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Palestine -

Il faut agir immédiatement pour obliger Israël à respecter les droits des grévistes de la faim

Par

Ramallah-Jaffa, 20 février 2013 – Addameer, Al-Haq et Physicians for Human Rights-Israel (PHR-Israel) expriment leur profonde préoccupation pour la santé de quatre grévistes de la faim palestiniens et leur indignation devant le recours continu par Israël à la détention administrative comme pratique répandue pour punir et réprimer la dissidence palestinienne contre l'occupation israélienne.

Il faut agir immédiatement pour obliger Israël à respecter les droits des grévistes de la faim

Enorme rassemblement de soutien aujourd'hui devant la prison d'Ofer, réprimé violement par les brutes sionistes surarmées. De nombreux blessés parmi les courageux manifestants.
En violation du droit international, le service pénitentiaire israélien (IPS) a interdit les visites familiales aux grévistes de la faim, ainsi que les contacts avec les avocats d'Addameer et des médecins indépendants. A cause de l'usage par Israël de la détention administrative et du manque de processus équitable accordé aux Palestiniens dans le système juridique militaire, une grève de la faim représente le seul outil non violent à la disposition des détenus administratifs et des autres prisonniers politiques dans leur lutte pour leurs droits humains fondamentaux.

Chacun des prisonniers en question a été placé en isolement comme mesure punitive, à un moment de leur grève de la faim, et chacun a été soumis à d'autres formes de mauvais traitement et d'intimidation : coups, fouilles corporelles et de la cellule quasi quotidiennes et enchaînement au lit d'hôpital. De plus, l'IPS a confisqué tous le matériel personnel appartenant aux prisonniers.

. Lors de l'audience d'hier [19.02], Samer Issawi, qui est en danger de mort immédiate et qui pèse moins de 48 kg après une grève de la faim intermittente de plus de 200 jours, s'est vu refuser la libération sous caution par la Cour de la Magistrature de Jérusalem. Samer proteste contre sa ré-arrestation arbitraire, après sa libération dans l'échange de prisonniers du 18 octobre 2011. Recourant à l'Ordonnance militaire 1651, article 186 (1), le procureur militaire demande qu'il fasse les vingt années qui restent de sa condamnation antérieure. Samer souffre de plusieurs problèmes de santé : tension artérielle basse et arythmie cardiaque, douleurs sévères rénales et musculaires et migraines constantes.

. Tarek Qa’adan et Jafar Azzidine sont en grève de la faim depuis 86 jours pour protester contre leur détention sans inculpation ni procès. Ils n'ont pas accès aux informations qui ont servi de fondement à leur détention, ce qui les prive de toute capacité à contrer efficacement l'ordre de détention administrative. Le 12 février, Tarek et Jafar ont dit à l'avocat de PHR-Israël qu'ils ne prenaient plus ni suppléments ni vitamines, faisant craindre pour leur vie. Le médecin de la prison a informé Tarek et Jafar qu'étant donné la détérioration rapide de leur état, ils couraient le risque d'une crise cardiaque imminente à moins qu'ils ne reçoivent un traitement médical adéquat. Les deux hommes ont exprimé leur souhait d'être suivis par les médecins de PHR-Israël, demande que l'IPS a ignorée. Tarek et Jafar sont tous les deux en détention administrative, qui doit expirer le 22 février 2013.

- Ayman Sharawna est en grève de la faim depuis le 1er juillet 2012, à part une brève interruption en janvier 2013 lorsqu'il a cru que son affaire allait dans une direction positive. Il proteste contre la tentative du procureur israélien de lui faire faire les 28 ans de prison de sa condamnation initiale. Ayman a été libéré dans l'échange de prisonniers du 18 octobre 2011 mais a été ré-arrêté le 31 janvier 2012. Depuis, il est détenu sans inculpation ni procès, sur la base d'un "dossier administratif secret" qui prétend qu'il a enfreint les termes de l'accord d'échange. Ayman et son avocat n'ont pu avoir accès à ce dossier secret, ni autorisé à avoir connaissance de la nature de cette prétendue infraction au contrat.

Photo


Lors d'une audience de la Cour suprème aujourd'hui (photo ci-dessus) pour contester la légitimité de sa détention en vertu de l'ordonnance militaire 1651, article 186 (1), l'affaire d'Ayman a été renvoyée au tribunal militaire, qui la traitera à une date ultérieure. Pendant l'audience, Ayman a dit à l'avocat d'Addameer qu'il ne boit que de l'eau depuis le 16 janvier 2013. Ayman subit également des pressions constantes des services pénitentaires israéliens pour qu'il mette fin à sa grève.

La pratique largement répandue d'Israël de recours à la détention administrative constitue une infraction grave du droit humanitaire international et des droits de l'homme. Alors que la détention administrative est autorisée par le droit humanitaire international, elle ne doit être utilisée que dans des circonstances exceptionnelles car elle enfreint les droits de l'homme fondamentaux, dont le droit à un procès équitable. 178 Palestiniens sont actuellement incarcérés en vertu d'ordonnances de détention administrative, et parmi eux 5 membres démocratiquement élus du Conseil législatif palestinien. Les détenus administratifs devraient avoir droit à tout moment au recours en habeas corpus, être informés des raisons de leur détention et être autorisés à recevoir des visites familiales régulières. Cette forme d'arrestation arbitraire contrevient également aux articles 9 et 14 du Pacte international sur les droits civils et politiques.

En mars de l'année dernière, le Comité des Nations unis pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale a exhorté Israël à mettre fin à sa pratique actuelle de détention administrative, qu'il décrit comme une détention discriminatoire et arbitraire en vertu du droit humanitaire international. De même cette semaine, Catherine Ashton, haute-représentante de l'Union européenne, a demandé à Israël d'autoriser le rétablissement immédiat des droits de visite des grévistes de la faim, et de fournir les accusations officielles contre les grévistes de la faim afin de leur garantir un procès équitable sans délai. Cette semaine également, le Secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a réitéré l'appel à Israël d'inculper les détenus administratifs et de leur garantir un procès équitable, ou de les libérer sans retard.

Ces appels demandant à Israël de respecter ses obligations au regard du droit international renvoient aux innombrables autres que la communauté internationale a émis depuis des décennies. Nous craignons que, comme tous les autres avant eux, ils soient ignorés par Israël jusqu'à ce que les Etats membres de l'ONU se mettent à accompagner leur rhétorique par des actions concrètes et s'assurent qu'Israël ne peut plus violer le droit international en toute impunité.

Addameer, Al-Haq et PHR-Israël exigent que tous les prisonniers en grève de la faim soient immédiatement transférés dans des hôpitaux civils, où ils pourront recevoir les soins médicaux adéquats sans être enchaînés. L'enchaînement des prisonniers grévistes de la faim dans des hôpitaux civils est une violation de l'éthique médicale ainsi que des lignes directrices du ministère israélien de la Santé, de l'Association médicale israélienne et de l'IPS. De plus, les visites familiales, ainsi qu'un accès régulier à des soins médicaux indépendants et aux avocats doivent être pleinement rétablis.

En l'absence de tout accusation formelle contre les grévistes de la faim et les détenus administratifs en général, et gardant à l'esprit que le système judiciaire israélien n'offre pas un processus judiciaire équitable et transparent aux Palestiniens - un point qu'a réaffirmé la Mission d'enquête de l'ONU sur les colonies - Addameer, Al-Haq et PHR-Israël exigent également que les quatre prisonniers en grève de la faim et les autres détenus administratifs soient libérés sans délai.



(1) "Addameer appelle la société civile à s'unir contre l'Ordonnance militaire 1651", ISM-France, 18 février 2013.

Source : Addameer

Traduction : MR pour ISM

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