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Palestine - 4 avril 2007
Par Michael F. Brown
Michael F. Brown est un camarade au Palestine Center, qui a publié une version de ce même article et fait partie du Conseil des Interfaith Peace-Builders. Auparavant, il était directeur exécutif de Partners for Peace et correspondant à Washington de Middle East International. Les opinions exprimées dans ce rapport sont celles de l'auteur et ne reflètent pas nécessairement celles du Jerusalem Fund.
L'initiative de paix de la Ligue Arabe est remise en selle après une interruption de 5 ans imposée par les Israéliens et les Américains.
Le retour à la proposition précédemment mise de côté a lieu seulement parce que l'administration Bush a totalement foutu la merde dans la région - du chaos sectaire sanglant à Bagdad au tsunami de déchets humains qui a récemment balayé la partie nord de Gaza - et elle a évidemment conclu qu'il y avait maintenant un meilleur espoir de "s'occuper" d'Israel et de la Palestine que de l'Irak.
Photo Eric Draper/Maison Blanche : Le president George W. Bush dans le cockpit de d'Air Force One lors de l'approche finale avant d'atterrir à Bagdad le 13 juin 2006
Dans une torsion ironique, l'affirmation de l'administration Bush que la route vers la paix au Moyen-Orient passe par Bagdad a été inversée par un effondrement total en Irak. Maintenant Jérusalem, les frontières et les réfugiés palestiniens sont à l'ordre du jour.
Seule la force grandissante de l'Iran et du désespoir d'un certain succès dans la région a pu mener la Maison Blanche à sa position actuelle et risque un échec semblable à celui du Président Clinton dans ses derniers jours au bureau après 8 ans de pouvoir.
L'administration, représentée par le Secrétaire d'Etat Condoleezza Rice, en est arrivée là par faiblesse et non par déterminaion. Ils ont été acculés par les imperfections de leur propre belligerence.
La faible carte du Moyen-Orient à Washington présente réellement une meilleur occasion que d'habitude pour des progrès positifs de rétablissement de la paix -- bien que les chances de succès demeurent excessivement minces. Avec le renforcement de l'Iran, la famille Bush et ses alliés sont peu disposés à affaiblir l'Arabie Saoudite.
Et les Saoudiens ont commencé à s'occuper des circonstances changeantes avec une certaine adresse. Le succès des Saoudiens dans la poussée d'un gouvernement/autorité d'unité Hamas-Fateh a évidemment mené au recalibrage de ce que l'administration Bush tolérera et à tester les lignes de rupture entre les Etats-Unis, l'Europe et Israël.
"Il est devenu nécessaire", a déclaré le Roi Abdullah en notant la principale ligne de faille économique, "de mettre fin au blocus injuste imposé aux Palestiniens dès que possible afin que le processus de paix puisse avancer dans une atmosphère loin de l'oppression et de la force."
Cependant, reste à voir ce que seront les répercussions du commentaire du Roi Abdullah lors de l'ouverture du sommet de Riyadh : la présence américaine en Irak constitue "une occupation étrangère illégale."
A ce jour, la réponse publique de l'administration a été presque retenue.
Le porte-parole du Département d'Etat, Sean McCormack, a déclaré : "…Nous voulons comprendre plus clairement ce qu'il avait exactement à l'esprit quand il a parlé d'une occupation illégale."
McCormack a également souligné les excellentes relations personnelles entre le Président Bush et le Roi Abdullah. Cependant, d'autres au Congrès et parmi les "think-thanks" sont sûrs d'être véhéments dans leur condamnation du Roi Abdullah et de l'Arabie Saoudite.
Déjà, le New York Times note que Simon Henderson, le directeur de la politique énergétique et dans le golfe au Washington Institute for Near East Policy (WINEP), a affirmé que les remarques du Roi Abdullah légitimaient les attaques contre les troupes américaines en Irak.
Les défenseurs de l'expansionisme israéliens sont susceptibles de tenter d'injecter des souvenirs du 11 Septembre dans toute discussion sur la participation saoudienne dans le rétablissement de la paix au Moyen-Orient.
La clameur croissante pour des discussions substantives a sûrement fait tituber le gouvernement d'Olmert. Il est maintenant dans la position délicate de devoir s'engager et de ne pas paraître intransigeant.
Conscient de cela, il a bien joué le rôle du faible pendant la toute dernière visite de Rice. À la fin de cette visite, Olmert a accepté de rencontrer le Président palestinien Mahmoud Abbas toutes les deux semaines afin de discuter de sécurité et des questions économiques, mais pas des questions de statut final.
Selon lui, il gagne des points sur le type de discussions tout en évitant la substance du cœur du problème. Rice n'a certainement pas publiquement reproché à Olmert de résister à des discussions sérieuses, mais au lieu de cela, elle a blâmé la lenteur de l'avancée sur l'accord inattendu entre le Hamas et le Fateh.
Cependant, maintenant, le sommet de Riyadh a augmenté de façon irréversible la pression sur Olmert.
Une offre globale de paix de la Ligue Arabe est sur la table. Olmert réalise probablement qu'une certaine sorte de contre-proposition est obligatoire suite à l'éviscération politique de Yasser Arafat quand il a offert une contre-proposition purement implicite à Camp David.
Le premier ministre israélien vise dans les entretiens avec les Saoudiens une reconnaissance Arabe d'Israël tout en évitant encore la substance des demandes des Palestiniens. Les Saoudiens sont sûrs de percer son jeu. Ils sont, après tout, au courant de ce genre de scénarios.
Les circonstances présentes accentuent une fois encore l'importance vitale d'être sur l'offensive dans les discussions de paix et d'établir le cadre pour des entretiens substantifs. La Ligue Arabe a rétabli son sérieux et a convenablement appuyé les droits des Palestiniens sur Jérusalem, les frontières et les réfugiés.
Après la paix israélienne, les incursions ont ignoré ou ont essayé de gagner du temps sur ces questions, mais elles ont gagné dans la cour de l'opinion publique américaine en avançant avec force et avec des accroches rhétoriques gagnantes telles que la terminologie omniprésente "d'offre généreuse" de l'ère Barak
Que ces propositions n'aient pas grand-chose à voir avec le respect dess droits des Palestiniens et des principes de base de la justice était insignifiant dans de nombreuses couvertures médiatiques.
La seule chose qui importait était que des discussions étaient en cours et que les Israéliens étaient vus comme les initiateurs plutôt que les répondants. Cependant, cette fois, la Ligue Arabe a le dessus sur le gouvernement israélien puisqu'elle a offert un marché enraciné dans les droits et le droit international – tourné rapidement au ridicule par Thomas Friedman qui avait soutenu la première version du plan saoudien en 2002 -- tandis que celui-ci est largement vu comme tentant de parer à des négociations sérieuses.
Comme on ne l'avait jamais vu avant, des joueurs plus puissants semblent à l'heure actuelle déterminer le destin des Palestiniens. Pourtant tout règlement, peu importe l'éloignement des chances, exigerait une approbation des Palestiniens par référendum.
Cependant, avant un lointain référendum, il y a la nécessité extrème pour les Palestiniens de mettre de l'ordre dans leur propre maison car le carnage fratricide continue, bien qu'à un niveau plus bas depuis l'intervention saoudienne.
Avec un nouveau gouvernement/autorité d'unité, il y a également une fenêtre pour faire avancer une nouvelle réflexion sur la direction palestinienne. Ceci présente encore une autre opportunité pour une "offensive de paix" dans laquelle les Palestiniens peuvent proposer d'une façon réfléchie leurs droits et revendications légitimes à la communauté internationale.
Plus de retard dans la transmission de ces opinions ne fera que le jeu des responsables israéliens en leur permettant de définir les termes d'un accord de paix compatible avec l'expansionisme israélien et le nettoyage ethnique (en refusant le droit au retour). Camp David avait accompli ce succès pervers. Olmert est presque sûr de se reprendre et de tenter de ne pas faire moins. Il a, naturellement, de puissants alliés au Congrès et dans l'administration
Le battage verbal des Saoudiens et des Palestiniens commencera bientôt à diminuer, sérieusement – encore une fois. Cependant, cette fois, la détérioration du climat régional pourrait mener à un peu plus de débat.
Néanmoins, quand les Démocrates se sont arrachés la langue en demandant l'approbation du Congres pour une attaque américaine contre l'Iran, ils ont indiqué -- au moins temporairement -- pas simplement un soutien implicite des Démocrates à une telle frappe, mais la réalité sinistre qu'après quatre ans d'échec dans la région, les responsables Démocrates ne sont pas encore prêts pour un franc débat au sujet du Moyen-Orient, d'Israël et du rétablissement de la paix Israëlo-Palestinienne.
On peut s'attendre à ce que la base républicaine, pour sa part, fasse connaître bientôt son opposition aux timides mesures prises jusqu'ici par la Secretaire Rice.
L'AIPAC , jamais bien loin de ces sujets, invitera probablement l'administration et le Congrès "à ne pas sacrifier" Israël pour les intérêts de l'Arabie Saoudite et rappellera certainement que des demandes ne devraient pas être faites à Israël qui compromettent sa sécurité.
Si l'administration Bush n'abandonne pas immédiatement ou n'attaque pas verbalement le plan de la Ligue Arabe comme conséquence de la pression républicaine et de l'AIPAC , alors quelque chose de nouveau sera en cours de réalisation, quelque chose digne d'une attention très particulière.
Jusque-là, Rice suite simplement le modèle d'Olmert : le style sur la substance.
Source : http://electronicintifada.net/
Traduction : MG pour ISM
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