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Palestine - 6 juillet 2008
Par Khaled Amayreh
Le Hamas a accusé Israël de "traîner des pieds" et de "montrer peu de sérieux" sur les négociations d'un future accord d'échange de prisonniers, selon lequel Israël libèrerait des centaines de prisonniers politiques et résistants palestiniens, en échange de la libération par le Hamas d'un soldat de l'armée d'occupation israélienne capturé par des combattants palestiniens près de Gaza, il y a deux ans.
Le Premier Ministre Ehud Olmert a dit vouloir accélérer les négociations avec le Hamas au sujet de l'accord d'échange. On a cité Olmert disant qu'il avait donné instructions à tout ceux qui étaient impliqués dans les négociations avec le Hamas "de faire le nécessaire" pour que les discussions progressent aussi rapidement que possible.
Cependant, le gouvernement israélien, en particulier les services secrets et de sécurité, semble globalement opposé à libérer des centaines de prisonniers palestiniens éminents, arguant qu'une telle démarche renforcerait la popularité du Hamas au dépens du régime de l'Autorité Palestinienne basé à Ramallah.
"Nous connaissons très bien la manière de négocier israélienne. Ils essaient de nous blouser et de nous pousser à faire des compromis sur nos exigences. Mais cela n'arrivera pas, parce que nos prisonniers sont, eux aussi, des êtres humains, ils ont eux aussi des bien-aimés qui attendent avec impatience leur libération des geôles et des camps de détention israéliens", a dit Ahmed Youssef, conseiller politique en chef d'Ismail Haniyeh, Premier Ministre du gouvernement Hamas basé à Gaza.
Youssef a dit qu'il pensait que l'administration Bush faisait pression sur Israël pour ne pas parvenir à un accord d'échange de prisonniers de premier rang avec le Hamas en ce moment, car un tel accord saperait la stature du Président de l'AP, Mahmoud Abbas.
Des observateurs dans les territoires palestiniens occupés ont noté que le cessez-le-feu entre Hamas et Israël militait contre les intérêts du Fatah.
Le Fatah avait espéré que le Hamas finirait par succomber à la pression israélienne et internationale, en particulier par le dur blocus d'une année imposé à la Bande de Gaza, qui a presque complètement détruit l'économie de Gaza et poussé les 1,5 millions d'habitants de l'enclave côtière au bord d'une catastrophe sociale et humaine.
De la même manière, certains cercles influents au sein du Fatah considèrent qu'une issue couronnée de succès à "l'affaire Shalit", d'un point de vue palestinien, serait une énorme publicité pour le Hamas.
Cette affirmation semble globalement juste. La liste des prisonniers palestiniens dont le Hamas a demandé la libération inclut, entre autres, des dirigeants éminents du Fatah comme Marwan Al-Barghouti et Abu Ali Yatta, ainsi que Said Al-Ataba, qui fait partie de l'Union Démocratique anti-islamique de Palestine (FIDA), affiliée à l'Autorité Palestinienne. Yatta et Ataba sont incarcérés dans les geôles israéliennes depuis 28 et 31 ans.
Al-Aram Weekly a discuté cette semaine avec la femme d'Abu Ali Yatta, lors d'une visite chez elle à Yatta, près d'Hébron, au sud de la Cisjordanie .
Yatta, arrêté en 1980 pour avoir tué un soldat juif colonisateur, a pratiquement perdu la vue et souffre de toute une série de maladies, dont d'hypertension et de problèmes cardiaques.
Cependant, les gouvernements israéliens successifs ont obstinément refusé de le libérer, craignant apparemment une opposition acharnée des puissants cercles des colons.
"Ils disent que mon mari a du sang sur les mains. Mais qui, en Israël, n'a pas de sang palestinien sur les mains ? Olmert a-t-il les mains propres ? Barak a-t-il les mains propres ? Mon mari a tué un soldat d'occupation qui a vraisemblablement tué des Palestiniens innocents, mais des milliers de soldats et de colons israéliens ont tué des enfants palestiniens et d'autres civils innocents. Alors pourquoi ces tueurs d'enfants juifs sont-ils libres, à profiter de la vie ?", demande Um Ibrahim.
Elle a dit à Weekly que "nous espérons et nous prions pour que cette année soit la dernière que passera Abu Ali dans les prisons et les camps de détention israéliens. Il y a trop d'Israéliens qui ont du sang sur les mains et qui n'ont pas passé un seul jour en prison".
En vérité, le mantra de "la sainteté du sang juif" s'est noyé de nombreuses fois dans une mer de sang palestinien et a effectivement perdu toute la légitimité qu'elle a pu avoir, même aux yeux des Juifs eux-mêmes.
En de nombreuses occasions, Israël a libéré des prisonniers palestiniens et libanais qui avaient tué des soldats et des colons israéliens, la plupart du temps lors d'échanges de prisonniers. De plus, le gouvernement israélien, cette semaine, a convenu de libérer le vétéran des prisonniers libanais, Samir Kuntar qui a tué, il y a presque 30 ans, plusieurs colons, au nord d'Israël, selon un marché négocié par les Allemands avec le Hezbollah.
Selon cet accord imminent, Israël libèrera Kuntar et plusieurs autres combattants du Hezbollah, ainsi qu'un nombre non précisé de prisonniers palestiniens, en échange de la remise par le Hezbollah des corps de deux soldats israéliens capturés par l'organisation libanaise pendant la guerre d'Israël contre le Liban, à l'été 2006.
Mahmoud Al-Zahhar, dirigeant du Hamas, a dit que la décision israélienne de relâcher Kuntar, bien qu'il ait du sang juif sur les mains, renforçait la détermination du Hamas à insister sur la libération des Palestiniens emprisonnés dans les geôles israéliennes.
"Maintenant nous pouvons les confronter sur la fausseté de leurs mantra. De plus, s'ils acceptent de libérer des prisonniers qui ont du sang sur les mains en échange de cadavres, ils devraient être encore plus désireux de libérer les prisonniers palestiniens en échange de Shalit, qui est vivant", a dit Al-Zahhar.
L'attitude qui consiste à traîner les pieds d'Israël en ce qui concerne le cas Shalit est peu susceptible de faire plier le Hamas, lui-même soumis à une immense pression psychologique de la part des familles des centaines de prisonniers palestiniens vétérans qui sont convaincus qu'un accord Shalit réussi est la seule chance pour que leurs bien-aimés voient à nouveau la lumière.
Il est sûr que le gouvernement israélien est, lui aussi, sous intense pression publique pour libérer Shalit, même aux risques de satisfaire les exigences du Hamas. Un peu plus tôt cette semaine, Noam Shalit, père du soldat israélien capturé Gilad Shalit a reproché à Olmert de ne pas avoir fait de véritables efforts pour libérer son fils. "Monsieur le Premier Ministre, vous avez eu deux années complètes pour négocier, pour marchander, pour vérifier les options, et même pour parler au Hamas. Avec votre incroyable nullité, vous n'avez pas réussi à travailler sur la libération de mon fils. C'est maintenant le moment de prendre une décision".
De telles pressions augmenteront forcément, en particulier après la réalisation de l'échange de prisonniers avec le Hezbollah.
Des sources palestiniennes à Gaza ont prédit qu'Israël pouvait essayer de provoquer des pressions psychologiques sur le Hamas, pour "couper court à ses demandes exagérées", en libérant un nombre symbolique de Palestiniens, comme geste de bonne volonté envers le Président de l'AP Abbas. "Ils peuvent faire pression sur des médiateurs, en particulier l'Egypte, pour obliger le Hamas à modérer ses exigences et à répondre à une démarche israélienne éventuelle de cette nature", a dit un officiel qui connaît bien l'affaire Shalit.
Le quotidien israélien Haaretz a rapporté cette semaine qu'Israël pouvait libérer davantage de prisonniers palestiniens, comme geste de bonne volonté envers Abbas. Cependant, il est peu probable que des dirigeants éminents emprisonnés, des gens comme Barghouti et Yatta, soient libérés, lors de ce geste de bonne volonté présumé.
En conséquence, il est peu probable qu'une telle démarche bénéficie de façon significative à Abbas, en particulier à cause du fait qu'Israël détient jusqu'à 12.000 prisonniers palestiniens, et que le nombre continue d'augmenter puisque l'armée israélienne d'occupation raflent chaque nuit les militants palestiniens.
Cette nuit, Abbas a affirmé que toutes les discussions entre son Autorité Palestinienne et le gouvernement Olmert n'avaient réussi à aboutir à aucune avancée tangible dans le sens de la fin de l'occupation qui a débuté en 1967. La remarque d'Abbas a été faite lors d'un discours devant le 11ème Congrès de l'Union Africaine, qui a eu lieu dans la station balnéaire de Sharm El-Sheik égyptienne, lundi.
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