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USA - 15 août 2007
Par George Bisharat
George Bisharat est professeur de droit à la Faculté de Droit d'Hastings, et il écrit fréquemment sur le droit et la politique au Moyen Orient.
Quand est-ce qu'un boycott de citoyens contre un Etat devient-il moralement justifié ?
Cette question est soulevée par un boycott universitaire, culturel et économique qui se développe contre Israel.
Le mouvement réunit des églises, des syndicats, des sociétés professionnelles et d'autres groupes basés aux Etats-Unis, au Canada, en Europe et en Afrique du Sud.
Il a entrainé des réactions dramatiques de la part des partisans d'Israël.
Les dirigeants syndicaux américains ont condamné les syndicats britanniques, représentant des millions d'ouvriers, pour leur soutien au boycott d'Israël.
Les universitaires américains ont frénétiquement récolté des signatures contre le boycott, et ont organisé une importante campagne publicitaire dans les journaux américains – plaçant inconsciemment la polémique sous les yeux du public.
Les partisans d'Israël ont protesté en disant qu'Israël n'était pas le pire contrevenant aux droits de l'homme dans le monde, et que l'accuser en particulier était de l'hypocrisie, ou même de l'anti-sémitisme.
En réthorique, cela déplace l'attention des rapports sur les droits de l'homme d'Israël aux motifs imaginés de ses critiques.
Mais "le pire d'abord" n'a jamais été la règle du qui doit-on boycotter. Si cela avait été le cas, le régime de Pol Pot, et non l'Apartheid d'Afrique du Sud, aurait été visé par le passé.
Ce ne fût pas le cas : les relations du Cambodge avec l'Occident étaient insuffisantes pour rendre tout embargo efficace. Le boycott de la Corée du Nord serait aussi futile aujourd'hui.
Est-ce que, en conséquence, toute autre quête de justice devrait être mise de côté?
En revanche, le boycott d'Afrique du Sud a fonctionné. L'opprobre dont ont souffert les Blancs d'Afrique du Sud a aidé incontestablement à les persuader de céder aux justes demandes justes de la majorité noire.
Israël, aussi, surveille assidûment son image publique. Un dense réseau de relations économiques et culturelles l'attache également à l'Occident.
Cela - et ses violations des droits de l'homme documentées de façon irréfutable- le rendre prêt pour un boycott
Quelles actions d'un Etat devraient déclencher un boycott ?
L'expulsion ou l'intimidation pour pousser dans la fuite la majorité de la population d'un pays, et ensuite en lui refusant son droit reconnu au niveau international à revenir dans leurs maisons ? Israël a fait cela.
La saisie, sans compensation, des propriétés à des centaines de milliers de réfugiés ? Israël a fait cela
La torture systématique des détenus, dont beaucoup sont retenus sans procès ? Israël a fait cela.
L'assassinat de ses adversaires, y compris ceux qui vivent dans les Territoires qu'il occupe ? Israël a fait cela.
La démolition de milliers de maisons appartenant à un groupe national, et l'installation de sa propre population sur la terre d'une autre nation ? Israël a fait cela.
Aucun pays avec un tel dossier, qu'il soit le pire ou le 50ème pire au monde, ne peut protester de façon crédible contre un boycott
L'Apartheid d'Afrique du Sud fournit un autre critère utile.
Comment le comportement d'Israël envers les Palestiniens peut-il être comparé au traitement des Noirs de l'ancienne Afrique du Sud?
Il est semblable ou pire, disent un certain nombre de Sud-Africains, dont l'archevêque Desmond Tutu, le rapporteur spécial des Nations-Unies dans les Territoires Occupés, John Dugard, et le membre du Congrès National Africain et Ministre du gouvernement, Ronnie Kasrils.
Ce dernier a récemment observé que l'Apartheid Sud-Africain n'avait jamais utilisé des avions de combat pour attaquer les activistes de l'ANC, et a jugé le contrôle violent des Palestiniens par Israël comme étant "10 fois pire".
Les doubles lois pour les colons juifs et les Palestiniens juifs, les routes et le logements séparés, et les restrictions à la libre circulation des Palestiniens rappellent fortement l'Apartheid d'Afrique du Sud.
Si le boycot de l'Apartheid d'Afrique du Sud était approprié, il est également juste de boycotter Israël sur un dossier analogue.
Israël a été choisi, mais pas comme ses partisans s'en plaignent.
Au lieu de cela, Israël a été enveloppé dans un cocon d'impunité.
Notre gouvernement a opposé son véto à 41 résolutions du Conseil de sécurité des Nations-Unies condamnant les actions israéliennes – soit la moitié de l'ensemble des vétos des États-Unis depuis la naissance des Nations Unies - permettant ainsi à Israël de continuer ses abus.
L'administration Bush a annoncé une augmentation de l'aide militaire à Israël à 30 milliards de dollars pour la prochaine décennie.
D'autres occupations militaires et transgresseurs des droits de l'homme ont affronté un traitement considérablement plus brutal.
Rappelons-nous seulement la prise de contrôle du Kowéit par l'Irak en 1990.
Peut-être que les Nations Unies auraient dû, il y a bien longtemps, remettre à Israël l'ultimatum qu'il a donné à l'Irak - et l'imposer. L'occupation par Israël des terres arabes dure maintenant depuis plus de 40 ans.
L'Iran, le Soudan et la Syrie ont tous été visés pour des sanctions fédérales et au niveau de l'Etat. Même la ville de Beverly Hills envisage des actions de retrait d'investissements d'Iran, suivant ainsi l'exemple de Los Angeles, qui a approuvé une législation de retrait d'investissements d'Iran en juin.
Pourtant la République Islamique d'Iran n'a jamais attaqué ses voisins ni a occupé leurs territoires. On le suspecte seulement d'aspirer aux mêmes armes nucléaires qu'Israël possède déjà.
Les politiciens dans le monde entier, et les Américains en particulier, nous déçoivent. Nos leaders, de la branche exécutive au Congrès, ont hésité, ou encouragé Israël, alors qu'il dévorait la terre prévue pour un Etat palestinien.
Leur irresponsabilité collective condamne les Palestiniens et les Israéliens à un futur de luttes et d'insécurité, et fragilise notre stature mondiale. Si les politiciens ne sont pas capables de montrer la voie, alors les citoyens le doivent.
C'est pourquoi le boycott d'Israël est devenu nécessaire et justifié
Source : The San Francisco Chronicle
Traduction : MG pour ISM
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George Bisharat
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