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Egypte - 6 août 2009
Par Adam Morrow et Khaled Moussa Al-Omrani
Article original sur IPS-News.
Le gouvernement égyptien accuse maintenant les Frères Musulmans de liens avec les groupes de la résistance palestinienne, et de créer des « réseaux mondiaux ». Les derniers mois ont vu toute une série d’accusations venant du gouvernement – dont les critiques disent qu’elles sont fabriquées – contre les groupes d’opposition dont il affirme qu’ils ont des liens avec le Hamas, le Hezbollah et le toujours introuvable Al-Qaeda.
« Le gouvernement est en train de constituer tellement d’accusations de “réseaux terroristes” et de “cellules islamistes” qu’il est difficile de toutes les suivre, » a dit à IPS Montasser al-Zayat, avocat islamique.
Abdel Moneim Abul-Fotouh (photo ci-contre), membre haut placé des Frères Musulmans et secrétaire général du Syndicat des Médecins arabes, a été arrêté le 28 juin, avec sept autres membres dirigeants des Frères. Ils sont accusés d’avoir créé une « commission pour les communications à l’étranger » jugée illégale et de « conspiration avec des organisations étrangères ».
Selon les affirmations officielles, Abdul-Fotouh aurait reçu des instructions du groupe de la résistance libanaise Hezbollah pendant l’attaque de janvier d’Israël contre la Bande de Gaza pour organiser des manifestations de rue anti-gouvernementales en Egypte et dans tout le monde arabe. On l’accuse également d’avoir été mandaté pour recruter des « cellules jihadistes » à envoyer à Gaza pour y recevoir un entraînement paramilitaire par le groupe de la résistance palestinienne Hamas.
Les porte-paroles des Frères Musulmans réfutent toutes ces accusations. Selon al-Zayat, l’affaire contre le groupe est « entièrement politique. »
« Le régime veut le soutien des Frères pour son projet, imminent selon certains, de transférer l’autorité présidentielle du Président [Hosni] Moubarak à son fils Gamal, » dit-il. « Alors il tord le bras du groupe à s’attaquant à ses échelons médian et supérieur. »
Bien qu’officiellement interdits, les Frères Musulmans représentent le mouvement d’opposition le plus important d’Egypte, avec en gros un cinquième des sièges au parlement. Le reste de l’Assemblée Nationale est tenu par le Parti National Démocratique (NPD) du Président Moubarak.
Al-Zayat dit que le fait de lier les Frères Musulmans d’Egypte aux groupes palestiniens Hamas et Hezbollah remplit deux objectifs du gouvernement.
« D’abord, cela entravera le dialogue entre l’Occident et les Frères puisque les USA et la plupart des pays de l’Union Européenne considèrent le Hamas et le Hezbollah comme des organisations terroristes plutôt que comme des groupes légitimes de résistance. Ensuite, cela dissuadera les Egyptiens de soutenir les Frères en les associant injustement au terrorisme. »
Ibrahim Mansour, rédacteur en chef du quotidien indépendant al-Dustour dit que la campagne cible spécifiquement les membres des Frères qui ont critiqué ouvertement la position de l’Egypte pendant l’attaque récente d’Israël contre la Bande de Gaza.
Tout au long des trois semaines d’attaques, de décembre 2008 à janvier de cette année, l’Egypte a maintenu sa frontière avec le territoire dirigé par le Hamas étroitement fermée, empêchant de fait la livraison de l’aide humanitaire désespérément nécessaire. Selon les critiques, la décision revenait à un soutien tacite de la guerre d’Israël contre le Hamas.
« Tous les dirigeants des Frères qui ont critiqué ouvertement la politique égyptienne de bouclage de la frontière à l’époque ont été depuis soit arrêtés, soit accusés, » dit Mansour à IPS. « Ceux qui ont été arrêtés avaient pris également une part active dans l’organisation de collectes d’aide humanitaire pour la population assiégée de Gaza pendant et après l’attaque. »
Dans une affaire étroitement liée, 26 hommes ont été traduits devant un tribunal d’exception en juillet dernier, sur l’accusation d’espionnage pour le Hezbollah et d’avoir comploté « une activité terroriste » sur le territoire égyptien. Des membres du groupe ont d’abord été arrêtés en avril, et accusés de planifier des attaques contre des destinations touristiques et des navires passant par le Canal de Suez égyptien.
A l’époque, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait reconnu avoir envoyé un seul agent en Egypte, pour une mission « logistique » d’aide à la résistance palestinienne assiégée dans la Bande de Gaza. Il a nié toutes les accusations de complot d’opérations violentes sur le sol égyptien, ou d’espionnage de l’Etat égyptien.
Mais au cours des dernières semaines, des titres ont commencé à fleurir dans la presse officielle, avec des phrases comme « cellules islamistes », « réseau de terrorisme mondial » et « liens avec Al-Qaeda ».
« Toutes ces ‘cellules islamistes’ qui seraient découvertes, avec des liens à Al-Qaeda ou autres, ne sont que des fabrications évidentes, avec peu ou aucune base réelle, » dit Mansour.
Le récent torrent de références à Al-Qaeda est « extrêmement étrange, » dit Mansour. « Pendant les années 1990, le régime a constamment répété que les groupes islamistes locaux n’avaient absolument aucun lien avec Al-Qaeda, dont la présence en Afghanistan à l’époque était bien établie, » dit-il. « Alors, pourquoi toutes ces affirmations aujourd’hui, alors qu’on n’a même pas la preuve qu’Al-Qaeda existe ? »
Source : Electronic Initifada
Traduction : MR pour ISM
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