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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

Jabalia - du 4 janvier 18h au 5 janvier 17h

Par

Nous avons aussi appris que dans le secteur d’Al Zaytoun, avant-hier, les soldats israéliens ont raflé un groupe de personnes dans deux maisons : les femmes et les enfants dans une, les hommes dans une autre, où ils ont été enfermés pendant deux jours. Puis, ce matin, à 11h, les forces israéliennes ont bombardé les maisons. On nous dit que le nombre de morts est entre 7 et 20. Nous allons essayer d’avoir plus de détails. Ca devient très dur de supporter cette folie.

Jabalia - du 4 janvier 18h au 5 janvier 17h


Gaza le 5 janvier, file d'attente pour essayer de se procurer du pain. Une sale guerre contre une population affamée (Photo Sharon)

18h : A l’hôpital Al-Awda, géré par le Sydicat des Services de Santa. Il a normalement une capacité de 50 lits, mais a été agrandi à 75. E. et Mo ont interviewé Ala’a, le secouriste de Jabalia qui a été blessé lorsque Arafa a été tué hier.

Voilà l’histoire :

Il était environ 8h30 samedi matin à Jabaliya. 5 adolescents se sont retrouvés sous un bombardement et ont essayé de fuir. Trois ont réussi. Un autre, Thaer, 19 ans, a eu le pied explosé. Son ami Ali, 19 ans lui aussi, a tenté de le récupérer pour le mettre à l’abri, mais il a été tué d’une balle dans la tête.
Il a fallu entre 75 et 90 minutes à l’ambulance du Croissant Rouge de Jabalia pour arriver jusqu’à eux. Les médecins Arafa, 35 ans, et Ala’a, 22 ans, ont porté Tha’er jusqu’à l’ambulance, et sont revenus chercher le corps d’Ali. Alors qu’ils fermaient la porte du fourgon, ils ont été bombardés.

Ala’a dit : «Je n’ai rien senti - juste que je volais et que je retombais.» D’autres ambulances ont évacué les autres. Arafa, qui était marié et père de 5 enfants, a été grièvement blessé à la poitrine, une grande partie du poumon arrachée, il n’a survécu que 2 heures. La tête d’Ali avait explosé.

Ala’a est maintenant à l’hôpital, avec des blessures graves d’éclats d’obus sur tout le corps, en particulier à la poitrine et aux jambes. Tha’er a survécu, mais il a lui aussi plusieurs lacérations dues aux éclats d’obus au dos et sur tout le corps.

Arafa était enseignant pour l’ONU, il donnait des cours de secourisme et s’était porté volontaire en tant que secouriste après l’avoir été professionnellement auparavant.

19h : Nous nous arrangeons pour dormir à tour de rôle à l’hôpital Al-Awda. V et moi nous écroulons. E., A. et M. montent dans la première ambulance du Croissant Rouge qui part vers l’hôpital Karmel Adwan, la deuxième nouvelle base du Croissant Rouge depuis l’évacuation de leur centre. La base, c’est quelques couvertures dans un couloir, mais quelquefois, il y a du thé.

23h : E. revient dormir. V. et moi partons dans l’ambulance d’O. pour Karmel Adwan. O. a enroulé une écharpe autour de son genou, il a reçu une balle il y a quelques années et il a mal quand il fait froid. Je dis à A. et à Mo de rentrer se reposer, mais je n’arrive pas à convaincre EJ.
La nuit semble tranquille. Malheureusement, je comprends vite que c’est parce que :
a) beaucoup de gens de Jabalia se sont enfuis,
b) Israël ne laisse pas les ambulances récupérer la plupart des blessés qui demandent de l’aide.


2h du matin : nous récupérons une femme prête à accoucher. Retour à l’hôpital, je discute avec Om, infirmière qui fait du bénévolat au Centre Al-Assyria géré par le Syndicat des Services de Santé. Et aussi avec M., sur son lit d’hôpital. Il a 23 ans, il est marié depuis six mois et a fait l’erreur d’être à côté de la mosquée de Jabalia, qui a été bombardée il y a deux jours. Il récupère maintenant d’une opération à l’abdomen.

Tout le monde fait des siestes dans les ambulances. EJ et moi sommes appelés toutes les heures par la BBC pour contribuer aux bulletins d’informations, « en direct de Gaza ».


5 h : nous entendons qu’il y a eu une menace de bombardement sur l’hôpital Al-Wafa, qui, d’après ce que je comprends, est un centre pour handicapés.


7h15 : nous récupérons un homme grièvement blessé par l’explosion d’une roquette dans une maison de la rue Sikha à Jabalia. Je pensais qu’il n’avait plus que quelques minutes à vivre, mais il est toujours vivant lorsque nous arrivons à l’hôpital.


9h : nous allons chercher une femme dont la maison vient juste d’être bombardée, elle a une attaque de panique et je suis pas claire sur ses blessures. De retour à l’hôpital, des gens pleurent deux morts récents. Ce sont peut-être l’homme mourant que mon ambulance a récupéré, et un autre que j’ai vu arriver, les deux horriblement mutilés par les roquettes et la maintenant familière couleur grise.


9h30 : nous entendons que Beit Hanoun est pratiquement complètement occupé par l’armée israélienne, ainsi que la petite ville de Zahra, qui commande la route nord/sud. Le nord (nous) et le sud (F., G. et OJ à Rafah) sont peut-être maintenant coupés l’un de l’autre. Nous vérifions par téléphone, imaginant des plans pour parer à cette éventualité.


10h du matin : la sœur de Mo appelle pour lui dire que son village de Khosa est sous le bombes ; la terre agricole dans le centre, entourée de maisons. « Il n’y a rien là-bas, seulement des maisons », nous dit-il. Il dit que les chars israéliens sont maintenant dans les quartiers Attatta et Shaimah, à Beit Lahia. C’est un kilomètre à l’intérieur de la frontière, et à 2 kilomètres de nous, à Jabalia. Il dit que les invasions de chars prenaient habituellement les routes principales, mais il suppose que cette fois, ils feront comme en février : faire entrer des bulldozers et passer directement à travers les maisons.
Il nous dit qu’aujourd’hui, les téléphones palestiniens reçoivent des enregistrés de l’armée, qui disent : «Aux civils innocents : notre guerre n’est pas contre vous, mais contre le Hamas. S’ils n’arrêtent pas de tirer des roquettes, vous serez tous en danger


11h50 : Un appel pour aller près de la plage de Gaza, mais il s’avère être une erreur. Nous prenons à la place une famille avec deux petits enfants qui évacuent, assis sur le bord de la route, épuisés de porter leurs sacs. Nous sommes passés devant l’école de l’UNRWA de Beit Lahia un peu tôt, des files de familles réfugiées. Ca recommence comme à Naher El Bared.

N. attire mon attention sur une file d’attente impressionnante pour le pain, et ensuite nous découvrons qu’un jeune s’est évanoui d’épuisement dans la file ; les secouristes le soignent dans la mesure du possible.


16h : F. appelle pour dire qu’ils ont entendu dire que l’hôpital Al-Awda venait d’ être bombardé. J’appelle EJ. Elle dit qu’un bâtiment, immédiatement derrière l’hôpital, a reçu des bombes ; une personne a été blessée, l’homme qui lui a prêté sa veste la nuit dernière. Il a des éclats d’obus dans la tête et elle dit qu’il ne va pas bien. Il semble qu’A. ait filmé le bombardement.
Nous nous demandons si nous devons revenir là pour être à nouveau avec le Croissant Rouge de Jabalia plutôt qu’avec celui de Gaza ville. Mais Gaza ville a perdu 3 de ses secouristes hier.


Dernière minute :

Il y a eu deux comptes-rendus séparés sur les attaques israéliennes des tentes de funérailles. Nous essayons de confirmer les nombres de morts et de blessés pour une. La deuxième était celle des funérailles d’Arafa, hier après-midi. 5 personnes ont été blessées.

Nous avons aussi appris que dans le secteur d’Al Zaytoun, avant-hier, les soldats israéliens ont raflé un groupe de personnes dans deux maisons : les femmes et les enfants dans une, les hommes dans une autre, où ils ont été enfermés pendant deux jours. Puis, ce matin, à 11h, les forces israéliennes ont bombardé les maisons. On nous dit que le nombre de morts est entre 7 et 20. Nous allons essayer d’avoir plus de détails. Ca devient très dur de supporter cette folie.

Nous avons demandé à une personne de l’administration du Croissant Rouge de Jabalia à combien d’appels d’urgence Israël ne les laisse pas aller, dans les zones où la coordination doit être faite avec les forces d’invasion, via le Croissant Rouge, pour entrer. Il dit qu’ils n’obtiennent pas d’autorisation pour s’occuper d’environ 80% des appels venant du nord, couvrant les secteur Beit Lahia, Beit Hanoun et Jabalia.

Faut-il que je le répète : Israël empêche 80% des gens qui demandent de l’aide de la recevoir.


Blog de Sharon : « Tales to Tell - From Gaza 2008 »




Source : Palsolidarity

Traduction : MG pour ISM

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