Vallée du Jourdain - 29 juillet 2007

Fasayil : arrestations au hasard pour pousser les gens à quitter leurs terres

Par Stop The Wall

Palestinian grassroots Anti-Apartheid Wall Campaign

Un berger de Fasayil, dans la Vallée du Jourdain, a été arrêté et détenu pendant trois jours, faussement accusé de "vol d'eau". Said Muhammad J’dea Rashaidi, de Fasayul, a passé sa vie comme berger dans les collines qui entourent son village. Ce mode de répression fait partie des politiques d'occupation pour intimider les Palestiniens et les chasser de leurs terres.

Chaque jour, Said emmène ses animaux dans les collines, et il a continué à le faire même après que l'occupation ait déclaré que ces secteurs de pâturages palestiniens leur étaient interdits.

Les terres autour de Fasayil font partie des 96% de la Vallée du Jourdain qui se trouvent sous contrôle total de l'occupation. Vers midi, Said emmène le troupeau aux sources naturelles du village.

Les habitants de Fasayil ont sur eux tous les documents qui prouvent qu'ils sont propriétaires des sources, pourtant, il y a quelques mois, l'occupation leur a déclaré que les sources de Fasayil faisaient maintenant partie d'une réserve naturelle et qu'ils n'y avaient plus accès.

Ce qui veut dire priver les gens de leur seule ressource en eau, pour eux et leurs animaux, car Fazayil, comme tous les villages de la Vallée du Jourdain qui ont été placés dans la Zone "C" par Oslo et donc sous contrôle administratif total de l'occupation – n'ont pas été autorisés à construire un système d'eau et d'égout.

Les villageois n'ont pas tenu compte de toutes ses interdictions d'aller à leurs terres et à leurs ressources.

Makarot, la compagnie israélienne qui contrôle les ressources en eau dans la Vallée du Jourdain et dans de grandes parties de Cisjordanie , a creusé un puit dans le secteur qu'il utilise pour voler l'eau palestinienne.

Le 24 juillet, deux hommes de Makarot, en armes, ont arrêté Said alors qu'il faisait paître son troupeau près du puit et ont appelé la police des frontières, clamant qu'il était entré dans la zone grillagée qui l'entoure.

Deux heures après, la police est arrivée avec un expert militaire spécialisé dans l'analyse des empreintes de pas. Il a pris les empreintes des pieds de Said et les a comparées avec celles qui se trouvaient près du puits.

Les forces d'occupation se sont rapidement rendu compte que les empreintes trouvées n'étaient pas celles de Said, alors ils lui ont dit qu'ils le garderaient en prison jusqu'à ce qu'il les mène au responsable.

Ils ont emmené Said et depuis, son jeune frère – le seul à qui la famille peut se permettre de payer l'Université – a dû laisser tomber ses études pour s'occuper des moutons.

Hier, le père de Said a reçu un appel téléphonique de l'un des compagnons de cellule de Said, à la prison Ariel, la première fois que sa famille (photo ci-dessus) ait reçu des nouvelles de lui depuis son arrestation. La seule autre chose que sait le père de Said, c'est que la famille sera forcée de payer une énorme amende pour la libération de son fils.

Le cas de Said est la troisième arrestation à Fasayil depuis le début de l'année, et toutes se sont déroulées de la même façon.
Dans d'autres endroits de la vallée, comme Bardala et Ein El Beida, on vous raconte des histoires similaires.

Les familles dépossédées et appauvries de Haddidiye sont punies parce qu'elles résistent, sur leurs terres, sous le coup d'accusations mensongères et soumises à de lourdes amendes.

Les "zones militaires" en perpétuelle expansion, et autres secteurs désignés comme "interdits" aux Palestiniens, font partie d'une politique délibérée de colonisation de la Vallée du Jourdain.

Fazayil est situé à côté des colonies de Tomer et Bet Syel, qui ont été construites sur la terre du village, et les villageois sont sous menace constante de démolition de leurs maisons. L'habitat familial comme les infrastructures du village sont systématiquement ciblés.

Pour les villageois, rester à Fasayil pour défendre sa terre, sa vie et ses moyens d'existence est devenu un acte quotidien de résistance.

Source : Stop The Wall

Traduction : MR pour ISM