours, et continuer à opprimer les Palestiniens et à leur nier un minimum acceptable de justice.
Peu après son arrivée à Londres en novembre 2007 au poste d'Ambassadeur d'Israël, Ron Prosor a dévoilé le projet du Ministre israélien des Affaires Etrangères pour renforcer une propagande offensive. Il a dit que lui et tout son staff allaient sortir de leurs bureaux et se rendre dans tous les studios de télévision et de radio, partout en Grande-Bretagne. Et il a appelé tous les Juifs à s'engager dans ce processus de soutien à Israël dans les médias par tous les moyens disponibles.
La déclaration d'intention de Prosor revenait à admettre que les critiques de la politique d'Israël (y compris un nombre grandissant d'israéliens éminents et autres juifs) commencent à faire quelques vagues, et qu'à moins de gros efforts prodigués par ses partisans inconditionnels, Israël courait le risque d'être largement perçu comme un réel obstacle à la paix (ce qu'il est, bien sûr).
Les résultats concrets de cette mobilisation ont été sensibles es 9 et 10 mars, dans "Have Your Say" ("Exprimez-vous"), l'émission à ligne ouverte de la BBC. La question proposée à la discussion par le présentateur Jonathan Charles était : "Qu'est-ce qui peut être fait pour sortir de l'impasse au Moyen Orient et remettre le processus de paix sur les rails ?". Cette émission particulière de "Have Your Say" fut très différente de toutes les éditions précédentes consacrées au conflit Israël/Palestine. Comment ?
Dans les autres émissions, la majorité des appels étaient (peut-être devrais-je dire "semblaient être", si ma mémoire est bonne) des critiques d'Israël, à un degré ou un autre. A peine surprenant étant donné qu'il y a environ 1,4 milliards de Musulmans dans le monde, et seulement entre 13 et 17 millions de Juifs. Mais dans l'émission des 9-10 mars, la majorité des appels – je veux dire ceux qui ont été invités à exprimer leur opinion sur les ondes – étaient des partisans inconditionnels d'Israël. Pour des auditeurs qui savent peu ou rien sur la création et l'entretien du conflit, l'impression principale véhiculée par l'émission fut que le Hamas, et non Israël, était à blâmer pour le fait que le processus de paix n'allait nulle part, et que le Hamas et les autres (le Hezbollah et l'Iran furent le plus souvent cités) voulaient détruire Israël.
Charles, le présentateur, a mentionné qu'avant de commencer l'émission, il avait reçu "plusieurs milliers" d'e-mails. Je pense qu'il est plus que raisonnable de dire que la majorité de ces e-mails était le résultat de la campagne de lobby sioniste très bien organisée, destinée à influencer l'équilibre d'expression d'opinion souhaité par la BBC dans ce programme. Le débat n'a été ni averti ni honnête et il ne fait aucun doute que l'Ambassadeur Prosor et ses collègues du Ministère des Affaires Etrangères auraient été plus que satisfaits du show.
Pendant l'émission, un Palestinien de Gaza est allé jusqu'à interroger : "Qui va détruire Israël ?". Il pensait à l'évidence que l'affirmation qu'Israël, qui possède l'arme nucléaire, pourrait être détruit par n'importe quelle combinaison de force arabe non nucléarisée n'était rien d'autre qu'une foutaise de propagande sioniste. Le présentateur Charles n'a pas voulu donné suite à cette question dérangeante. Mais moi je vais le faire.
On peut résumer ainsi la vérité sur ces 60 dernières années.
Depuis sa déclaration unilatérale d'indépendance en 1948 jusqu'à aujourd'hui, l'existence d'Israël n'a jamais été menacée par aucune combinaison de force arabe. L'affirmation inverse du sionisme fut la couverture qui a permis à son enfant monstrueux de s'en sortir là où cela importait le plus – en Amérique et en Europe de l'Ouest – en faisant passer son agression pour de la légitime défense. Comme je le prouve en détail dans mon ouvrage : "Zionism : The Real Enemy of the Jews" ("Le sionisme : le véritable ennemi des Juifs"), les états arabes limitrophes, en dépit de quelque rhétorique vide et stupide du contraire, n'ont jamais eu la moindre intention de combattre Israël pour libérer la Palestine. Ils savaient que c'était mission impossible. Et c'est encore plus leur conviction aujourd'hui.
Et dans l'avenir ?
Il ne fait aucun doute que le Hezbollah ou le Hamas pourraient faire quelques dommages sérieux à Israël, mais seulement jusqu'au moment où Israël répondrait avec le maximum de force pour détruire les capacités militaires des deux mouvements.
Certains commentateurs ont beaucoup parlé de l'échec d'Israël à défaire le Hezbollah dans les dédales de sa terre au sud Liban, pendant l'été 2006, mais ce fut l'échec de la stratégie, pas de la capacité militaire. Si au lieu d'essayer de faire le boulot principalement par les airs les généraux d'Israël avaient lancé une offensive majeure au sol, avec l'objectif de remonter jusqu'au fleuve Litani, cela aurait été une toute autre histoire. Les Forces israéliennes de défense auraient eu sûrement de lourdes pertes, mais elles auraient pu détruire le Hezbollah en tant que force combattante et empêcher le retour de ennemis armés au sud du Litani. Le problème est que ce qu'Israël n'a pas fait au sud Liban en 2006, il peut le faire à n'importe quel moment de son choix à l'avenir.
L'affirmation que le Hezbollah et le Hamas menacent ou pourraient menacer l'existence d'Israël est complètement stupide.
Alors, étant donné que les régimes arabes ne vont pas guerroyer avec Israël, qu'en est-il de la menace à l'existence d'Israël que représenterait un Iran possédant l'arme nucléaire ?
Pour la discussion, admettons que l'Iran aura des armes nucléaires dans quelques années. Lancera t'il alors une attaque nucléaire pour balayer Israël de la carte ? Comment peut-on répondre que la question dépend de si, oui ou non, on pense qu'un gouvernement en Iran serait assez dingue pour risquer des représailles nucléaires ? Je ne pense pas que n'importe quelle direction iranienne serait à ce point stupide. Je crois également que si certains dans le gouvernement actuel veulent que l'Iran ait des armes nucléaires, c'est pour une seule raison – la dissuasion, pour dissuader Israël d'attaquer l'Iran.
Mais je pense aussi qu'il est très improbable que l'Iran développe réellement un arsenal nucléaire. Ses dirigeants savent que s'ils le faisaient d'ici un an ou deux, Israël, avec ou sans la bénédiction de l'Amérique, le détruirait (les installations nucléaires de l'Iran) et qu'il le ferait par une attaque nucléaire, si ses généraux pensaient qu'ils ne pourraient pas le faire avec des armes conventionnelles.
L'affirmation que l'Iran constitue ou pourrait constituer une menace à l'existence d'Israël est également complètement stupide.
Seuls les Juifs (et pas tous) croient que les ennemis d'Israël ont, ou auront un jour, à la fois le désir et la capacité de détruire l'état sioniste ; et ils ne le croient que parce que le sionisme les a conditionnés à le croire. Une grande partie du problème, ou du moins c'est ce qu'il me semble, est que beaucoup de juifs, les Israéliens et d'autres, ont besoin de croire que l'existence même d'Israël est menacée par ses ennemis. Et ce besoin existe parce qu'il leur évite de se poser des questions inconfortables et douloureuses sur la nature de l'Etat sioniste et sur son comportement criminel.
L'ironie, peut-être la plus grande ironie de toute l'histoire de l'humanité à ce jour, est que la seule menace réelle à l'existence d'Israël est la bombe à retardement démographique créée par la conquête et la colonisation sionistes de la Cisjordanie , y compris Jérusalem Est arabe et la Bande de Gaza en 1967.
La décision de Sharon de mettre fin à l'occupation israélienne de la Bande de Gaza n'a strictement rien à voir avec une démarche de processus de paix. Dans ses dernières années, le Premier Ministre Sharon était confronté à la réalité, à savoir qu'Israël aurait trois options s'il maintenait l'occupation de la Bande de Gaza et de la Cisjordanie .
L'option 1 était d'annexer officiellement la Cisjordanie et la Bande de Gaza et, pour permettre à Israël de continuer à proclamer qu'il était une démocratie, de garantir les mêmes droits à tous ses citoyens. Le problème avec cette option était qu'il entraînerait la fin de l'Etat juif par des moyens politiques puisque, en conséquence, les citoyens arabes du Grand Israël dépasseraient en nombre et en vote ses citoyens juifs.
L'option 2 était d'annexer officiellement la Cisjordanie et la Bande de Gaza, mais en refusant aux citoyens arabes du Grand Israël (la majorité prévisible) l'égalité des droits. Dans ce scénario, le Grand Israël devrait traiter ses citoyens arabes de manière encore pire que le régime d'apartheid d'Afrique du Sud avait traité sa majorité noire. Et ce serait inacceptable pour la plupart des Juifs du monde et, peut-être, la moitié des Juifs d'Israël. Il n'offrirait aussi à la communauté internationale aucun autre choix, à un moment donné, que de déclarer le Grand Israël Etat paria et lui imposer des sanctions.
L'option 3 était de recourir à une autre et ultime tranche de nettoyage ethnique – en provoquant une confrontation totale avec les Palestiniens pour donner aux Forces israéliennes de défense et aux colons armés le prétexte pour faire partir les Palestiniens des Territoires Occupés vers l'Egypte, la Jordanie ou ailleurs, au nom de la légitime défense, bien sûr. Si les Palestiniens refusaient de fuir, il y aurait un bain de sang. Un holocauste sioniste.
C'est à la lumière de ces options que Sharon a décidé le retrait de la Bande de Gaza, comme une première étape pour désamorcer la bombe à retardement de l'occupation.
La deuxième étape, à laquelle Sharon avait songé avant d'être emporté par une attaque, était un retrait de 40% de la Cisjordanie , pour créer l'espace de trois ou quatre bantoustans, que les Palestiniens pourraient appeler un Etat s'ils voulaient. Sharon se moquait éperdument qu'une telle solution ne représente pas pour les Palestiniens un minimum acceptable de justice et qu'ils la rejettent. C'était une offre à prendre ou à laisser, et si les Palestiniens la refusaient, il y aurait toujours l'Option 3. La seule chose qui préoccupait Sharon était de désamorcer la bombe à retardement de l'occupation. Il savait que quelques Israéliens (et probablement tous les fondamentalistes chrétiens d'Amérique) le traiteraient de traître ; mais il était en paix avec lui-même, sachant que ce qu'il proposait serait fidèle à la mission du sionisme – prendre le maximum de terre arabe, avec le minimum d'Arabes dessus.
C'est finalement son successeur, le Premier Ministre Ehud Olmert, qui a dit la vérité sur les raisons de quelques retraits de Cisjordanie . En novembre 2007, lors d'un entretien avec Ha'aretz, il a dit que si Israël n'acceptait pas la création d'un Etat palestinien indépendant (sur des petits bouts de la Cisjordanie ), Israël aurait à faire face à "une lutte à la Sud-Africaine pour l'égalité du droit de vote", et que dès que ceci se produirait, "ce serait la fin de l'Etat d'Israël."
Source : Alan Hart Diary
Traduction : MR pour ISM
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