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Bethléem - 19 février 2004
Par Ghassan Andoni
Nous avons le sentiment très fort que quiconque le soutient ou se tait est aussi coupable que ceux qui l’imposent.
Nous vous supplions de ne pas rester silencieux alors qu’on nous met dans une cage cadenassée, de vous élever contre et de ne jamais reconnaître le système d’Apartheid racial qui se met en place en Terre Sainte.
Il nous faut affirmer que l’humanité a défait l’Apartheid et ne peut pas permettre qu’il relève à nouveau la tête.
Le Mur à Abu Dis - Photo transmise par soeur Marie-Dominique
En pleine confusion quant à ses propres frontières, et très belliqueux à l’endroit de la propriété des palestiniens, Israël a décidé de construire une énorme et hideuse barrière qui ne se contente pas seulement d’encercler la région de Bethléem et de la séparer complètement de sa ville jumelle, Jérusalem, mais la divise aussi en petites enclaves isolées.
Au cours des 37 dernières années, les occupants ont détruit l’esprit joyeux de Bethléem, et simultanément, de la vie de ses 170 000 habitants.
Les 22 colonies illégales encerclant Beethléem ont en permanence détruit ses paysages et une grande partie de son héritage culturel.
La plus garde partie des réserves en terre de Bethléem ont été illégalement confisquée pour la construction de ces colonies. Les 70.000 dunams de terre que Bethléem risque de perdre avec le mur d’Apartheid - avec son mur de béton haut de huit mètres, ses fils barbelés, ses routes que patrouille l’armée, ses tranchées et ses tours militaire vont détruire ce qui reste de la vie du village et transformer la totalité de Bethléem en un gigantesque camp de détention.
Si on permet à cela de continuer, Nahalin, le beau jardin de Bethléem, et six autres villages seront encerclés par le mur sur ses quatre côtés. Les 15 000 habitants auront besoin d’un permis de sécurité pour franchir les portes du mur dans les deux sens, pour aller à l’école et même passer la nuit chez eux.
Avec environ 10 kilomètres de mur terminés sur les 50 prévus, nous percevons tous que le ghetto est déjà là et nous avons peur pour notre futur et celui de nos enfants.
L’occupation la plus douloureuse est celle qui se met en place à proximité des barrières. Les checkpoints militaires, les barrages, et les murs et barrières de séparation nous empêchent de vivre et diminuent nos chances de bénéficier d’un futur libre et indépendant, le seul moyen possible pour que coexistent Palestiniens et Israéliens.
Notre ville, qui est habituellement florissante pendant la saison touristique, avec les vagues de pèlerins et de croyants, est hermétiquement fermée. Nos hôtels sont vides, les restaurants et les boutiques de souvenirs sont fermées, et les boutiques artisanales n’ont plus de travail.
Pour continuer la construction du mur, Israël a déjà démoli des douzaines de maisons et enclos plusieurs quartiers à l’intérieur des barbelés. Comme le mur est prévu pour courir au plus près des maisons dans toutes les zones de Bethléem (villes, villages et camps de réfugiés) , et s’il est terminé, aucun habitant n’aura de ferme, très peu pourront encore avoir un petit jardin.
Priver nos fermiers de leurs fermes, les transformer en travailleurs forcés puis leur bloquer les possibilités de travail est une condamnation à une mort lente et douloureuse prononcée contre toute une nation.
Si nous comprenons le besoin de sécurité des civils des deux parties du conflit, nous ne pouvons pas comprendre pourquoi, au lieu de construire des murs dans son propre territoire Israël s’emploie à transformer les territoires palestiniens en un grand zoo et à nous installer dans des cages.
La Terre Sainte ne peut pas être divisée en une société vibrante et joyeuse à l’Ouest en en une prison misérable et surpeuplée à l’Est.
Il n’y a aucune raison que la vie des Palestiniens aient moins de valeur que celles des Israéliens.
Un mur qui crée une situation pareille ne peut pas apporter la sécurité mais à l’inverse, il ne peut que fabriquer des générations de gens encore plus désespérés qui ne voient plus la différence entre la vie et la mort.
Les murs peuvent peut-être sauver quelques vies dans l’immédiat mais finiront par provoquer plus encore de pertes en vies humaines et plus encore de sang versé.
Les murs auxquels nous sommes confrontés ne sont pas seulement à l’intérieur de notre terre, mais il s’étendent à tous les échelons internationaux.
Les vétos constants de l’Amérique aux Nations Unies ferment la porte à une solution pacifique et juste de nos problèmes et font obstacle entre nous et notre capacité à regagner nos droits légitimes via des moyens pacifiques légitimes.
Utiliser la sécurité comme prétexte au vol de notre terre et aux punitions collectives est un procédé qui fait souffrir et que nous ressentons dans notre chair depuis ces trente sept années d’occupation.
Mais le mur de l’Apartheid est une agression sans précédent qui met en danger notre simple capacité de survie. Nous avons le sentiment très fort que quiconque le soutient ou se tait est aussi coupable que ceux qui l’imposent.
Après tellement d’effort investis, et tellement de vies dévastées, nous vous supplions de ne pas permette que le gouvernement israélien détruise ce qui reste pour assurer notre future coexistence, de retourner ce problème en un problème d’existence.
Nous vous supplions de ne pas rester silencieux alors qu’on nous met dans une cage cadenassée, de vous élever contre et de ne jamais reconnaître le système d’Apartheid racial qui se met en place en Terre Sainte. Il nous faut affirmer que l’humanité a défait l’Apartheid et ne peut pas permettre qu’il relève à nouveau la tête.
Nous en appelons à vous pour ne pas ajouter une autre barrière qui nierait notre droit à réclamer justice devant la Cour Internationale de Justice. Israël ne doit pas être autorisé à rester en permanence un pays au-dessus de la loi internationale.
Pour soutenir la paix et la justice, nous vous demandons d’aider la Cour Internationale de Justice à faire le pas qui nous rapprochera de l’établissement d’une paix juste en Terre Sainte. Ne permettez pas aux murs de nous séparer.
La population de Bethléem
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Le Mur
Ghassan Andoni
19 février 2004