Ramallah - 31 décembre 2003

Journal de Palestine : Ramallah

Par Enrique

Il est absolument faux qu'il y ait un sentiment de haine contre les Juifs ou les Israéliens du fait de leur appartenance ethnique. Je suis habitué à voir des Juifs de la diaspora ainsi que d'Israël travailler avec les Palestiniens bien à l'intérieur des territoires occupés sans courir aucun risque.
Le seul danger est représenté par les troupes d'occupation et par les colons, comme il a été mis en exergue par la mort de Rachel Corrie à Rafah (mars 2003) et plus récemment par le tabassage d'un rabbin israélien pour les droits humains par les colons et par la grave blessure subi par Gil, le pacifiste israélien de Masha...

Le soir, nous nous rendons à Ramallah, où il y a une manifestation contre l'occupation convoquée par l'Initiative Nationale Palestinienne.

La manifestation se déroule calmement par le centre de la ville, précédée par une formation de jeunes gens avec des tambours.

C'est une manifestation très colorée, avec quelques centaines de personnes.

Aux mots d'ordre habituels contre l'occupation et le mur, les manifestants ont ajouté des slogans contre l'initiative de Genève...

Dans la manifestation je rencontre des internationaux que j'avais déjà rencontrés lors de la visite préalable à Ramallah, entre autres Hedy, une survivante de l'holocauste, qui était aussi à Masha et qui a fondé à St Louis aux Etats-Unis le mouvement des Femmes en Noir il y a trois ans.

Un Américain déjà dans la soixantaine me raconte que sa fille avait été arrêtée à Jayous en novembre 2002 (la délégation d'observateurs civils belge se trouvait alors au village d'à côté, Fallamiah), pour s'être opposée à l'arrachage des oliviers pour la construction du mur.

Elle a été déportée malgré le fait d'être Juive, la barrière électrifiée a été posée empêchant désormais les villageois de se rendre dans leurs champs; et maintenant c'est son père qui vient en Palestine défendre les droits des Palestiniens.

J'aperçois des représentants du mouvement britannique «Juifs pour la justice pour la Palestine».

Il y a aussi les Italiens d'Ecopace, et l'eurodéputée Luisa Morgantini, qui prendra la parole ensuite à côte du Dr Mustafa Barghouti, président de l'UPMRC ainsi que de l'Initiative Nationale Palestinienne, pour exprimer sa solidarité. J'ai fait une belle photo de Luisa, avec un bébé dans ses bras, en marchant parmi les manifestants.

Non, ce n'était par pour la presse, et j'ai volé la photo. Elle va m'expliquer que c'était l'enfant d'un couple dont le marriage elle a parrainé: lui, Palestinien, elle, Israélienne juive.
Maintenant ils habitent à Ramallah, et je ne doute pas que c'est une belle histoire d'amour.

Devant le podium il y a un groupe de femmes qui scandent des cris, toutes voilées, sauf celle qui est tout au devant, une psasionaria arabe au poing fermée, et qui dirige le groupe de femmes; elle parlera aussi au podium ainsi que notre amie Evelyne, à l'appel du public.

Les Palestiniens sont vraiment heureux de voir que les gens du monde viennent leur exprimer leur solidarité, aussi les Juifs et même les Israéliens.

Il est absolument faux qu'il y ait un sentiment de haine contre les Juifs ou les Israéliens du fait de leur appartenance ethnique.

Je suis habitué à voir des Juifs de la diaspora ainsi que d'Israël travailler avec les Palestiniens bien à l'intérieur des territoires occupés sans courir aucun risque.

Le seul danger est représenté par les troupes d'occupation et par les colons, comme il a été mis en exergue par la mort de Rachel Corrie à Rafah (mars 2003) et plus récemment par le tabassage d'un rabbin israélien pour les droits humains par les colons et par la grave blessure subi par Gil, le pacifiste israélien de Masha...

La manifestation vient à terme, et les délégations étrangères sont invités par le leader palestinien Yasser Arafat.

Nous n'y assisterons pas parce que nous avons rendez-vous avec des étudiants d'al-Quds pour le révéillon, dans la vieille ville de Jérusalem, dans un restaurant arménien-araméen.

Mais là, c'est la fête. Et demain il faut se lever tôt pour aller à Naplouse, qui est en état de siège.