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ISM France - Archives 2001-2021

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Egypte -

En Egypte, la solidarité avec Gaza vous envoie en prison

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Magdi Hussein, le secrétaire général du Parti Travailliste égyptien, a été condamné à deux ans de prison par un tribunal militaire. Hussein, ainsi que deux autres militants, ont été inculpés d’«infiltration» dans la bande de Gaza après la récente campagne israélienne contre l'enclave côtière.
Les protestations contre son arrestation n’ont toujours aucun effet.

En Egypte, la solidarité avec Gaza vous envoie en prison


Photo Per Bjorklund : Des militants et des membres des familles se sont réunis devant le Syndicat de la presse au Caire pour exiger la libération de Philip Rizk (qui a depuis été libéré), Magdi Hussein, et d'autres détenus solidaires avec Gaza, le 10 Février 2009.

"C’est une condamnation illégitime, punitive, pour laquelle n'existe pas aucune excuse morale ou juridique", déclare Gamal Fahmi, le rédacteur en chef de l'hebdomadaire d'opposition Al-Arabi Al-Nassiri, et membre du conseil d'administration du Syndicat des journalistes égyptiens à IPS.

Hussein a été arrêté par les autorités égyptiennes, le 1er Février alors qu’il rentrait en Egypte via le passage de Rafah, le seul point de passage le long des 14 kilomètres de la frontière égyptienne avec la bande de Gaza. Hussein revenait d’une visite d'une semaine dans le territoire, encore ébranlé par l’opération militaire israélienne qui a duré du 27 Décembre au 17 Janvier.

«Les gens sont libres de voyager d'un pays à un autre», a déclaré Hussein au quotidien indépendant Al-Dustour, peu après son arrestation. "Depuis quand c’est devenu un crime de rendre visite à nos frères arabes assiégés?"

Quand il s’est rendu dans la bande de Gaza gouvernée par la faction de la résistance palestinienne, le Hamas, Hussein a pu voir la destruction semée par la récente campagne israélienne, au cours de laquelle plus de 1300 Palestiniens ont été tués, et l’infrastructure a été détruite. Hussein a visité de nombreuses mosquées et maisons bombardées ainsi que le bâtiment fortement endommagé du parlement palestinien, l'Université Islamique de Gaza et l'hôpital al-Shifa rempli de civils grièvement blessés.

Pendant qu’il était dans la bande de Gaza, Hussein a également parlé à la télévision du Hamas, Al-Aqsa, et sur la station de radio, Sout al-Aqsa. Dans ses interviews, il a critiqué la position officielle de l'Egypte au sujet du conflit, en particulier l’insistance de l'Égypte à maintenir fermé le poste frontière de Rafah aussi bien pour les personnes que pour l’aide humanitaire absolument nécessaire.

Depuis que le Hamas s’est emparé du contrôle de la bande de Gaza pendant l'été 2007, l'Égypte - comme Israël - a gardé la plupart du temps sa frontière fermée avec le territoire. Malgré le besoin de plus en plus nécessaire de nourriture, de médicaments et de carburant pour les près de 1,5 million de Gazaouis, les autorités égyptiennes ont continué à maintenir la frontière hermétiquement fermée pendant et après le conflit.

Étant donné le caractère sensible de la zone frontalière, qui a fait l'objet de fréquentes attaques israéliennes au cours des dernières semaines, l'expédition d’Hussein n'a pas été traitée à la légère par les autorités.

Le 5 Février, il a été présenté devant un tribunal militaire dans la ville d’Ismaïlia sur l’accusation d’«infiltration illicite à travers la frontière Est de l'Egypte." Le quotidien indépendant, Al-Bedeel, a indiqué le lendemain que les avocats d’Hussein n’avaient pas été autorisés à entrer dans la salle d'audience et que sa défense serait effectuée par trois avocats de l’armée nommés par l’Etat.

Dans une deuxième audience le 11 Février, Hussein a été condamné à une peine de deux ans de prison en plus d'une amende. À l'extérieur de la salle d'audience, les forces de sécurité auraient frappé des dizaines de supporters d’Hussein qui s'étaient rassemblés pour protester contre la sévérité du verdict.

Un jour plus tôt, deux autres militants – Ahmed Dumma et Ahmed Kemal Abdel-Aal – ont été condamnés à un an de prison chacun pour «infiltration» dans la bande de Gaza.

Le 12 Février, le Syndicat des journalistes a organisé une marche de protestation devant le siège du syndicat du Caire pour exprimer sa désapprobation de la sentence sévère.

"Nous rejetons fermement tout jugement de civils par des tribunaux militaires", a déclaré Mohamed Abdel Qaddous, le chef du syndicat de la commission des libertés, selon Al-Bedeel. «Le comité fera tout son possible pour assurer la libération de Magdi».

Selon Fahmi, les accusations du tribunal contre les accusés n'ont aucune base dans le droit égyptien.

«Il n'y a rien dans la loi égyptienne sur les «infiltrations illicites" de frontières", dit-il. "Des Egyptiens sont fréquemment pris alors qu’ils tentent d'immigrer illégalement en Europe, et ils sont seulement interrogés et relâchés - et ils ne sont pas condamnés à une peine de prison sur des accusations d’"infiltration"."

Fahmi a ajouté que, mis à part une petite marche de protestation et quelques déclarations enflammées, le Syndicat des journalistes n’a "rien fait du tout" pour aider Hussein, qui a été lui-même un membre du conseil d'administration du syndicat de 1999 à 2003.

"La plupart des membres du conseil d'administration du syndicat sont également des membres du Parti National Démocratique au pouvoir", a déclaré Fahmi. "Par conséquent, leurs positions reflètent généralement leur affiliation au régime plutôt que de leur fidélité au syndicat ou à leurs collègues journalistes."

Ce procès ne représente pas les premiers démêlés avec la justice d’Hussein. Par le passé, il a été arrêté à deux reprises - en 1985 et en 1991 – pour avoir organisé des protestations contre la normalisation des relations avec Israël et la première guerre des Etats-Unis contre l'Irak.

De 1987 à 1990, Hussein était un député du Parti Travailliste Socialiste à tendance islamique égyptien (PTS), fondé en 1978. En 1993, il devient rédacteur en chef du journal du parti, le quotidien Al-Shaab. Quatre ans plus tard, Hussein devient le secrétaire général du parti.

En 2000, les autorités de l'Etat ont fermé Al-Shaab – après qu’il ait organisé une série d'articles critiques à l'égard de hauts responsables du gouvernement - et ont officiellement interdit le PTS. Malgré un certain nombre de décisions ultérieures des tribunaux administratifs ultérieurs annulant la décision, le parti et Al-Shaab sont restés interdits.

Toutefois, même après l’interdiction du parti, Hussein a continué d'être une voix critique de la politique de l'Etat égyptien, en particulier lorsqu’il s’agissait du conflit entre Israël et la Palestine.

Au cours de la récente attaque d'Israël contre la bande de Gaza, Hussein a critiqué violemment l’approche de la crise du régime qui, selon lui, est favorable à Israël au détriment de la résistance palestinienne menée par le Hamas. Lors des premiers jours de l’attaque Hussein avait déclaré à IPS que «tout portait à croire» qu'il y avait eu une coordination entre l’Egypte et Israël avant l'attaque.

La femme d’Hussein, Naglaa al-Qalioubi, a déclaré à Al-Dustour que le verdict sévère représentait «un règlement de comptes» entre le gouvernement et son mari. "Cela a également à voir avec le fait que Magdi avait l’intention d’appeler à une marche pacifique (le 25 Février) pour demander la démission du (Président Hosni) Moubarak", a t-elle déclaré le 12 février.

Selon Fahmi, la dure sentence représente un avertissement aux autres sympathisants de Gaza. "C'était un message adressé aux autres pour qu’ils ne manifestent pas leur solidarité avec la population de Gaza, comme l’a fait Magdi.

L'utilisation de tribunaux militaires est autorisée dans le cadre de la loi d'urgence promulguée en Egypte il y a 28 ans,. En 2007, un amendement de la Constitution donne au président le droit supplémentaire de renvoyer des civils devant des tribunaux militaires, si l'affaire en question a une incidence sur la sécurité nationale égyptienne."

L'an dernier, 40 membres du mouvement d’opposition égyptien, les Frères Musulmans, ont été traduits devant un tribunal militaire sous l'inculpation de blanchiment d'argent et de promouvoir le terrorisme dans un procès qui a duré des mois et qui s'est terminé par des peines de prison sévères pour la plupart des accusés.

Source : http://electronicintifada.net/

Traduction : MG pour ISM

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