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ISM France - Archives 2001-2021

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Turquie -

Relations israélo-turques : une nouvelle ère

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Cette semaine, la décision de la Turquie d’exclure Israël d’un exercice militaire aérien multinational sur le territoire turc a rendu l’establishment politico-militaire israélien fou furieux. Les manœuvres, surnommées « Aigle d’Anatolie », devaient avoir lieu au-dessus de la ville turque de Konya le 12 octobre, avec la participation d’avions de guerre de plusieurs pays de l’OTAN, dont les Etats-Unis et l’Italie, ainsi qu’Israël et le pays d’accueil, la Turquie. L’exercice a lieu régulièrement depuis 2001, avec une participation internationale.

Relations israélo-turques : une nouvelle ère


29 janvier 2009 à Davos. Recep Erdogan accuse Israël de crimes de guerre à Gaza devant un Shimon Peres interloqué qui n'en croit pas ses écouteurs.

Cependant, la publication récente du Rapport de la Commission Goldstone, mandatée par l’ONU, qui accuse le régime d’apartheid de Tel-Aviv d’avoir commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité pendant la guerre-éclair de décembre-janvier à Gaza, semble être à l’origine de la décision du gouvernement d’Erdogan.

Il était convaincu qu’accueillir ces mêmes avions de guerre qui, il y a à peine neuf mois, avait fait pleuvoir la mort sur les têtes des enfants palestiniens sans défense dans la Bande de Gaza, serait scandaleusement inconscient et hautement immoral.

Nouvelle Turkie

Erdogan a été personnellement à l’avant-garde de l’opposition internationale aux crimes de guerre israéliens contre le peuple palestinien.

En janvier, pendant le forum économique mondial à Davos, Erdogan s’était publiquement accroché avec le Président israélien Shimon Peres, confrontant le criminel de guerre patenté aux crimes nazis que l’armée israélienne venait de perpétrer contre les civils palestiniens sans protection.

Selon les mots d’un journal turc, le courageux accès de colère d’Erdogan fut « une gifle ottomane à la figure d’Israël ».

De plus, l’accueil en héros qu’Erdogan a reçu ensuite à l’aéroport d’Ankara après son retrait de Davos a souligné le fait que la Turquie d’aujourd’hui n’est pas la même que celle qu’Israël était habitué à considérer comme acquise.

Israël a pensé à tort qu’il pouvait faire ce qu’il voulait aux Palestiniens, rien n’affecterait sérieusement ses relations avec la Turquie.

Toutefois, les protestations turques, répétées et violentes, contre l’attaque génocidaire d’Israël à Gaza, et aussi le siège du type ghetto de Varsovie de la Bande de Gaza, ont montré à la direction israélienne l’erreur grossière d’ignorer les sensibilités turques vis-à-vis de leurs frères palestiniens.

Evidemment, les dirigeants israéliens, ivres d’arrogance et d’insolence, n’ont probablement jamais imaginé que les dirigeants turcs feraient pression pour que les soldats et officiers israéliens impliqués dans la guerre génocidaire à Gaza soient jugés comme criminels de guerre.

De même, Israël pensait, toujours à tort, que la Turquie finirait par céder au « pouvoir juif » si Israël décidait de se servir de la « carte arménienne », c’est-à-dire jurer de soutenir les voix occidentales demandant la reconnaissance de la campagne anti-arménienne de 1915-1917 en Turquie, comme « génocide ».

L’Etat sioniste avait aussi menacé d’utiliser la « carte américaine », se servant de l’influence juive sur le gouvernement américain, le congrès et les médias contre les intérêts turcs.

Toutefois, toutes ces menaces et tentatives de contraindre la Turquie, par chantage, à ne pas bouger devant les crimes pornographiques d’Israël contre les Palestiniens a totalement échoué à réduire la Turquie au silence.

En fait, c’est l’effet opposé qui semble s’être produit ; les dirigeants turcs comme les citoyens ordinaires en sont arrivés à voir les tactiques de chantage d’Israël comme une insulte à la dignité et à l’honneur de l’Etat turc et de son peuple.

La Turquie a pourtant des relations militaires importantes, et en particulier économiques, avec Israël. De plus, il y a toujours d’importants « centres de pouvoir » en Turquie qui « conseillent » constamment le gouvernement du Parti pour la justice et le développement, ou AKP (Adalet ve Kalkınma Partisi) avec Israël. L’establishment militaire laïc, gardien de l’ordre républicain, est au sommet de ces centres.

Le pouvoir militaire

Les analystes israéliens sont aujourd’hui « déconcertés » que l’appareil militaire ait « donner son accord » aux instructions d’Erdogan d’exclure Israël de l’exercice militaire.

Ce qui est clair cependant est que la direction turque soit résolue à s’opposer à l’approche néo-nazie d’Israël vis-à-vis du peuple palestinien, quels que soient les dommages que pourrait lui infliger l’énorme réseau de relations avec Israël.

En fait, il est de plus en plus clair que le gouvernement de l’AKP a réussi à mettre sur pied une puissante résistance à l’arrogance et à l’hégémonie israéliennes, tout en surmontant progressivement les possibles objections de l’appareil militaire turc.

Il y a quelques années, Israël et d’autres cercles sionistes pouvaient facilement avoir des contacts secrets avec l’establishment militaire turc, et même signer des accords allant jusqu’à des centaines de millions de dollars, tout en contournant complètement le gouvernement turc.

De fait, on sait maintenant qu’Israël et ses soutiens ont joué un rôle central dans le renversement du gouvernement quasi-musulman de Necmettin Erbakan en 1997.

Toutefois, la capacité israélienne à manipuler l’arène politique intérieure turque semble dépassée, étant donné l’apparent succès du gouvernement turc à harmoniser ses relations avec l’appareil militaire.

L’annulation de l’exercice aérien au-dessus de Konya semble bien avoir le plein consentement de l’armée turque, ce qui suggère que les derniers amis d’Israël en Turquie changent, eux aussi.

Reconsidérer les relations

Israël continue évidemment, bien qu’avec moins d’enthousiasme qu’avant, à invoquer ses “relations stratégiques” avec la Turquie.

Cependant, les dirigeants israéliens en viennent aujourd’hui à la conclusion que le terme de « liens stratégiques » est une description israélienne unilatérale, et que le gouvernement turc n’est plus vraiment intéressé par des liens stratégiques avec un Etat criminel qui massacre les enfants en masse, puis prétend avoir agi en légitime défense.

Le 12 octobre, le quotidien israélien Ha'aretz citait un responsable de la défense, sous couvert d’anonymat, qui suggérait qu’Israël devrait réexaminer l’ensemble de ses relations avec la Turquie.

« La réalité a peut-être changé et les liens stratégiques dont nous pensions qu’ils existaient en sont venus à leur fin. Peut-être devons-nous reconsidérer nos liens et adapter nos réactions. »

Il est peu vraisemblable que les relations turco-israéliennes jouissent d’un regain rapide dans un avenir proche.

Il y a quelques semaines, Israël a refusé d’autoriser le Ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, à aller dans la Bande de Gaza par le passage frontalier de Beit Hanoun. Le refus israélien a obligé Davutoglu à annuler sa visite.

Il a dit dans un entretien avec CNN le 11 octobre que la décision turque d’empêcher Israël de participer à l’exercice militaire avait bien sûr à voir avec la situation à Gaza.

Quelques responsables israéliens, comme le Ministre de la Défense Ehud Barak, autre criminel de guerre patenté pour son rôle dans la guerre génocidaire à Gaza, a mis en garde contre d’autres détériorations des relations avec la Turquie.

De plus, tant le ministère des affaires étrangères que celui de la défense auraient donné instructions à leurs fonctionnaires de ne faire aucun commentaire sur « l’affaire », apparemment pour ne pas saper davantage les relations bilatérales.

Il semble cependant que les cercles puissants de la droite israélienne, au gouvernement et au parlement, sont en train d’initier tranquillement « des liaisons secrètes et actives » avec des éléments spécifiques de l’appareil militaire turc pour tenter de les inciter à miner ou même à renverser le gouvernement de l’AKP.

Israël pourrait également avoir recours à son arme secrète maçonnique pour déstabiliser le gouvernement turc, pour le punir de sa position pro-palestinienne.

Avant la Première Guerre mondiale, le mouvement sioniste s’était servi du mouvement franc-maçon pour renverser le califat ottoman, après que le Sultan Abdul Hamid II ait refusé de céder la Palestine aux sionistes pour la création d’un Etat juif.

Le Sultan avait été cité disant au leader sioniste Theodor Herzl : « Si un jour l’Etat musulman se désagrège, alors vous pourrez avoir la Palestine pour rien, mais tant que je vivrai, je préfèrerai être coupé en morceaux plutôt que de voir la Palestine détachée de la patrie musulmane. »


Source : Islam On Line

Traduction : MR pour ISM

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