Gaza - 26 février 2008

Saif Abukeshek, depuis la frontière de Gaza

Par Saif Abu Keshek

Georgia Mylonaki, militante grecque, a pu appeler Saif sur son portable. Elle raconte que la voix de Saif sonne jeune, mais épuisée. Depuis le 9 février, il essaie de faire entrer des médicaments dans la Bande de Gaza. Il n'a pas encore réussi, mais il est déterminé à continuer.

Saif représente le Palestinian Youth Network – PYN (Réseau de la jeunesse palestinienne), qui a lancé cette initiative avec le groupe espagnol Paz Ahora et l'International Solidarity Movement (ISM) en Espagne. Les médicaments sont destinés aux camps de réfugiés de l'UNRWA, aux Comités de Santé et à la campagne Break the Siege.

- J'ai des papiers d'identité palestinienne, je peux entrer à Gaza pour amener les médicaments, et bien sûr je ne pourrais peut-être pas sortir, après, dit Saif.

- Es-tu prêt à courir ce risque ? Tu as un boulot, est-ce que tu ne risques pas de le perdre, si tu es absent trop longtemps ? Tu n'as pas peur de subir ce que les habitants subissent par l'occupation ?

- Non, si c'est le moyen d'arriver à faire entrer les médicaments, je suis déterminé à le faire, répond-il. Il y a des médicaments nécessaires d'urgence pour des opérations et des maladies graves, il ne s'agit pas d'antalgiques.

Les Israéliens ne laissent entrer que l'aspirine à Gaza….

Pour le moment, Saif et les autres membres de la délégation font les allers et retours entre Rafah et El-Arish, il y a près de 20 checkpoints sur le trajet, et ils essaient jour après jour de livrer les médicaments stockés dans un hangar. Les autorités égyptiennes les suivent de très près, mais ils les laissent circuler et leur disent : "On verra, peut-être demain, c'est possible…".

Pendant ce temps, les médicaments sont là, les malades de l'autre côté et le nombre de morts augmente tous les jours. Sa voix est sombre lorsqu'il décrit ça, avoir l'aide entre les mains et ne pas pouvoir la faire passer.

Il est déçu par l'indifférence des grands medias, même ceux qui sont pro-arabes.

"A l'hôpital d'El-Arish, il y a quatre malades dans une situation très critique, personne n'en parle, on n'en parlera que quand ils seront morts.

Je lui dis combien je partage sa déception et je lui demande ce que doivent faire les gens qui veulent aider.

- Dans les médias, le silence prévaut ; la seule solution, c'est que les gens se mobilisent, en particulier en Europe, pour se servir de leurs passeports privilégiés, du privilège d'être européen, pour venir en délégation ; si les gens se mobilisent, la pression sera bien plus forte.

J'essaie de terminer la conversation sur une note d'espoir, lui dire que tout le monde n'est pas indifférent :

- As-tu eu connaissance de l'action mondiale du 23 février ? Ca a été une réussite !

- Oui, j'ai suivi ça, c'est très prometteur.

- Mais ce n'est pas suffisant, Saif, je sais. J'espère que tu vas réussir à faire passer les médicaments, sans prendre le risque de sacrifier ta vie personnelle, même si tu es déterminé à le faire.

Vous pouvez joindre Saif au : +34.678.129.102

Source : Greece Palestine

Traduction : MR pour ISM