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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

Samar Assad : Gaza, un an après le Désengagement

Par

Samar Assad est le directeur exécutif du Palestine Center.

Le 15 août 2005, Israel a commencé à retirer 8.500 colons israéliens de 21 colonies dans la bande de Gaza.
L'initiative, bien qu'unilatérale et effectuée avec un avertissement de la part des Palestiniens que le retrait maintiendrait le contrôle israélien sur Gaza, donnait à certains Palestiniens l'espoir d'un meilleur futur économique et l'espoir qu'ils ne seraient plus soumis au harcèlement de l'armée et des colons israéliens.

Un an plus tard, Gaza et ses 1.4 million d'habitants ne sont ni en sécurité ni économiquement prospères. Le contrôle d'Israël sur Gaza a été ressenti bien avant l'élection du Hamas et fût malheureusement claire depuis le 27 juin 2006.

Avec les médias et la diplomatie du monde entier concentrés sur le Liban, l'offensive militaire israélienne à Gaza se poursuit sans aucun changement et n'est pratiquement pas suivie de près.

En dehors des Nations Unies qui enregistrent de graves inquiétudes concernant la détérioration des conditions humanitaires et la violence continue contre les civils et l'infrastructure palestiniens, il semble que le prétendu "premier front" dans le dernier cycle de la violence ait été oublié.


Gaza en chiffres

Selon un rapport du 9 août 2006 publié par le Palestinian Monitoring Group (PMG), 170 Palestiniens comprenant, 138 civils, 14 officiers de sécurité et 15 militants, ont été tués dans des attaques israéliennes entre le 27 juin et le 8 août 2006. Pendant cette même période, 506 Palestiniens ont été blessés.

Le PMG, qui rassemble les informations documentées par les Ministères palestiniens, dont le Ministère de la Santé, celui des Travaux Publics et de l'Infrastructure, des agences de sécurité palestiniennes et des employés sur le terrain de PMG, a signalé que depuis le 27 juin 2006 Israël avait effectué 768 frappes militaires contre Gaza.

Selon le PMG, les F-16 et les hélicoptères israéliens ont lancés "190 attaques aériennes, les soldats israéliens ont tiré plus de 3.500 obus d'artillerie, et l'Armée de l'Air israélienne a effectué 380 patrouilles aériennes."

Selon les chiffres du PMG, entre le 8 juillet le 8 août, 131 Palestiniens, dont 108 civils – et parmi eux 26 enfants - ont été tués et 395 Palestiniens ont été blessés. Juillet fût le mois le plus meurtrier à Gaza avec 151 Palestiniens tués, faisant de lui "le mois le plus meurtrier dans la Bande de Gaza depuis octobre 2004." déclare PMG.

Comme au Liban, la campagne militaire israélienne à Gaza a causé une large destruction de biens privés et publics.

L'infrastructure publique, telle que des routes et des ponts, le réseau d'alimentation en eau, des centrales électriques, des réseaux téléphoniques et électriques et des établissements civils, a été visée par Israël. Des maisons, des véhicules, des serres et des terres agricoles ont été également endommagés.

Selon les Services d'Eau des Municipalités Côtières palestiniennes (CMWU), une attaque israélienne du 14 juillet 2006 à Wadi al Salaq dans la Bande de Gaza a endommagé environ 850 mètres de conduites d'eau et a endommagé les systèmes de raccordement à 35 maisons.

Une attaque sur Beit Hanoun du 15 au 19 juillet a détruit plus de 180 réservoirs d'eau installés sur les toits.

Dans une stratégie semblable à celle utilisée au Liban, l'armée israélienne a laissé tomber des tracts ordonnant aux civils de quitter leurs maisons en raison d'une attaque aérienne imminente.

L'argument d'Israël pour les bombardements des maisons des civils à Gaza, tout comme au Liban, était que des roquettes sont tirées sur Israël à proximité des maisons ou que les maisons servent de cachettes d'armes.

Il y a plusieurs articles de la Quatrième Convention de Genève qui protègent les civils contre de telles actions, y compris l'article 32, qui interdit de causer soit des souffrances physiques, soit le meurtre ou d'autres mesures de brutalité contre des civils et l'article 33, qui interdit toute peine collective et l'intimidation d'une population civile.



Echecs du Désengagement

En plus de l'introduction de l'unilatéralisme dans la diplomatie au Moyen-Orient, qui s'est avérée être un échec, le désengagement israélien de Gaza n'a pas produit d'horizon politique, il n'a pas provoqué la relance économique promise et il n'a pas garanti l'exécution des accords négocié par des tiers.

Par exemple, Israël n'a toujours pas rempli ses engagements concernant l'Accord sur le Déplacement et l'Accès qui avait été négocié par le Secrétaire d'Etat américain, Condoleezza Rice, en novembre 2005.

Pour l'essentiel, l'accord souligne la nécessité de mettre fin aux fermetures pour préparer le terrain à une relance économique. Aujourd'hui, l'aspect le plus frappant de cet accord est l'absence de sa mise en application par Israël.

Pour sa part, la communauté internationale n'a pas été capable de créer des mécanismes de surveillance et de mise en vigueur parce que le désengagement n'a pas été conçu ou suivi dans le contexte d'un cadre politique.

Finalement, cela a créé une crise au niveau de la mise en oeuvre. Maintenant Gaza est en plein désarroi, et cela a été aggravé par le retrait de l'aide après l'élection au pouvoir du Hamas.

Beaucoup de questions cruciales pour les conditions de vie des Palestiniens demeurent non résolues. Par exemple, les Palestiniens dans la bande de Gaza affrontent un certain nombre de défis au développement économique en raison de l'accès limité des Palestiniens au marché du travail israélien et d'une restriction à la circulation des marchandises.

Les programmes de développement dans les secteurs évacués par les colons restent en suspens parce que les décombres laissés derrière eux n'ont pas été enlevés comme convenu. Les exportations des produits agricoles des serres évacuées ne se sont pas matérialisées en raison de la fermeture de la frontière par Israël.

Israël continue à contrôler l'entrée et la sortie de toutes les personnes et les marchandises dans la bande de Gaza, à patrouiller sa côte et son espace aérien, à fournir son eau, son carburant, son électricité et ses eaux d'égout, et à entrer quand il veut dans Gaza avec des forces armées.

En vertu du droit international, "le contrôle réel" permet de mesurer si un territoire est occupé. Donc, selon cette définition, la Bande de Gaza, un an après le désengagement, demeure sous occupation.




Source : http://www.palestinechronicle.com/

Traduction : MG pour ISM

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20 août 2006